Je voulais jeter mon arme par terre, mais je m'en suis retenu. Malgré les circonstances, je n'avais pas le droit de prendre ce risque. Alors je me suis laissé tomber au sol au moment où la cage se mettait à descendre, nous donnant cette sensation de décrochage caractéristique. J'étais hagard, déconnecté.
Sans un regard, j'ai tendu le talkie à Max quand il me l'a demandé. Le ton enjoué de Johan alors qu'il apprenait que nous arrivions ne m'a même pas choqué.
Je ne pleurais pas. Peut-être parce que je n'y pensais pas au moment où je me trouvais trop occupé à me repasser le film dans la tête. Pourquoi avait-il agi de la sorte ? Je ne comprenais pas. Nous aurions pu nous en sortir, j'en étais certain. Mon esprit créait de nombreuses versions alternatives à ce qu'il venait de se passer, malheureusement aucune d'elles ne s'inscrirait jamais dans la réalité. J'aurais pu tirer, le zombie serait tombé et nous aurions eu le temps de rejoindre les autres. Ah non, c'est vrai, l'unique munition que j'avais trouvée ne fonctionnait pas ! Mais il aurait réagi et nous serions partis. Il avait voulu me protéger, je le savais. C'est pourquoi il m'a renvoyé avant que je ne dégaine. Mais même dans ce contexte il aurait pu tirer avec son arme, plutôt que d'utiliser la machette. Cette machette qu'il m'avait demandée seulement quelques instants plus tôt. Je n'aurais jamais dû la lui donner. Ainsi elle ne se serait pas coincée et il serait encore en vie. Il avait agi en héros, s'était sacrifié pour nous. Mais je n'arrivais pas à l'en remercier. Non, pour l'instant, je lui en voulais. Il m'avait abandonné, alors qu'il pourrait être avec moi dans cet ascenseur. Avec nous, prêt à lutter pour survivre. Je l'imaginais à mes côtés, levant sa main devant moi en attendant que je frappe dessus en signe de réussite. Plus jamais je ne n'échangerais de tels gestes avec lui, ni rien d'autre que des mots qui resteraient sans réponse. Maintenant, je pleurais.
Tom m'a tendu sa main en me disant :
— On va bientôt arriver au cinquième. J'ai besoin de toi pour la suite. Il faut qu'on reste en vie, pour qu'il ne soit pas mort pour rien. On pleurera quand on sera en sécurité.
Ces mots ne valaient pas que pour moi, car je n'étais pas le seul à pleurer. Je m'en suis rendu compte en me relevant. Le silence régnait, les visages étaient défaits. À travers mes larmes, j'ai regardé l'écran digital sur lequel apparaissaient les chiffres rouges indiquant les niveaux. Plus qu'un déjà. J'ai vu le béton qui défilait derrière une fente vitrée sur le côté ralentir avant de s'arrêter. Je rangeai mon pistolet dans l'holster à ma ceinture.
Putain de balle, même pas capable d'abréger les souffrances de mon ami !, ai-je alors pensé avec un étrange détachement, caractéristique d'un traumatisme émotionnel. Puis j'ai levé la tête, ainsi que ma barre, vers le nouvel univers qui nous attendait. La porte s'est ouverte.
Le nouveau couloir devant nous me paraissait semblable aux précédents en termes de style. Ce que ce lieu était pauvre en décorations ! Il n'y avait même pas besoin de le remplir de zombies pour me dissuader de vouloir y passer une minute de plus que nécessaire. Comment des gens arrivaient à bosser là-dedans ? Ça me dépassait. Évidemment, sans même penser à ce qu'il venait de se passer, mon profond dégoût pour cet endroit se voyait largement renforcé par l'absence de cette lumière dont j'avais rêvé, ainsi que par les vestiges divers du saccage qui jonchaient le sol. Nous étions décidément les visiteurs non consentants d'un paysage apocalyptique.
J'ai tout de suite repéré la porte dont nous avait parlé Johan. Heureusement pour nous, elle n'était pas loin. À peine cinq mètres plus loin, sur notre gauche. Le problème n'était donc pas la distance qui nous séparait de l'objectif. Non, le problème venait du fait qu'en face de nous, trois silhouettes déambulaient plus près de la porte que nous ne l'étions.
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ACCROCHE-TOI À MOI
Mystery / ThrillerDavid, dix-neuf ans, ne désire qu'une seule chose : être aimé d'elle. Mais les doutes l'assaillent, le courage lui manque. Léa, cette douce et jeune fille qu'il trouve si belle lui semble être monstrueusement terrifiante. Eh quoi ? Est-ce un crime q...