Asher
L'odeur amer du café envahit la cuisine tandis que la cafetière se mettait en marche. C'était une machine dernier cri comme à peu près tout ce qu'il y avait ici. Ma mère n'hésitait pas vraiment à dépenser son argent et celui de mon père pour ce genre de gadget. Comme s'ils pouvaient me tenir compagnie. Cette cafetière était encore plus silencieuse que l'ancienne, rendant la grande cuisine plus vide que jamais.
Je regardais mon mug Star Wars se remplirent doucement. La dose de nicotine était plus que jamais nécessaire. Le nuit avait été courte, j'avais dû finir en urgence une composition d'histoire et n'avait pu me coucher qu'à trois heures du matin. Et là encore, j'avais passé un certain temps à me torturer l'esprit à propos de ma colocataire. Pourquoi ? Pourquoi voulait-elle m'aider ? Qu'est-ce qu'elle y gagnait réellement ? Je n'en savais rien et elle ne voulait pas me le dire. Alors j'allais creuser et découvrir ce qu'elle cachait. Il était hors de question que je fusse le seul à me confier. Elle aussi avait sa part d'ombre. Elle aussi avait ses fantômes qui la tourmentait. J'en étais sûr. Et si elle m'aidait, je l'aiderais.
Le problème était que je n'avais aucune idée de la manière à employer pour l'approcher. Si elle se braquait, ça serait fini. Elle ne me laisserait plus lui parler, elle partirait. Peut-être pas physiquement au début. Mais mentalement, elle ferait en sorte de ne pas me croiser et m'ignorerait. Je refusais que ça arrive.
Pas elle.
Pourquoi ? Je ne savais pas. Mais je le voulais pas.
Je devais trouver un moyen pour l'apprivoiser. Car c'était ça, il fallait que je l'apprivoise. Comme pour un animal sauvage. Il fallait qu'elle s'habitue à moi et qu'elle me fasse confiance. Si j'allais trop vite, si je lui faisais peur, si elle sentait menacée, elle attaquerait. Elle mordrait. Et elle s'enfuirait.
Heureusement j'avais au moins deux heures avant que la furie ne débarqua. Et j'avais bien l'intention d'en profiter un maximum pour finir ma nuit.
Je posai ma tasse sur la table et ouvris les placards pour prendre de quoi me faire mes tartines. Du beurre, de la confiture, du pain, un couteau. Je me retournais vers le centre de la pièce, mais ce que je vis m'arrêta.
Roxanne.
Elle s'était assise sur une chaise de la cuisine, les jambes croisées et les coudes sur la table. Elle avait les cheveux en bataille et le visage encore ensommeillé. La marque de son oreiller était encore visible sur sa joue. Son tee-shirt à l'effigie d'un groupe que je connaissais pas tombait négligemment sur ses épaules. Le mini short qu'elle portait ne cachait rien de ces longues jambes.
Elle s'était levée en même temps que moi ? Elle était tombée de son lit ? Elle qui ne se réveillait d'habitude pas avant dix heure !
Elle m'observait, amusée de ma surprise. Une lueur narquoise brillait dans ses yeux. Elle tenait une tasse qu'elle sirotait. Ma tasse. Elle buvait mon café dans ma tasse !
Je sortis de mon état de surprise, posai la nourriture sur la table et commençai son interrogatoire. J'avais besoin de réponses et certaines ne pouvaient pas attendre.
-Depuis quand tu te lèves aussi tôt ? demandai-je suspicieux.
-Tout d'abord bonjour, commença-t-elle. En faite, j'aime bien me lever tôt. C'est juste que comme des fois je me couche tard, je peux pas me lever plus tôt. Et puis, d'habitude, si je me lève tard, ça énerve Hammond. Enfin ton père. Et tout ce qui l'énerve est bon pour moi. Tu comprends ?
Je comprenais surtout qu'elle était chiante au possible et pas le moins du monde reconnaissante. Mon père l'aidait énormément, la soutenait, la défendait. Et elle, tout ce qu'elle lui donnait en échange, c'était des ennuis et de scandales supplémentaires. Je me demandais comment il arrivait encore à vouloir l'aider.
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Scandaleuse - Nos Fantômes du Passé (T.1)
RomanceElle, une chanteuse à succès. Les scandales, elle les enchaîne pour oublier. Jusqu'au scandale de trop. Lui, un étudiant agoraphobe et ochlophobe, fils de son manager. L'extérieur, cela fait longtemps qu'il ne veut plus, qu'il ne peut plus le voir...