Chapitre 18 - Partie 2

25 4 44
                                    

Dans la main droite de Leran, son téléphone continuait de vibrer à intervalles réguliers, sous son regard apeuré. Celui-ci restait figé devant l'écran allumé, sans plus oser bouger d'un millimètre. Il dû se faire violence pour ne pas lancer l'appareil sur le bitume, effrayé par cet appel soudain. Il ne sentait pas capable d'affronter la voix de sa mère pour le moment, d'autant plus qu'il se doutait de la raison de sa tentative pour le joindre. Il ne pouvait et ne voulait pas lui répondre, refusant de parler à quiconque du meurtre qu'il venait de commettre. Comment réagiraient ses parents s'ils apprenaient qu'il avait tué de sang froid une personne, alors qu'il aurait très bien pu éviter tout cela ? Bien qu'à Oghetta, les meurtres et agressions soient fréquents, il savait qu'ils préféraient que leur fils ne partent nullement dans cette voie. Et cela était compréhensible...

Pour tenter de garder son calme, Leran inspira une première fois, les yeux clos, avant de relever la tête. En vitesse, il alla se plaquer dos à l'un des mur sombre de la rue, sans tenir compte de la douleur qui parcourait ses omoplates. Son téléphone vibrait inlassablement, mais il ne pouvait pas raccrocher, préférant faire croire à sa mère qu'il n'avait pas vu l'appel. Les mains tremblantes, il attendit, sans dire un mot, que les vibrations terminent par s'arrêter d'elles-mêmes. 

Après une longue minute, qui parût une éternité pour l'adolescent à la chevelure auburn, elles cessèrent, lui arrachant un long soupir. Complètement crispé, il passa la paume de sa main gauche sur son visage, comme pour le cacher, tandis que l'autre agrippait fermement le téléphone. Sa vue s'embua peu à peu, pendant qu'il répétait à mi-voix :

" Mais qu'est-ce que j'ai fait... "

Un mélange de peur, de rage et d'une profonde tristesse s'immisça en lui sans qu'il ne puisse le contrer. Refusant de laisser les larmes perler sur ses joues, il releva la tête vers le ciel qui commençait à être parsemé d'étoiles argentées. Contemplant la toile bleue nuit, tachetée de nuages grisés, il tendit sa main gauche vers les étoiles avant de la refermer, comme pour les attraper. Le cœur battant, il régula sa respiration et fit quelques pas pour se détacher du mur, afin qu'il parvienne à se calmer. Il ne pouvait aucunement changer ce qu'il avait fait en cette soirée étoilée, mais il ne se laisserait pas abattre plus longtemps. Bien qu'une certaine amertume restait ancrée en lui.

Une sensation de mal-être le tiraillait, cependant, il refusait de le laisser prendre le contrôle sur lui. S'il voulait garder une certaine capacité de réflexion, il devait prendre garde à ses émotions envahissantes. D'un pas faussement confiant et de l'air le plus impassible qu'il réussissait à afficher, il continua sa marche, prenant cette fois la direction de son quartier. Le vent s'était levé, faisant voleter ses mèches rousses devant ses yeux bleus givres, qu'il repoussa mécaniquement d'un geste de main. 

Avec une détermination nouvelle, ses pas le menèrent à travers les rues assombries, éclairées par les nombreux phares des voitures fréquentes. Sans savoir pourquoi, il se sentait oppressé lorsqu'il levait les yeux vers les grands immeubles l'entourant. Il songeait à un endroit où il pourrait enfin être au calme, entre les arbres et sur l'herbe fraîche. Ses pensées s'attardèrent sur le vent doux caressant ses joues, et une profonde envie de liberté, pour fuir cet endroit où il ne se sentait plus à sa place à présent.

" Ah..., soupira-t-il d'exaspération face à ses propres songes. Je ne devrais pas penser ainsi... Attendons plutôt de voir comment tout cela évolue... "

Cette dernière phrase, prononcée dans un murmure, n'avait que pour seul but de se convaincre lui-même. Et surtout éviter de se risquer sur ce terrain glissant et dangereux. Néanmoins, il ne parvenait nullement à écarter l'angoisse qui le tiraillait sans cesse. 

On the other side [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant