Chapitre 33

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PDV Clara :

Une douce brise caressait son visage, une odeur d'herbe tout juste tondue se faufilait dans l'air et les douces mains de sa mère lui massaient le crâne en fouillant dans ses longs cheveux. Elle était allongée, les yeux fermés et pouvait percevoir les rires de Zoé et de son père, sûrement encore entrain de se battre gentiment pour plaisanter. Le soleil lui réchauffait tout le corps et lui procurait un sensation de bien-être irrépressible. Tout était parfait. Absolument tout. Et Clara était heureuse, peut être même la plus heureuse du monde. Tout ce qui l'entourait définissait parfaitement le bonheur et elle aurait voulu rester dans cet instant toute sa vie.

La voix mélodieuse de sa mère résonna alors dans ses oreilles.

- Tu penses pouvoir le faire ma puce ?

Clara continuait à rêvasser et répondit avec lenteur :

- De quoi tu parles, maman ?

- Et bien tu sais bien marmotte, les décorer.

Clara ne comprenait pas où elle voulait en venir, mais cela ne la préoccupait pas plus que ça.

- Décorer quoi ?

- Les décorer ma puce...

La jeune fille ouvrit lentement les yeux, curieuse de savoir de quoi elle parlait. Elle rencontra directement les yeux émeraudes de sa mère qui la regardait tendrement en souriant. Elle était si belle, si chaleureuse et si rassurante. Clara lui sourit en retour tout en l'interrogeant du regard.

- Les décorer... répéta t-elle. Eux Clara.

Sa mère pointa alors du doigts quelque chose derrière Clara, toujours avec ce même sourire.

Clara se redressa alors et tourna alors la tête vers ce qu'elle pointait. A la vue de ce qui se tramait sous ses yeux, le visage de la jeune fille se décomposa. Le paysage qui l'entourait avait tout à coup complètement changé, le ciel était devenu rouge, l'herbe était noir, une odeur acre de fumée lui brûlait les poumons et... et le pire était ce qui se trouvait devant elle. Des corps, des corps éparpillaient tout autour d'elle et et cinq cadavres, pendus au dessus d'elle. Ses yeux s'écartèrent d'horreur lorsqu'elle se rendit compte de leur identité : Matéo, Charles, Pavel, Zoé et son père. Leurs yeux dépourvus de vie la fixaient effroyablement. Aucun son ne sortit de sa bouche, elle recula mais percuta quelqu'un : sa mère. Elle se retourna alors et hurla lorsqu'elle aperçut le visage de celle-ci complètement décomposé, des orbites à la place des yeux. Elle continuait à sourire mais cette fois il était forcé et effrayant.

- Décorer leur tombe ma puce voyons ! Hahahahaha.

Elle partit alors dans un fou rire strident et tous les cadavres qui l'entouraient limitèrent en répétant en choeur :

- Quelle idiote ! Hahaha ! Quelle idiote ! Hahaha ! Quelle idiote !

Clara se recourba sur elle même et cria de toutes ses forces :

- NON ! ARRÊTEZ, ARRÊTEZ, LAISSEZ MOI ! NON ! PAS CA.

********

Clara se réveilla en sursaut, le corps trempé de sueur, la respiration courte et les mains tremblantes. Elle mit du temps à se rendre compte qu'elle venait juste de faire un horrible cauchemar. Juste un horrible cauchemar Elle tenta alors de se calmer et s'essuya le front du revers de la main. Mais, lorsqu'elle inspecta les alentours, son stresse redoubla d'intensité. Cette chambre... Elle ne la connaissait pas. Où était t-elle ? Où était sa famille ? La garde ? Ses amis ? Elle se précipita hors de cet énorme lit mais retomba aussitôt au sol, ses jambes étant trop faibles pour la soutenir. Elle s'appuya sur ses deux mains pour se redresser et remarqua alors qu'elle ne portait plus les mêmes habits. Elle était couverte d'une légère nuisette blanche beaucoup trop grande pour elle. Je suis où là ? Se dit-elle, la respiration saccadée. Elle se retourna et s'assit au sol contre le sommier du large lit, elle rentra la tête dans ses genoux et se concentra pour ne pas pleurer de panique. Elle fouilla dans sa tête pour se remémorer ses derniers souvenirs. Elle se rappela alors. Tout fusa dans son cerveau en un seul flash : l'attaque des Blinters, sa tentative de fuite, le sauvetage de Pavel, Charles et Matéo... la mort de Charles, l'attaque à Bruye. L'attaque à Bruye... Clara mit sa main devant sa bouche, et retint un sanglot, se rendant compte qu'elle venait probablement de perdre tous ceux à qui elle tenait. C'est pas possible je peux pas y croire, ils sont forcément en vie... c'est pas possible autrement. Mais l'image du visage de Charles dénué de vie revint la percuter violemment et cette fois elle ne put retenir ses larmes. C'est de ma faute... tout est de ma faute putain, je leur ai fait perdre du temps... J'ai tué Charles. Elle n'arrivait plus à respirer correctement, ses larmes coulaient à flot silencieusement. Elle laissa alors son corps glisser jusqu'au sol, sa tête vint rencontrer le parquet et elle se recroquevilla sur elle-même. Elle resta dans cette état déplorable pendant de longues heures... Ce n'est qu'une fois que sa réserve de larmes fut vide que sa respiration reprit un rythme normal et qu'elle parvint à se calmer. Elle se redressa alors lentement et s'appuya contre le sommier du lit. Clara prit une grande inspiration et essuya les dernières larmes qui perlaient sur ses joues. Il fallait qu'elle se reprenne. Elle avait survécu comme par miracle à sa chute, elle devait continuer à se battre. Alors peut être qu'un jour elle réussirait à se racheter.

La Sixième GardeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant