Chapitre 20 : Un cavalier pour la demoiselle ?

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SAYORA

Le repos me fit un bien fou. Reprenant mes petites habitudes, je descendis les escaliers me présentant au bar de la taverne. J'avais bien fait comme mon amie m'avait dit, de cacher mes cheveux sous un voile. La taverne était déserte à l'exception de quelques alcooliques notoires. Tessa m'apporta une assiette fumante de porridge. Elle me regardait ses yeux pétillant d'excitation. Son mari me fit signe de la cuisine que je lui rendis avec un grand sourire. Avant que je ne puisse jeter mon dévolu sur mon assiette, elle m'accompagna à une table à l'écart pour que nous puissions discuter tranquillement.

- Je sais que tu ne peux rien dire, mais sache que je serais toujours là pour toi... commença-t-elle.

- Ce n'est pas que je ne le peux pas, c'est surtout qu'il ne le faudrait pas, soufflai-je abattue. Tu as été si bonne pour moi, je ne voudrais pas que mes choix t'apportent malheur par ma faute.

- Alors laisse-moi te dire uniquement les rumeurs et les blablas qui passent au Run. Je sais que tu es partie pour combattre une noble cause, mais je ne tiens pas à que tu t'absentes sans revenir me voir parce que tu veux me protéger.

Elle me prit les mains, réconfortante comme une mère. Son regard était doux. Comment pouvais-je refuser son aide ? J'acquiesçais et elle reprit tout sourire.

- J'ai entendu de la bouche des blanchisseuses royales que tous les intendants avaient pour ambition de trouver une reine pour sa Majesté, dit-elle d'une voix enjouée.

- A croire qu'il a déjà oublié sa rousse, fis-je amère avec un pincement au cœur.

- Voyons mon enfant, ce n'est que politique ! Il se déroulera dans trois jours et toutes les princesses des royaumes voisins sont invitées.

- Oui quoi de mieux qu'une princesse pour un roi, ironisai-je.

- Veux-tu savoir où se trouve le Démon noir ? Elle se faisait malicieuse.

- Là, tu m'intéresses !

Elle se pencha à mon oreille pour me glisser tout ce qu'elle savait sans omettre un seul détail.

***

La nuit était tombée et le port était incroyablement silencieux. Celui-ci était éloigné de la grande ville et était surplombé dans son dos des grands remparts de la citadelle d'Orine. Les bateaux des voyageurs et des marchands étaient d'un contraste saisissant. N'ayant jamais vu la mer, l'odeur de l'eau salée fut juste merveilleux. Voir l'horizon à perte de vue était aussi quelque chose de fabuleux. Sur mon passage, les marins se bousculaient portant des grands tonneaux de poissons et diverses marchandises sur leurs épaules. J'eus même l'occasion de voir une des princesses qui assisteraient au bal.

Au fond de moi, je me demandais vraiment s'il avait réussi à m'oublier pour autoriser une telle cérémonie. Mais je chassais ces pensées d'un revers de la main pour continuer à longer le port. Plus on s'éloignait plus le ponton et les bateaux dépérissaient. La brume commençait à recouvrir la berge. Mes pas faisaient craquer le bois sous mes pieds. Le roulis de l'eau n'avait rien d'apaisant. Derrière moi, j'entendis des bruits d'ailes puis de léger pas. Fearas vint à mes côtés.

- Je suis désolé de t'avoir laissé tomber.

- Je n'ai rien de cassé, c'est ça l'essentiel.

Les environs étaient déserts. A vrai dire, la grande cabane de pêcheurs que je voyais non loin de là était une cachette idéale. J'invitais l'ange à me suivre et à accélérer l'allure. De plus près, la bâtisse avait subi les dégâts du temps. L'humidité avait recouvert son toit de mousse verdâtre, des trous étaient disséminés par-ci par-là. Les fenêtres avaient été recouvertes de draps crasseux. A vrai dire, il n'y avait rien d'accueillant mais n'étais-ce pas là le principe d'une bonne cachette ? J'ouvris la porte pour trouver ... absolument rien. Un rat traversa la pièce ignorant royalement notre pressence. Intérieurement, je me disais que les rumeurs qu'avaient entendues Tessa n'étaient vraiment que des rumeurs.

Glory & Fire [ RÉÉCRITURE ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant