Chapitre 46

550 57 8
                                    

Point de vue Shuichi

Oui, je voudrais que nous soyons amis. Et peut-être même plus aussi. Mais ça, je ne peux pas te l'avouer, pas alors que tu aussi perdu.

Après que je lui aye dit ces quelques mots, il s'était mis dos à moi et était retourné à la salle de projection, prétextant que nous allions être en retard sinon.

Il n'avait pas tort, c'est vrai, mais je ne peux m'enlever de la tête que quelque chose cloche.

Lorsque nous sommes arrivés, tout le monde ou presque était déjà là et nous avons pu commencer. Maintenant sept personnes sont installées derrière nous.

Lorsque, à l'écran, nous allions monter dans l'ascenseur, celui ci s'éteint.

- Nous allons faire une petite pause exceptionnellement aujourd'hui, lance Momota. A partir de maintenant, nous avons lentement commencé à perdre le contrôle alors certaines images risquent d'être moins précises.

En vérité, ils ont déjà perdu le contrôle.

Je me tourne vers le mauve, lequel est assis entre Harukawa et moi.

- Ce n'est pas trop dur ?

- Pour l'instant ça va... J'ai juste peur à chaque fois que tu me parles.

Je crois voir où il veut en venir.

- Je ne le dirai qu'à la fin.

- D'accord... Mais j'ai peur aussi à propos de Gokuhara. Je sens que quelque chose d'horrible va arriver.

Je ne peux pas le contredire, pas quand je sais ce qui va se produire d'ici peu de temps.

- Il faut que tu saches que, en ce qui nous concerne nous quatre, nous étions des personnes totalement différentes d'aujourd'hui.

- Mais... Je ne l'imagine pas tuer quelqu'un. Il est tellement gentil.

- Comme dans tous les procès, nous ne voulions pas voir la réalité en face. Pourtant il faut se faire à l'idée que, à partir du moment où un corps est découvert, un meurtrier est parmi nous.

- C'est toujours la faute de quelqu'un, il murmure.

S'il suit cette logique, à la fin de la journée, il sera à nouveau persuadé d'être fautif je le sens. Et il est hors de question de le laisser replonger dans ses pensées noires. Je refuse.

- Parfois, les circonstances font qu'on n'a pas le choix. Nous faisions au mieux. Au final, nous sommes tous des tueurs pour avoir démasqué le coupable.

Je ne comprends tout de même pas pourquoi on ne l'a pas informé de ce qui allait se passer. Je veux bien croire qu'on ne peut pas tout lui raconter dans les moindres détails mais là... Je n'ai aucune idée de la réaction qu'il va avoir. Je suis cependant sûr d'une chose : elle ne va pas être bonne.

- Oma, je pense que tu dois savoir que...

- Bien, nous allons reprendre maintenant, lance Tojo m'empêchant de pouvoir lui expliquer.

- Qu'est-ce qu'il y a ? chuchote le mauve tandis que l'écran s'allume.

Je ne pourrai jamais tout lui exposer correctement en aussi peu de temps.

- Si ça ne va vraiment pas, sert ma main. Comme ça, je sortirai et tu n'auras pas besoin de le dire à haute voix.

- Quoi mais...

- Je sais que tu ne voudras pas le montrer. Alors je le ferai pour toi.

Le plus petit rougit légèrement en prenant ma main dans la sienne.

- Merci, il marmonne.

- De rien.

La vidéo n'avait pas repris depuis longtemps lorsque je comprends une raison, autre que sa peur de moi, qui l'a poussé à refuser mon aide : maintenant que je suis en contact avec lui, je peux sentir à quel point il tremble.

D'un petit mouvement de doigt, je lui montre mon soutient.

- N'oublie pas Oma, ce n'est pas la vérité, je murmure à son attention.

Je ne sais même pas s'il m'a entendu, nerveux comme j'ai l'impression qu'il est.

Tout va bien se passer, je me répète sans cesse. Il est fort, il peut passer ça.

Mais j'ai peur de me tromper. Dans quel état sera-t-il à la fin ?

Point de vue Kokichi

C'est comme un poison qui se propage dans mes veines, me faisant suffoquer. Je savais que ça n'allait pas être facile de vivre ça, mais je ne me doutais pas à quel point.

Je voudrais pouvoir hurler, me rouler en boule dans un coin jusqu'à ce que tout soit finit, mais je ne peux, je ne dois pas. Parce que je ne veux pas me montrer faible devant tant de monde. Parce que je ne veux pas être une gêne pour eux plus que je ne le suis déjà. Parce que je dois rester discret.

Pourtant, voir ces images est tout simplement insoutenable. Je ne veux tout simplement pas croire à ce que je vois. Je ne peux pas avoir fait ça. C'est impossible. On pourra me dire tout ce qu'on veut, je refuse d'y croire une seule seconde. Je ne suis pas ce genre de personne, prête à manipuler tout le monde juste pour obtenir ce qu'elle désire.

Et puis est arrivé cette fameuse scène. Revivre une telle situation est de trop pour moi. Que quelqu'un arrête tout maintenant. Tout ce que je voulais, c'était sortir de cet enfer. Pas ça.

Dans ma tête, c'est la guerre totale: une partie me souffle que tout est de ma faute tandis que l'autre prend ma défense. J'ai l'impression que je vais exploser.

J'étais sans doute tellement perdu dans mes pensées que je ne me suis même pas rendu compte que l'écran s'était éteint et que tous ou presque étaient déjà partis : seul Saihara était toujours présent. Je suis le seul encore assis

- Ça va ? demande doucement le bleu.

Je hoche la tête.

- Oui... Tout va bien.

Il me regarde d'un air sceptique mais n'insiste pas plus.

- Ça va bientôt faire une dizaine de minutes que tu ne bouges plus

- Ce n'est rien j'étais perdu dans mes pensées. Où sont les autres ?

- Tout le monde est rentré. Je leur ai dit d'y aller, que je veillerais sur toi.

- D'accord alors on peut y aller ?

Mes jambes tremblent encore lorsque j'essaye de me relever du mieux que je peux. Ça ne va pas être facile de regagner ma chambre sans attirer de soupçons.

- Je te raccompagne Oma ? C'est sur mon chemin.

Le bleu me tend sa main.

- Non ça ira... Ne t'en fait pas pour moi.

- J'ai l'impression que si je te laisse ici, tu vas t'effondrer sur place. Je ne te ferais pas de mal, promis.

En temps normal, j'aurais refusé. Mais là, il n'a pas tort : je ne sais pas si je suis capable d'atteindre ma chambre sans tomber. Alors j'accepte sa proposition et nous nous mettons en marche.

Lorsque nous arrivons sur le seuil de ma porte, il semble vouloir partir avant de se raviser.

- Pourquoi tu n'as rien dit ?

- Parce que il n'y avait pas besoin d'arrêter ça allait vraiment.

- Oma, arrête de mentir sans arrêt.

- Je ne mens pas. Je vais très bien.

- Je m'inquiète pour toi, il soupire. C'est comme ça que tu as fait une énorme bêtise la dernière fois. Je ne veux pas que ça se reproduise.

Il s'inquiète pour moi. Il tient à moi ? Est-ce que je suis important à ses yeux ?

- Heu... à demain Saihara.

Et sans lui laisser le temps de répondre, je rentre à l'intérieur et me laisse glisser contre le mur.

On peut dire que la journée a été mouvementée. Et celle de demain ne le sera sûrement pas moins.

Juste un mensonge✔️Où les histoires vivent. Découvrez maintenant