Lorsqu'Anna releva la tête pour voir sa sœur, elle s'attendait à être envahie d'un sentiment de soulagement, ou de la joie, peut-être de la culpabilité. Mais tout ce que ses prunelles reflétaient en ce moment, c'était de l'émerveillement.
"Wow, Elsa, tu es... différente, nota sa cadette. Et ça te va très bien ! s'empressa-t-elle de préciser. Et ce palais est..."
Elle laissa un temps pour trouver les mots.
"Splendide, finit-elle par décider."
Légèrement attendrie, Elsa sourit. Anna, dont les deux tresses rousses sortaient d'un bonnet rose fushia à fourrure, était affublée d'une cape d'hiver de la même couleur que son bonnet et d'une robe chaude au jupon bleu marine, ainsi que d'une paire de bottes fourrées marron et de moufles bleu ciel, le tout donnant un accoutrement assez incohérent et inhabituel, en particulier pour une princesse.
Tout de suite, Elsa se fit la réflexion qu'elle avait beau s'être promis de chasser vertement tout inconnu, elle ne pouvait pas chasser Anna, pour la simple et bonne raison que malgré les années qu'elle avait passé à l'ignorer, Anna n'était pas une inconnue. C'était bel et bien sa sœur. Et elle avait le droit à quelques explications, surtout après tout le chemin qu'elle avait dû parcourir pour la retrouver, comme en témoignaient son nez et ses joues rougies par le froid. Après, et uniquement après, Elsa lui demanderai de regagner Arendelle pour ne jamais revenir. C'est pourquoi tout en gardant ses distances, elle lui répondit gentiment :
"- Merci. Je ne savais pas moi-même que c'était possible.
- Elsa, enchaîna Anna en commençant à gravir les marches pour se diriger vers son aînée, je suis vraiment navrée, si j'avais su je-
- Non, non, ce n'est pas grave, la rassura Elsa avec un mouvement de recul. Tu n'as pas à t'excuser."
Elle se tordit les mains, avant de détourner les yeux pour prononcer :
"- Mais tu devrais partir.
- Partir ? Mais je viens d'arriver ! répliqua Anna avec un mouvement du bras et un sourire, pas offensée pour deux sous.
- Ta place est à Arendelle, insista Elsa.
- La tienne aussi !
- Non ! Ma place est ici, affirma Elsa. Seule."
Elle sourit à ce mot et se dirigea à pas lents vers la balustrade du palier pour poursuivre :
"- Où je peux être moi-même. Sans faire de mal autour de moi, soupira-t-elle.
- A ce propos, Elsa, tenta sa sœur avant d'être interrompue par une voix."
Un bonhomme de neige qui semblait animé de vie déboula dans la pièce en agitant joyeusement les branches qui lui servaient de bras.
"Bonjour ! Je m'appelle Olaf et j'aime les gros câlins ! annonça-t-il joyeusement."
Ces simples mots firent remonter un tourbillon de souvenirs dans la tête d'Elsa, avant que son cerveau ne fasse le rapprochement entre le bonhomme de neige qui se tenait devant elle et celui qu'elle avait créé la veille, lorsqu'elle errait dans la montagne. Incrédule, elle répéta :
"Olaf ? Et..."
Elle déglutit.
"Tu es vivant ?"
Olaf sembla réfléchir sérieusement à la question, regardant son corps et agitant chacun de ses membres, avant de relever la tête vers sa créatrice pour conclure sur un ton des plus sérieux :
"Eum, oui. Je crois."
Elsa regarda ses mains. Elle ne savait que penser. Ses pouvoirs étaient si puissants ! Cela la dépassait. Elle avait l'impression d'être écrasée par un fardeau bien trop grand pour son corps, bien plus grand qu'elle, et peinant à contenir cette magie, elle se retrouvait ballottée, instrument de ses pouvoirs. Chaque jour son étonnement était plus grand. Comment savoir si c'était quelque chose de bien, ou si c'était mal ? Comment ce qui avait blessé Anna pouvait avoir créé quelque chose d'aussi adorable, gentil et innocent qu'Olaf, la figure même de la joie pour son âme d'enfant ?
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Le Froid [ABANDONNÉE]
FanfictionArendelle, juillet 1839. Au royaume, l'excitation était à son comble. Près de trois ans s'étaient écoulés depuis que le Roi et la Reine d'Arendelle avaient sombré dans le naufrage de leur bateau, et dans une semaine, la princesse Elsa serait enfin c...