Chapitre 7

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Célia




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Les rues étaient remplies de personnes qui se pressaient pour je ne sais quelles raisons encore aujourd'hui. La cohue du dernier jour de la fashion Week. Ah c'est vrai.

Me faisant maquiller et m'apprêtant pour un défilé prévu dans quelques heures, je regardais la pluie s'abattre sur Paris. Je ne pouvais m'empêcher de me sentir coupable du déluge qui s'abattait en ce moment sur l'ile de France, tout portait à croire que la météo s'accorder à mon humeur maussade.

Ça m'arrivait souvent d'être heureuse, mais dernièrement ça n'était pas le cas et pourtant j'en avait tout pour.

-frange ou raie ? ou bien on change tout ça et on t'ajoute des extensions ? ou bien tu sais quoi ? pourquoi pas faire quelque chose d'un peu moins chargé ? attends laisse-moi voire le vêtement.

Mon coiffeur s'égayait à traficoter je ne sais quoi sur ma tête et je ne pus qu'acquiescer sans vraiment y prêter attention. Je ne pouvais m'empêcher de repenser à notre échange de la veille avec M. Kortajarenokowvski et je devais admettre que je ne voulais absolument pas faire la course qu'il m'avait demandé de faire. Me regardant devant le miroir, je ne pus m'empêcher de penser que je n'étais pas assez attrayante et me comparait avec une femme dont je n'avais même jamais vu le visage. Elle devait être extraordinaire pour pouvoir rendre M. Tchékhov fou. Face à elle, je devais surement faire pale figure

Je comptai presque le nombre de goutte qui s'abattaient sur la ville. Never Meant to belong ne m'aidait pas vraiment à sortir de mon atonie. Plus petite déjà j'étais devenu une habituée des crises d'anxiété et de dépression. Juste avant d'entré dans le monde de la mode, j'avais sombré dans une grave léthargie qui m'avait valu plusieurs mois d'hospitalisation. J'étais devenu l'ombre de moi-même depuis le brusque départ de mon père. Même après toute ces années, je ne m'étais pas faite à l'idée qu'il puisse être partie aussi brutalement. Je ne m'y faisais toujours pas pour être honnête. Ce n'était qu'après ma sortie d'hôpital qu'Henry me scootait près d'un distributeur de bonbon. C'était une assez étrange histoire car je me demandais bien ce qu'il voyait en moi quand les personnes autour de moi ne voyaient rien d'autres qu'un fardeau. Je n'étais surement pas devenue la plus heureuse, mais j'étais bien mieux et bien loin de la personne que j'étais des années plus tôt. Et j'étais fière de moi pour ça.

Ma foi, c'est ce que je dis, mais depuis la venue de cet homme dans mes pensées, mes troubles me ressurgirent à la face. L'impression de ne pas être assez et à la hauteur me broyait les os. Je devais de nouveau tripler d'efforts pour pouvoir avoir un minimum de reconnaissance et cette mentalité était tuante. Mon corps ne répondait presque plus, j'étais largement en sous poids et je ne tenais plus.

Non loin de nous, à travers les fenêtres françaises, la troupe se mit à épier un couple qui s'embrassait sous le déluge en couinant. Moi, ça me donnait envie de rire. Toute cette mascarade pour ne pas terminer ensemble. Qu'ils étaient pitoyables.

-S'il te plait, passe-moi un peu mon téléphone. Je fis à l'intention de ma maquilleuse et je vis deux appels manqués de Mathew que je rappelais de suite.

- M. Chetverkov.

-c'est quoi avec les formalités ? fait-il en changeant l'appel en vidéo.

Je souris

-Désolée pour les appels manqués. Je ne sais pas où j'avais la tête

-entre de bonnes mains. Blague-t-il. Tu te fais belle. Ne serais-tu pas en train de te préparer pour la Christian Louboutin cocktail party ?

Tsarstvo- KingdomOù les histoires vivent. Découvrez maintenant