Affaires de famille

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Comme nous l'avons dit précédemment, Abu al-As participa à la bataille de Badr avec les Quraysh, contre les musulmans. Il fut fait prisonnier et traité de la même manière une les autres prisonniers de Quraysh, qui furent invités à racheter leur liberté, Zaynab envoya la rançon demandée, et elle y inclut un collier que sa mère défunte, Khadîja, lui avait donné à porter pour sa nuit de noces. En voyant le collier, le Prophète fut profondément touché et dit à ses compagnons : « Si vous jugez, bon de libérer son mari et de lui rendre son argent, faites-le. » C'est ainsi qu'Abù al-As fut libéré sans rançon.

Interception d'une caravane

Certains des hommes accompagnant la caravane furent faits prisonniers. Abu al-As, qui dirigeait la caravane, parvint à s'échapper lors de l'attaque. Quand il fut certain de ne plus être rattrapé, il s'assit un moment pour réfléchir à sa situation et comprit qu'il était en difficulté. Son lien si proche avec le Prophète l'exposait à être soupçonné de ne pas s'être acquitté de sa mission avec suffisamment de zèle. On risquait de l'accuser de complaisance ou de complicité. Il se rendit compte qu'il pouvait difficilement se contenter de rentrer à La Mecque et d'informer les Quraysh que la caravane avait été interceptée, même si c'était loin d'être la première caravane commerciale interceptée par les musulmans de Médine.

Abu al-As se rendit donc à Médine. Il dut s'approcher avec précaution pour éviter d'être fait prisonnier. Quand il fut arrivé dans les environs de la ville, il ne se déplaça plus que de nuit. Lorsque presque tout le monde fut endormi à Médine, il se rendit furtivement jusqu'à la maison de Zaynab, à côté de la mosquée. Il demanda à être son hôte et son protégé. Elle accepta, car rien dans les enseignements de l'islam n'interdisait à un musulman d'agir de la sorte. Au contraire, l'islam encourage à protéger ceux qui craignent pour leur vie.

Le Prophète était le meilleur des hommes envers ses enfants et envers la communauté musulmane en général. Nous possédons de nombreux exemples de requêtes formulées par des musulmans ordinaires dans toutes sortes de circonstances, et on peut aisément en conclure que le Prophète accédait toujours à de telles requêtes tant que cela n'était pas en contradiction avec une prescription divine. Toutefois, dans ce cas précis, l'affaire ne dépendait pas entièrement de lui. Il du à ses compagnons : « Vous connaissez le lien qui nous unit à cet homme. Vous lui avez pris de l'argent et des biens. Si vous avez la bonté de lui rendre ce que vous lui avez pris, nous vous en saurons gré. Si vous refusez, vous serez entièrement dans votre droit. Ce que vous avez gagné est quelque chose que Dieu vous à donné. »

Il va sans dire que le Prophète ne fit nullement pression sur les musulmans pour qu'ils rendent à Abu al-As ce qu'ils lui avaient pris. Le Prophète dit clairement que garder le butin était leur droit. Cependant, les compagnons du Prophète ne lui refusaient rien. Dès lors qu'ils comprenaient qu'il lui plairait de les voir se comporter d'une certaine façon, ils s'empressaient de lui donner satisfaction. Dans le cas présent, ils rapportèrent, jusqu'au moindre objet, tout ce qui avait été pris à Abu al-As et sa caravane. Il constata que tout lui avait été rendu lui intact, comme si cela n'avait jamais été pris.

Abu al-As se rendit ensuite à La Mecque. Il rendit leurs biens à tous ceux qui avaient une part dans la caravane. Personne ne subit aucune perte : au contraire, ils perçurent tous les bénéfices réalisés par Abu al-As dans cette entreprise commerciale. Quand il eut fait cela et que tout le monde fut content de ses gains, Abu al-As demanda à ses concitoyens : « Est-ce que je vous dois encore quelque chose ? » Comme ils répondaient que non, il poursuivit : « Me suis-je acquitté de ma charge et de ma mission à votre satisfaction ? » Tous répondirent : « Oui, certes. Nous avons trouvé en toi, comme toujours, un homme honnête et intègre. »

Abu al-As retourna alors à Médine, où il reprit la vie commune avec sa femme. Aucun nouveau contrat de mariage ne fut nécessaire pour cela. Dans cette affaire, le Prophète et sa famille s'étaient conformés entièrement et sans hésiter à ce que leur religion leur demandait. Une séparation d'environ quatre ans avait eu lieu entre la propre fille du Prophète et son époux parce que celui-ci n'avait pas embrassé l'islam assez rapidement.

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