Chapitre 14

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-Oh.

C'était tout ce que Sophie avait trouvé à répondre. Oralie soutenait son regard. La jeune fille percevait malgré tout cette lueur d'espoir qui se lisait dan ses yeux. Sans doute la Conseillère... Non. Pas la Conseillère. Oralie. Simplement Oralie. Elle avait démissionné. Sans doute Sophie devait-être reconnaissante (et elle l'était, bien qu'elle ne veuille pas l'admettre) mais... Oralie le méritait-elle ? Une migraine vint bientôt assaillir la jeune fille, à force de raisonnement qui n'aboutissait à rien. Elle se massa les tempes de ses doigts, essayant de chasser ce fichu mal de tête. 

-Est-ce que tout va bien, mademoiselle Foster, demanda Flori depuis l'embrasure de la porte.

-Oui, marmonna-t-elle. C'est juste une migraine.

-Je suis désolée, Sophie, dit Oralie. Je sais qu'il est difficile pour toi de m'accepter, mais j'essaie de réparer mes erreurs, et ce n'est pas facile tu sais ? Je sais bien que tu n'as pas besoin de moi pour vivre, et que tu n'as pas besoin que je sacrifie mon statut de Conseillère. Mais j'ai choisi de le faire quand même. Kenric et moi avons fait l'erreur de renoncer à notre amour, et vois-tu, à présent il est trop tard. 

Sa voix se brisa. elle se détourna pour cacher ses pleurs. Sophie non plus ne parvint pas à retenir ses larmes qui roulaient sur ses joues. Cela faisait déjà longtemps que Kenric avait perdu la vie, mais son souvenir n'en était pas moins douloureux. La jeune fille savait que le rouquin n'aurait pas voulu qu'elle pleure, mais elle ne put s'en empêcher. Après un moment, Sophie sécha ses larmes pour refaire face à Oralie.

-Que va faire le Conseil ? Demanda-t-elle.

-Il va annoncer ma démission, et élire un nouveau Conseiller, répondit Oralie d'une voix frêle. J'espère de tout mon cœur que cette fois nous ne nous tromperons pas...

-Allez vous participer à l'élection ? S'enquit la jeune fille.

-Oui. J'ai démissionné, mais cela ne m'empêche pas de nommer un successeur.

-Effectivement, remarqua la jeune fille. Ce serait absurde...

-Oh, je suis désolée, dit soudain Oralie, je suis attendue ! Excuse-moi, je dous y aller.

Elle brandit son éclaireur. Avant qu'elle ne saute, Sophie l'interpella.

-Oui ?

-Je... Merci, dit Sophie d'une voix à peine audible.

-Mais de rien, répondit sa mère biologique dans un sourire avant de se laisser emporter par la lumière. 

Sophie resta un instant plantée là, à regarder dans le vide, tentant de comprendre dans ce qui venait de se passer. L'instant d'après, elle dévalait les escaliers pour rejoindre le salon. Grady, qui lisait un parchemin, sursauta en voyant sa pupille débouler dans la pièce. 

-Que se passe-t-il ? S'enquit l'elfe.

Édaline s'avança, visiblement surprise elle aussi.

-Vous pouvez m'emmener voir les Entremetteurs ?

Le bâtiment immense donnait la chair de poule à Sophie. Il fallait dire que la dernière fois qu'elle y était allée, cela ne s'était pas vraiment passé comme prévu... Mais cette fois, elle espérait obtenir au moins une liste réduite de prétendants. Comme la dernière fois, les deux mêmes Entremetteuses (Brisa et Juji) l'accueillirent.

-Vous... êtes revenue ? Demanda Brisa, qui tentait de masquer sa pitié et son étonnement.

-Oui, répondit Sophie. Je... quelqu'un est venu se déclarer comme ma mère il me semble.

-Effectivement, confirma Juji, les yeux rivée sur l'écran qu'elle a avait activé. Mais elle a seulement donné son ADN, et elle a tenu à ce que nous ne cherchions pas à savoir qui elle était.

-Elle... n'a sûrement pas envie que cela s'ébruite.

-Peu importe, déclara Brisa, avant de tapoter sur les boutons de sa tabmette tandis que Juji faisait de même.

-Le traitement est en cours, dit Brisa à Sophie.

Après une poignée de minutes qui semblaient une éternité pour la jeune fille, l'écran émit un léger « bip », après quoi Juji déclara :

-Vous ne pouvez avoir au maximum que trois listes, mais, c'est roujours mieux que la dernière fois...

-Merci ! S'exclama Sophie, qui dut se retenir de les prendre dans ses bras pour les remercier.

Les Entremetteuses sourirent en retour. La jeune fille leur adressa un signe de main, avant de se précipiter jusqu'à la salle où Grady et Édaline l'attendaient. 

-Alors ? s'enquit sa mère.

-Je n'ai que trois listes, mais je peut être assortie !

Sophie fondit en larmes, et ses parents en firent de même. Quel bonheur de se laisser aller dans les bras de deux êtres qui vous aiment plus que tout au monde ! Ils restèrent ainsi un long instant, avant de sortir main dans la main et de rentrer à Havenfield. Lorsqu'ils arrivèrent, Édaline se pencha sur sa pupille pour lui dire doucement :

-On fêtera ça ce soir. Toi, débrouille toi comme tu veux, mais va à Everglen. Il est hors de question que tu ne l'annonce pas à Fitz.

Sophie lui adressa un sourire radieux, hocha la tête et s'élança vers la falaise tout en pistant Fitz. Il était assis dans l'herbe d'Éverglen, seul, à rêver à quelque chose que Sophie ne s'atarda pas à identifier. Ses gardes du corps eurent à peine le temps de saisir ses mains qu'elle sautait déjà dans le vide. L'adrénaline afflua en elle plus que jamais, et elle la dirigea hors de son esprit pour fendre le ciel. Ses gardes du corps atterrirent en roulé boulé avec elle, mais elle se dégagea bien vite. Elle rejoignit Fitz en hâte, qui se trouvait tout près. Il s'était levé : il avait dû entendre le craquement du ciel. Sophie fondit sur lui. Mais elle allait légèrement trop vite, ce qui renversa son ami, et elle avec.

-Que se passe-t-il ? S'affola le jeune homme, allongé sur le sol, son amie dans les bras.

-Fitz, ça y est, je peut être assortie !

Gdcp tome 8,5 : Reflets [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant