Pour un flirt avec toi

Chapitre 3 - Partie 2/2

Soudain, la bouteille désigna Léna. 

Maxime lui donna le défi de chanter une musique des années quatre-vingt-dix avec de l'eau dans la bouche. Elle releva le défi et fredonna Boulevard of broken Dreams de Green Day. Elle se stoppa au deuxième refrain, manquant de s'étouffer avec l'eau. 

Ce fut son tour de lancer la bouteille qui choisit sa voisine de droite, Hannah. Manque d'imagination ou désir soudain, Léna, face à Hannah, s'entendit murmurer Embrasse-moi. Hannah regardait le visage de Léna, ses lèvres, son visage, puis ses lèvres, s'assurant d'avoir bien compris. Elle posa ses lèvres sur les siennes avant de l'embrasser timidement. Les garçons sifflèrent tandis que les filles applaudirent. Hannah recula et reprit sa place craintivement. Quant à Léna, un sourire niais naissait sur son visage pendant que ses dents mordillaient sa lèvre inférieure. La partie recommença et les deux voisines se firent discrètes jusqu'à la fin du jeu.

Quelques groupes d'invités rentrèrent après avoir salué Ethan, tandis que d'autres, alcoolisés, installèrent des matelas et des oreillers dans le salon afin de passer la nuit ici, comme leur avait suggéré l'hôte. Thomas proposa une match de bière-pong sur la terrasse. Léna et Hannah se jetèrent quelques regards furtifs puis décidèrent de faire équipe contre Maxime et Thomas. 

Benjamin s'occupait de la mise en place du jeu américain. Il disposa six gobelets en plastique rouge, sous forme de triangle, de chaque côté de la table. Les équipes prirent place et Benjamin énonça les règles : quand une balle tombait dans un gobelet, l'équipe en défense devait consommer la bière contenue dans celui-ci. Le jeu se gagnait par l'élimination de tous les gobelets de l'équipe adverse avant que ses propres gobelets furent éliminés. L'équipe perdante devait ensuite consommer la bière restante dans les gobelets de l'équipe gagnante. Cependant, si l'équipe adverse venait à toucher le dernier gobelet, l'autre équipe perdait, sauf si cette dernière demande une rédemption ou sauvetage, ce qui consistait à rentrer la balle dans le ou les gobelet(s) restant(s). 

Aurélie remplit un verre d'eau dans le but de nettoyer la balle entre les lancers. La balle revint aux filles, les garçons leurs firent honneur. Hannah lança la première qui atterrit dans le gobelet en amont. Léna fit de même avec un gobelet extérieur droit. Quant aux garçons, ils lancèrent maladroitement, mais seul Thomas parvint à atteindre un gobelet. Les filles menaient l'avantage. Hannah opta pour une balla rapide qui gagna le verre de milieu gauche. Léna lui sourit et frappa dans sa main tendue. Elle rinça la balle dans le gobelet d'eau et d'un tir arqué manqua sa cible. Elle s'excusa auprès de sa coéquipière tandis que l'équipe adverse reprenait confiance. Les tours passaient, les verres se vidaient, ils ne restaient que deux gobelets du côté des garçons et trois du côté des filles. Léna débuta par un tir rebondit, suivie de celui d'Hannah qui leur fit remporter la partie. Alors, Thomas demanda la rédemption. Toute la pression reposait sur ses épaules, il devait viser les trois verres restant sans faute pour vaincre l'équipe adverse. La balle gagna le premier gobelet, puis le deuxième, mais suite à un mauvais rebond, elle quitta la table. 

Hannah, d'un cri de joie, sauta dans les bras de Léna. Elle noua ses jambes autour de son bassin et ses bras autour de son cou. En arrière-plan, les garçons commençaient à boire les trois verres. Léna la serra plus fort dans ses bras, et sous le coup de l'émotion, l'embrassa. Hannah recula brusquement, observa les invités et, d'un sourire gêné, quitta la maison pour se réfugier dans le jardin. Tous les regards se braquèrent sur Léna.

Elle sortit paniquée du salon et la chercha dans le jardin. Il faisait sombre, Léna distinguait de hauts arbres dépouillés de leurs feuilles et de leurs fleurs. Un chemin de pierres, menant à un abri de jardin, était bordé par une végétation hivernale, essentiellement d'arbustes et de conifères. Des lampadaires solaires éclairaient les extrémités de l'espace extérieur mais lui permirent de distinguer une silhouette à quelques mètres. Elle l'aperçut, adossée au muret, une cigarette à la main. Quand Hannah se rendit compte de sa présence, elle se mit à rire dans un sanglot.

« - J'ai même pas de briquet... 

Elle replaça sa cigarette entre ses lèvres puis regarda de nouveau ses bottes en tripotant ses bracelets au poignet gauche. Léna s'approchait et sortit de sa poche un briquet qu'elle lui tendit. Elle l'alluma puis restitua l'objet prêté par Léna.

- Je suis désolée, je ne pensais pas que tu réagirais de cette manière. Je m'en veux de te voir comme ça, je ne sais pas pourquoi j'ai fait ça... Enfin si, tu me plais depuis que je te connais et je mourais d'envie de t'embrasser et... 

Hannah la fit taire en posant ses lèvres sur les siennes. Elle sentit Léna sourire contre elle. Sa main se munit d'une mèche de cheveux avant de murmurer :

- Tu me plais énormément aussi... C'est juste que les autres ne sont pas au courant pour moi... Et puis l'alcool doit amplifier mes émotions au maximum, pour pleurer comme ça, ajouta-t-elle d'un ton raillant.

- Tu comptes en parler aux autres alors ? Questionna Léna.

- Sûrement, mais ils sont déjà au courant pour toi. Ils savent que tu sortais avec des filles avant de venir ici.

- Comment l'ont-ils su ? Je ne l'ai dit à personne. »

Hannah s'esclaffa de rire en sortant son téléphone de sa poche. Elle saisit son code puis ouvrit l'application Instagram. Là, elle chercha le profil de Léna Lefebvre et afficha son contenu : des photos ou des vidéos où Léna embrassait d'autres filles en soirée. Léna rit et acquiesça, ayant oublié ce vieux compte Instagram. Elles décidèrent de rentrer à pied, laissant le scooter d'Hannah devant la maison d'Ethan, et de se diriger vers l'appartement de Léna. Cette-dernière soutint Hannah qui titubait dans les escaliers de l'immeuble. Elle lui retira ses bottes et ses vêtements, afin de lui mettre un grand t-shirt qui lui servirait de pyjama. Quant à elle, elle s'empara d'une couverture dans son armoire, puis s'allongea sur le canapé du salon.