Chapitre 1

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En ce mois de janvier, la pluie tombait, le tonnerre grondait et les éclairs frappaient la ville plongée dans l'obscurité. Les rues semblaient désertes ; seules quelques voitures circulaient dans le centre-ville. Dans un café situé à quelques ruelles du boulevard principal, certaines personnes s'étaient abritées dans l'espoir d'échapper à la pluie.

Parmi elles, une grande et mince femme blonde commandait un thé au jasmin. Assise près de l'entrée de l'établissement, elle regardait de ses yeux marron-noisettes les gouttelettes de pluie s'écraser puis glisser le long des vitres. Elle s'appelait Natacha et enseignait la littérature à l'école privée bordant les plages.

Profitant de ce dernier jour de weekend, elle sortait un livre de son sac à main lorsque les portes du café s'ouvrirent sur une jeune adulte. Natacha s'attarda sur son allure ; elle était vêtue d'une manière simple, de tennis noires et d'un jean gris troué aux genoux accompagné d'un sweat-shirt beige. Natacha se questionna intérieurement au sujet de l'admiration que portent les jeunes aux vêtements troués ! Ses cheveux bruns paraissaient ruisselants sous le bonnet noir qu'elle portait. Malgré le temps démoralisant qu'il faisait, un immense et charmant sourire arborait son visage. Ce qui attira plus particulièrement le regard de Natacha était la présence d'une planche de skateboard dans sa main gauche, ainsi qu'un sac-à-dos reposant sur son épaule droite, duquel dépassait la lanière d'un appareil photo. Ainsi les passe-temps des jeunes d'aujourd'hui ne se résumaient peut-être pas seulement aux réseaux sociaux ou encore aux soirées dévergondées.

Adressant une aimable salutation à son observatrice, elle s'avança jusqu'au comptoir afin de commander une boisson à emporter. Le serveur écrivit son prénom sur le gobelet, et c'est ainsi que la jeune professeure apprit son nom. Léna venait d'emménager, suite au départ professionnel de ses parents, dans un charmant appartement qu'elle occupait seule. Son dossier scolaire avait précédemment été transféré afin de pouvoir reprendre son cursus dans une école privée, où ses cours reprendraient le lendemain.

Lorsque Léna se dirigeait vers la sortie du café, la pluie s'accentua davantage. Cet imprévu la contraint à patienter à une table, non loin de celle de Natacha. 

La pluie avait cessé de tomber lorsque Natacha décida de rentrer chez elle. En rassemblant ses affaires, elle fit tomber un carnet de son sac sans s'en apercevoir. Léna s'en aperçut, saisit le livre avant de s'enfoncer à l'extérieur du café.

Natacha saisit délicatement l'objet oublié sous le regard attentif de la jeune adulte. Elle la salua d'un large sourire avant de s'engouffrer dans sa voiture garée tout près. Léna observa le SUV blanc s'éloigner avant de tourner à droite dans une ruelle.

Troublée par cette rencontre, Léna décida de regagner à pied son domicile situé à quelques rues de l'endroit où elle se trouvait. Elle habitait un appartement du deuxième étage dans une petite résidence près du bord de mer. Ses parents louaient cet appartement à une vieille et chaleureuse dame. Leurs travails les avaient obligés à quitter la Côte d'Azur pour rejoindre le nord-est de la France. Sa mère exerçait le métier de journaliste, tandis que son père, caméra-man, l'accompagnait lors de reportage et de déplacements. Léna tenait sa passion pour la photographie de son père et celle de la littérature de sa mère. Dès que l'occasion le lui permettait, elle se rendait dans les plus beaux endroits qu'elle découvrait pour y prendre quelques clichés et se ressourcer devant un livre que lui conseillaient ses proches.

L'appartement disposait de trois pièces ; la porte d'entrée donnait sur une cuisine ouverte sur le salon et la salle à manger réunis en une seule pièce ; un bureau prenait place au fond du couloir à gauche, et la chambre à coucher à droite où se trouvait également la salle de bain. La décoration restait sobre, quelques tableaux décoraient les murs de la salle à manger, des cadres de photos de famille sur ceux du bureau et des posters dans la chambre de Léna. Comme il était encore tôt pour dîner, elle décida de se balader sur le bord de mer, troquant sa planche de skate et son sweat-shirt contre des vêtements secs. Sur son lit dormait un labrador retriever, un chien d'une trentaine de kilos. Charlie, puisque c'était son nom, se leva et couvrit Léna de léchouilles. Sa maîtresse se munit de sa laisse avant de l'attacher. Quand elle se trouva le long des plages, en compagnie de son chien, une légère brise soufflait et la pluie avait cessé de tomber. La mer Méditerranée lui manquait ; l'océan Atlantique semblait froid, profond et impersonnel ; cependant le temps humide et pluvieux lui plaisait, rappelant une atmosphère nostalgique et mélancolique.

Au bord de l'eau, lançant une balle de tennis à Charlie, elle repensait à sa dernière école. Avait-elle fait le bon choix de partir ? Pour être honnête, elle n'avait pas vraiment eu la chance de décider. Ses amies, ses conquêtes et sa vie d'avant lui manquaient. Mais elle ne regrettait pas d'avoir l'occasion de pouvoir recommencer une petite partie de sa vie, de changer ses habitudes et de rencontrer de nouvelles personnes. Une sorte de routine s'était installée précédemment, chose dont elle avait horreur. Alors qu'elle s'apprêtait à rentrer, son téléphone vibra dans la poche arrière de son jeans. L'écran affichait le nom de Zoé, accompagnée d'une photo de contact. Cette belle blonde faisait partie de ses conquêtes mais était finalement devenue l'une de ses plus proches amies. Pourtant, Léna rejeta l'appel et se promit de la recontacter très rapidement, avant d'attacher son compagnon pour rentrer chez elle. Elle était fatiguée, la rentrée et les jours suivants allait sûrement être éprouvants.  

Pour un flirt avec toiWhere stories live. Discover now