Chapitre 42 : Kayser

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L'odeur de cuir envahit mes narines et je me sentis à la maison.

Je tenais à oublier, au plus vite, ce désastreux week-end. Je déposais ma belle sur notre lit et la regardais dormir, enfin, paisiblement. Une pensée me vint, je serais rentré seul, sans elle s'il avait tiré quelques centimètres sur la droite. L'angoisse de cette image me fit suer. Avait-il fait exprès de la louper ?

J'avais besoin d'en parler, d'exorciser mes pensées. J'appelais alors Rider et lui expliquer comment c'était passé ces deux derniers jours. Il resta silencieux lorsque je finis de lui raconter.

- Bordel, s'exclama-t-il, cette petite femme est une véritable casse-cou. Elle est folle ou seulement, inconsciente. Elle va bien ? Et toi ?

- Elle va très bien. Elle semble même avoir déjà tout oublié. Ce n'est pas mon cas. Je n'arrive pas à passer à autre chose. J'ai ses images de ce flic la brutalisant et lui tirant dessus. Cela tourne en boucle dans mon crâne en me donnant des envies de meurtre.

- C'est tout à fait normal, Kay. Il faut peut-être que tu lui parles à elle. Que tu lui dises tout ce que tu as sur le cœur.

- Je sais pas. Je ne veux pas la perturber plus que ça. Ce n'est pas son problème mais le mien.

- C'est là, que tu te trompes, mon frère, ce sont vos problèmes à tous les deux.

Je ne répondis pas car je savais qu'il avait raison mais pas prêt à l'accepter quoiqu'elle m'ait demander, elle aussi, de m'exprimer. Je raccrochais quelques conneries proférées par mon ami, plus tard. Cet abruti avait réussi à me redonné le sourire et me faire penser à autres choses.

Je m'allongeais près d'elle, les yeux sur ses lèvres entrouvertes laissant passant son souffle chaud sur mon visage. Je l'enlaçais étroitement en la respirant dans sa nuque. Le palpitant calme, de la sentir contre moi, je m'endormis en moins de temps pour le dire.

Nous avions passé toute la journée du lundi, au lit. Nous avions besoin de nous retrouver et nous reposer. C'est ainsi que nous avions dormi, fait l'amour, dormis et refait l'amour puis je me suis enfin décidé à parler. Je lui ai exposé mon point de vue, mes sentiments et ce qui me hantait.

Elle s'était montré compréhensive. Elle avait même versé des larmes de culpabilités. Elle m'avait laisser me décharger de ce poids et même si je savais que cela ne réglerais pas tout en un instant mais partager ce qui me pesait avec elle m'avait permis d'y voir plus clair, de bien faire intégrer à mon cerveau persécuté, qu'elle était bel et bien là, avec moi, qu'elle n'allait pas disparaître. Ainsi nous pouvions commencer une nouvelle semaine de travail en présence d'une Mina, plus sereine, moins stresser.

- Bonjour, bande de tarés, cria Rider à son entrer dans le salon.

Mina éclata de rire et je la suivis la seconde d'après. En ce rire, nous nous permîmes d'avancer. La tension s'évapora dans les airs au rythme de nos rires qui se répercuter sur les murs noirs et gris de la grande salle. Nous en avions eu besoin et qui de mieux que Rider pour nous y faire parvenir.

- Salut l'abruti, salua-t-elle en retour avant de prendre le chemin de sa salle de travail ayant un client qui n'allait pas tarder pour un piercing auquel j'allais certainement assister.

- Eh ! Tu prends trop la confiance, petite femme, cria-t-il en retour ce qui la fit, de nouveau, éclater de rire.

- Elle a l'air en grande forme, affirma-t-il en me zieutant, toi aussi, d'ailleurs.

- Ça va mieux, oui.

- Tant mieux, mon pote, dit-il en me donnant une tape virile dans le dos.

- Au fait, vous allez devoir vous débrouiller pour votre déjeuner parce que je mange avec mama, à midi.

- Ok, répondons-nous en même temps.

Alors que je finissais la préparation de mon propre poste, le client de Mina arriva.

- salut, j'ai rendez-vous avec Mina.

Les yeux de ce type étaient un peu trop brillants pour être innocent. Il n'était pas là que pour le piercing. Je savais que j'allais devoir affronter ça quotidiennement mais je n'étais pas obligé de l'accepter.

- Suis-moi, je t'y conduis.

Devant la porte entrouverte, je m'arrêtai.

- Au fait, il faudra que je reste pour l'assister. J'espère que ça te dérange pas, mentis-je.

À son expression, cela l'ennuyait franchement mais n'en dit rien car il était connu ici, que Mina était à moi.

- Bien sûr que non, marmonna-t-il.

- Mina, ton client est là. Je vais rester pour t'aider, dis-je en insistant lourdement sur la dernière phrase, ce qui lui vaut un sourire en coin moqueur.

- Oui, je vais avoir besoin de toi, ricana-t-elle sarcastiquement. Enlève ton pantalon et ton caleçon et installes-toi.

Elle revint équiper de gant afin de le manipuler de façon sécurisée et j'essayais de ne pas craquer en exigeant de tout stopper. Une fois, toutes les précautions prise, elle enleva sa paire de gants, se lava les mains au gel antibactérien puis remit une nouvelle paire de gants en les manipulant au minimum en surface puis sortie l'aiguille de son emballage aseptisé et le plaça à l'endroit choisi sur le gland du type. Le moment de ma petite vengeance personnelle arriva. Le mec ne semblait plus aussi à l'aise et je jubilais. Elle lui demanda de respirer profondément et planta l'aiguille rapidement. Il ne put contenir un cri de douleur qui s'éteignait aussitôt. Elle plaça le piercing en retirant l'aiguille puis désinfecta la plaie.

- Ça va ?

- Oui, couina-t-il.

- Bien. Tu vas devoir désinfecter la plaie. Nettoies-toi bien mes mains avant de toucher à quoi que ce soit. Avec de l'eau tiède, voire chaude, nettoie la plaie au coton-tige puis il te faudra un produit antibactérien spécial pour ce genre de région. Deux fois par jour, matin et soir, pendant trois semaines, ok ?

- d'accord.

- Oh et pas de relations sexuelles pendant minimum un mois, grimaça-t-elle.

Il souffla de dépit mais acquiesça.

- Bien. Tu as des questions ?

- Non.

- Allons-y alors.

Je retournais à mon poste en les zieutant. Mina était une très belle femme et il me faudrait me faire à l'idée qu'elle serait convoiter dans un monde comme le nôtre mais l'homme des cavernes en moi ne pouvait le comprendre.

Elle retourna à ses occupations habituelles quand Sylvia débarqua tout sourire.

- On va manger, hija ?

- Oui, j'arrive tout de suite.

Elle vint à mon encontre, m'embrassa langoureusement et claqua un baiser sur la joue de Rider puis elles partirent, bras dessus, bras dessous en riant.

Après les jours précédents, elle rayonnait. J'espérais qu'à partir de ce jour, seul de bonne chose, nous arrivait. J'étais prêt à tout pour cela. Je voulais cette image que je ne combattais pas, de Mina en robe blanche, de Mina arbhorrant un ventre proéminent de notre enfant, de cette petite fille riant aux éclats avec ses longs cheveux noirs et ce fils montant aux arbres sans peur. Oui, je voulais cela et lorsque mon regard se porta sur la femme de ma vie, je me disais qu'il fallait que je commence par le commencement. Une bague. Un mariage. Un amour éternel.

Emotions locked upOù les histoires vivent. Découvrez maintenant