Dead Hearts

France (3)

Le retour à la cour français est un soulagement. C'est un retour à la maison et Romain tient à organiser une fête pour son retour. Un gala. Devant tant d'attention, il n'arrive pas à refuser, vraiment. De plus, c'est un événement qui ne concerne que les gens de leur pays, pour une fois.

Le voilà, apprêté, près d'une table, déjà ennuyé. Il attente en vérité que son dirigeant revienne lui parler, il est temps d'avoir une conversation sérieuse. Il grimace, se saisit d'un verre. La senteur n'est pas la meilleure, il a connu plus bons alcools en tout cas. En général les boissons n'étaient pas aussi mauvaises ici. Il la repose aussi vite qu'il l'a prise, l'envie coupée.

— Comme je le pensais, tu n'aimes pas ce genre de fête.

— Tu as eu des années pour t'en rendre compte je crois.

— Vrai, mais je n'ai pu m'empêcher d'en lancer une en ton honneur.

Le plus âgé rit doucement en se saisissant d'une coupe remplie de vin. En fait, la coupe que lui-même tenait il y a quelques moments. Il s'arrête un instant, se souvenant de l'odeur âpre qui s'en dégageait.

— Non !

Il balaie le verre d'un geste brusque, empêchant un drame de se produire.

— Du poison.

Romain acquiesce immédiatement, comprenant de quoi il s'en redoute, sans même avoir besoin de davantage de détails.

— La taupe ?

— Probablement. Je suis presque sûr que c'est le poison qui était présent à la cour du Roi des Pays-Bas.

— Inquiétant ...

Esteban arrive à son tour vers eux, à grande vitesse, l'air très inquiet.

— Este, tu ne devais pas rester auprès de Lance ?

— J'étais inquiet. Certaines choses ... n'allaient pas. Lance m'a autorisé à revenir. Cette histoire de trahison me pèse.

L'arrivant est l'un des seuls nobles français, proche du trône, qui ai jamais abandonné son statut pour aller servir un roi étranger; il est cependant encore affilié à eux.

— Le poison ... est-ce qu'on a déjà attenté à ta vie ces derniers temps, Pierre ?

— Je ...

La sensation d'avoir quelqu'un dans sa chambre une nuit aux Pays-Bas, le carrosse qui a déraillé un instant sur la route du retour, l'attaque de bandits pendant sa venue en Italie et maintenant le poison. Ce n'était plus une coïncidence c'est ça?

— Oui. Au moins trois fois. Par des détails.

— Et si ils voulaient finir ce qu'ils avaient commencé ? Se débarrasser du dernier Gasly encore vivant ? Tu y as pensé ?

— Je ne voulais pas y penser mais tu as probablement raison.

Ça explique en tout cas que ce soit des offensives à son encontre, et pas à celle de Romain. Ils veulent le voir disparaître lui, pas le dirigeant. Cela le soulage un peu en quelque sorte.

— C'est préoccupant. Une purge de notre entourage peut prendre du temps. Il va nous falloir interroger les brigands aussi, peut-être des serviteurs.

— Je ne crois pas que tu aies le temps pour ça, majesté.

— Ne sois pas si formel, Pierre.

— Mais Pierre dit vrai. Avec ce qui se passe déjà ici, le peuple à bout de nerfs, il y a des choses plus importantes à régler.

— Alors on fait quoi ? On attend que Pierre meure et tout ira mieux ?