Chapitre sept

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La lumière qui les éclaire provient du trou par lequel ils sont entrés, derrière eux, et commence lentement à diminuer. Droit devant, le couloir disparaît, englouti par l’obscurité. Iris distingue les cheveux clairs d’Arwen et le T-shirt vert de Félix à quelques pas devant elle, et elle accélère pour les rattraper.

— J’espère que personne n’a peur du noir, dit Gaspard.

Elen lève les yeux au ciel.

— Tu crois pas que ça aurait été plus logique de demander ça avant ?

— Gaspard ne connaît pas le terme logique, réplique Iris en souriant dans la pénombre.

Elle entend Jason rire et Gaspard grommeler derrière elle.

Dans ce couloir, les sons semblent comme étouffés et l’air poussiéreux fait soudain éternuer Arwen. Félix la gratifie d’un « À tes souhaits » indifférent, mais Arwen s’arrête et se retourne vers les autres novices :

— Quelqu’un aurait pas un mouchoir ?

— Eh, mais on va pas s’arrêter toutes les dix secondes, non plus, peste
Gaspard.

Jason tend un mouchoir par-dessus sa tête et Iris le fait passer à
Arwen en demandant :

— Au fait, vous savez où on va exactement ?

— Pas la moindre idée, répond Jason avec un sourire.

Devant eux, Arwen se tourne vers Félix et lui fait signe d’avancer.

— C’est parti.

Au fur et à mesure qu’ils avancent, le couloir devient de plus en plus
sombre. Bientôt, Iris a du mal à distinguer la chevelure claire d’Arwen, qui contraste pourtant avec les murs sombres. Elle frissonne, légèrement nerveuse. Elle n’a pas particulièrement peur du noir, mais c’est quand même déstabilisant de se retrouver dans le noir presque total, sans autre repère que le bruit de pas qui résonne étrangement dans le petit espace et le béton froid sous ses
doigts. Elle garde ses bras écartés pour effleurer le mur de chaque côté de l’étroit couloir, comme pour se raccrocher à quelque chose. En plus, le sol est parfois encombré d’objets difficiles à distinguer dans l’obscurité, et Elen, après avoir trébuché pour la quatrième fois, finit par râler :

— Mais Félix, préviens-nous quand il y a des trucs par terre !

— Lève les pieds, rétorque Félix.

Arwen règle le problème en prenant la main d’Elen pour la poser sur son épaule.

— Voilà. Comme ça, tu pourras te rattraper si tu trébuches.

Elen propose à Iris de faire de même et après un instant d’hésitation, Iris pose la main gauche sur son épaule. Bientôt, ils progressent tous une
main sur le mur et une main sur l’épaule du voisin. Ils tournent à droite, puis à gauche au bout d’un petit moment. Brusquement, Félix stoppe net, suivi du reste du petit groupe. Gaspard manque de heurter Iris et grommelle :

— Qu’est-ce qu’il se passe encore ?

La voix de Félix résonne dans l’obscurité :

— Je crois qu’il y a un embranchement. On tourne ou on va tout droit ?

— Tourne, décide Jason.

— On ne risque pas de se perdre ? s’inquiète Iris.

Elen lui tapote la main.

— T’inquiètes. Je suis là pour ça.

— Ouais, on le GPS intégré, dit la voix de Gaspard derrière elle. Elle nous
fait un joli petit plan mental, et nous on a plus qu’à la suivre !

Ils progressent depuis quelques minutes lorsqu’un cri les fait sursauter. La voix d’Arwen s’élève :

— Félix ? Ça va ?

Félix grommelle un assentiment avant d’ajouter :

— Le couloir est fini.

— Quoi ?

— T’es sûr ? Interroge Elen.

— Il y a pas un virage, ou quelque chose du genre ?

— Puisque je vous dis qu’il est fini ! Je me suis pris le mur, et je peux vous
assurer que c’est pas un virage, cette fois.

Ils restent un instant immobiles, avant qu’Iris ne fasse remarquer le
minuscule trait plus clair, à leurs pieds. De la lumière ?

— Attendez.

Iris entend un léger froissement de tissu lorsque Félix s’accroupit pour
passer le doigt sur le trait.

— On dirait une fente, comme sous une porte, déclare-t-il en se relevant, songeur.

— C’est peut-être une sortie, suggère Elen. Essaie de voir si tu peux l’ouvrir.

Après plusieurs essais infructueux, Félix pousse soudain un cri de
triomphe. Un crissement se fait entendre, et une lumière faiblarde éclaire le petit couloir. Arwen pousse un soupir de soulagement.

— Pas fâchée de sortir d’ici !

Iris se dresse sur la pointe des pieds pour voir par-dessus l’épaule d’Elen. Elle distingue une minuscule pièce, presque aussi sombre que le couloir. Elle est seulement éclairée par la lumière provenant de derrière la
vitre dépolie de sa porte et à gauche, Iris distingue vaguement des objets
semblables à de longs bâtons. Des balais !

— C’est un placard à balai ? interroge-t-elle, incrédule.

Félix sort du couloir et regarde autour de lui.

— On dirait bien.

Il traverse le réduit en un pas et entrouvre prudemment la porte.

— Il n’y a personne, constate-t-il en ouvrant la porte en grand avant de
sortir du placard.

Un à un, les nouveaux débouchent du réduit. Gaspard regarde autour
de lui et se met à rigoler.

— Eh ben, c’était bien la peine de sortir d’un couloir pour se retrouver dans un autre couloir !

Iris sourit.

— N’empêche, je préfère celui-là. Il est quand même plus grand, fait-elle
remarquer.

En effet, ils se trouvent dans l’un des couloirs principaux du Centre, qui donne directement sur le hall. Le sol blanc paraît incroyablement propre
après l’épaisse couche de poussière du petit corridor.

— Au fait, comment tu as fait pour ouvrir la porte du petit couloir ?

Demande Arwen en se tournant vers Félix.

— Sur la gauche, il y avait des encoches, explique-t-il. Il suffisait de faire coulisser le panneau.

— Vous croyez qu’il y a des couloirs comme celui-là dans tout le bâtiment ? Interroge Elen.

Gaspard et Jason échangent un regard.

— Sans doute, répond Jason avec un sourire.

Omega Tome 1 : La villeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant