« Il faut faire quelque chose avant qu'il ne soit trop tard. »
Le son d'un claquement de porte se fit entendre à travers la chambre, permettant de me sortir d'un profond sommeil en sursaut. C'était si peu harmonieux qu'il m'avait fait prendre conscience que j'étais bel et bien dans la réalité.
Cette phrase résonnait inlassablement et de façon continue dans mes plus profondes pensées alors que je venais tout juste de reprendre conscience.
Elle se répétait et faisait écho dans ma tête.J'ouvris mes yeux avec agacement et grimaçais une fois que je m'étais rendue compte de la chaleur étouffante de la chambre.
Je massais légèrement mon crâne pour soulager la douleur qui s'était déjà amplifiée dû à un réveil trop brusque, tout en plissant mes yeux à cause du soleil qui tapait en plein dans mon visage.
Je peinais à respirer malgré le masque respiratoire qui m'était attribué, placé sur la moitié de mon visage.
Avec fatigue, je fronçais mes sourcils, essayant de résoudre un puzzle invisible désignant inconsciemment le fait que j'étais accrochée à ces machines massives.
J'avais du mal à réaliser ce qui m'arrivait et, comme toute personne normale se réveillant dans une chambre d'hôpital reliée à plusieurs pavés technologiques, je me posais tout un tas de questions auxquelles je n'avais pas le droit à une réponse immédiate, et sur ce coup-ci, ma patience me jouait malicieusement de mauvais tours.
D'un coup, j'écarquillais mes yeux comme ayant une révélation.
Mon coeur commençait peu à peu à menacer de sortir de ma poitrine tellement l'hypothèse que je m'étais faite semblait véridique.Si j'en crois mon affaiblissement instantané et ma fatigue extrême, si j'en crois les machines disposées dans la salle et cette phrase qui ne cesse de résonner en moi, si j'en crois mes paupières lourdes qui menacent de me refaire plonger dans un profond sommeil malgré mes efforts pour les garder ouverts,
J'ai esquivé la mort.
Dire que je me combats depuis des années malgré moi, et que je jouais littéralement entre la vie et la mort m'attristait au plus au point.
Tous ses objectifs que je m'étais lancée, tous ses rêves que je n'avais pas encore la chance et le pouvoir de réaliser, tous ses regrets avec lesquels je me serais en allée, et surtout cette grosse part de responsabilité ; cette vie que je tenais entre mes mains, comment aurais-je pu mourir en laissant tout cela derrière moi ?
J'en perdis une larme qui n'hésita pas à aller s'entrechoquer contre le drap propre de mon oreiller.
Mon cœur bondissait à toute allure et la machine marquait l'inégalité de mes battements de cœur par des bip sonores qui sonnaient presque anormalement faux.
J'angoissais tellement que mes mains commençaient à devenir moites et j'avais de plus en plus besoin de prendre de grosses bouffées d'air.Une main se posa sur la mienne.
La machine recommença à biper continuellement et sans défaillances ni ambiguïtés. Mon rythme cardiaque reprit la normale.
Je tournais ma tête vers la gauche et aperçus un visage familier.
Il me souriait avec tant d'empathie que ma tristesse et mon anxiété s'étaient réincarnées en euphorie.« Pourquoi est-ce que tu pleures ? Rassure-moi, ce sont des larmes de joie n'est-ce pas ? demanda-t-il en penchant sa tête vers le côté. J'espère en tout cas, la mélancolie ça te va pas. Ton sourire irait beaucoup mieux.
Mes larmes se transformèrent peu à peu en larmes de joie ; une joie presque indescriptible.
Il avait ce sourire si contagieux qui réussissait à tirer les traits de n'importe quel visage vers le bon sens, peu importe le contexte et qui pouvait égayer une journée entière.
Alors j'ai souri bêtement parce que j'étais heureuse.
Son optimiste m'en avait fait retrouvé cette rare émotion par son enthousiasme et sa présence.Je restais une simple fille qui venait tout juste de se réveiller de la réanimation. Pourtant, la première chose qui m'avait fait sourire, ce n'était pas le fait que je m'étais réveillée, mais bien le fait que mon voisin avait pris la peine de venir me voir. Et cette simple marque d'affection avait suffit à m'en coller le sourire aux lèvres pendant une bonne quinzaine de minutes.
Pendant près de deux jours scotchée à mon lit, m'obligeant à rester allongée et dépourvue du fait de pouvoir communiquer avec mon voisin qui venait tous les jours me parler malgré le fait que je ne pouvais pas lui répondre à cause de mon masque qui me retenait en vie, j'étais prête de respirer à nouveau l'air de notre planète à défaut de l'air artificiel.
Le médecin avait estimé que je n'avais plus besoin des machines pour respirer.J'étais tout simplement contente de plus pouvoir m'endormir en me demandant si j'allais me réveiller le lendemain.
Je me sentais libérée.« Suna, même si tu es maintenant apte à respirer sans machine, ne bouge pas trop, d'accord ? Je te dis tout le temps ça, mais cette fois, tu es beaucoup plus vulnérable. Tu as de longues semaines de rééducation qui t'attendent alors ne complique pas la tâche, lève-toi de ton lit seulement lorsque c'est indispensable. » m'expliqua l'infirmière.
« Oui, promis. »
Alors que mon médecin suivi de l'infirmière sortirent de ma chambre après une bonne trentaine de minutes d'explication et d'avertissement concernant mon cas, Jungkook se pointa à la seconde après, attendant presque au pas de la porte d'un air stressé mais également enjoué.
« Suna ! Dit-il. Alors ? Ils ont dit quoi ? »
« Vraiment rien de spécial. répondis-je. En tout cas, plus besoin de respirateur artificiel ! »
Il fit tout d'un coup rassuré et semblait même plus rassuré que moi.
« Je commençais à m'ennuyer sans toi, comme quoi on se connaîtrait à peine mais que tu fais quand même majoritairement parti de ma routine. » dit-il le sourire aux lèvres.
« Merci. » murmurais-je, avec presque une boule dans la gorge.
« Pourquoi tu me remercies ? » demandait-il.
« De me rapporter la chose qui me manquait le plus avant que tu sois là. » répondis-je.
« Qu'est-ce que c'est ? »
« La joie de vivre. » articulais-je.
Il rigola doucement puis s'abaissa vers le sol pour prendre un carnet. Il me fixa, détourna lentement le regard comme étant quelque peu gêné de la situation.
« Pendant ton absence, j'ai commencé à écrire une chanson. » bafouilla-t-il.
« C'est vrai ? » hurlais-je a travers la chambre en essayant de me lever.
Le long monologue de l'infirmière sur le fait de ne pas faire de mouvements brusques me revint en tête.
Ma force physique ne me permettait plus à ce jour de faire des mouvements quotidiens. Je soupirais silencieusement avant de me reconcentrer sur les faits rapportés de Jungkook.« Et bien j'ai commencé à l'écrire en se basant sur notre rencontre, à vrai dire. » avoua-t-il.
« Notre rencontre ? »
« Oui, je voulais te demander si je pouvais utiliser notre histoire d'amitié en guise de paroles. Commença-t-il. Mais je veux surtout pas te forcer, hein ! »
Il se caressa nerveusement la nuque et balayait la chambre des yeux, tout d'un coup intéressé par la couleur blanche qui régnait partout dans le décor.
« Tu penses quand même pas que je vais refuser, si ? » questionnais-je
Il me regarda d'un air totalement innocent, serrant son cahier, posé sur ses jambes.
« Bien sûr que oui, je suis d'accord ! Criais-je presque. Je suis même contente d'être une partie de ta source d'inspiration. »
« Tu es l'entière raison de mon inspiration. »
Il sourit une nouvelle fois, beaucoup plus tendrement puis ouvrit son carnet et débouchona son stylo.
« C'est quoi ton plus grand rêve ? » demanda-t-il, a l'affût du stylo.
« Et bien mon plus grand rêve, ce serait de parcourir le pays. Depuis toute petite, j'ai vécu entre ces 4 murs et je t'avoue que ça me rend triste de ne pas pouvoir découvrir une autre partie de la Corée. Je voudrais tellement sauter par dessus les cours d'eau, marcher sur les rochers, traverser la forêt, tremper mes pieds dans la mer, et marcher sur le sable en direction du soleil couchant, mais tout ça ne m'a semblé n'être qu'un rêve, car je sais bien que je resterai ici pendant encore une bonne partie de ma vie. » énonçais-je.
Je me suis toujours considérée comme anormale, comme un fardeau de la société ; quelqu'un né malchanceuse, quelqu'un né pour être malade.
Je mentirais si je disais que je ne jalouse jamais les jeunes filles de mon âge : resplendissantes, sans problèmes, une vie parfaite, stables financièrement.Évidement, je ne peux que m'engouffrer dans le tas d'amertume lorsque j'aperçois par ma fenêtre la population active, les étudiants et même les enfants marcher dehors et vivre une vie comme toutes les autres.
Moi, je n'ai pas eu cette chance.
Pourtant, le destin m'a montré que derrière une image si sombre de ce décor sans vie pouvait se cacher de merveilleuses choses.
Le destin m'a montré que malgré les situations, il y a toujours un événement qui différenciait notre sourire parmi tant d'autres.Alors je le remercie pour cette rencontre avec mon voisin.
Parce que même par ma situation peu convenable, il a réussi à faire apparaître mon sourire plus de fois qu'en 10 ans entre ces quatre murs.Alors je veux lui retourner cette chance qu'il m'a donné, le pouvoir de l'euphorie qui m'empare à chaque moment que je respire l'air du monde.
Je ne veux plus voir son faux sourire derrière lequel il se cache pour atténuer sa souffrance.Je souhaite apercevoir un avenir dans lequel tu es heureux et toujours en vie.
« Je te promets que le jour où on sortira d'ici, je ferai de ton rêve une réalité. » dit-il.
« 저기 멀리서 바다가 들려, 꿈을 건너서 수풀 너머로.
J'entends la mer au loin, je marche dans ce rêve à travers la forêt. »____________________
Chapitre plus long que prévu, j'ai vraiment pas fait exprès, excusez-moi !
En tout cas, comme d'habitude : déposez moi vos avis les plus sincères qui me serviront à l'amélioration de cette œuvre :)
Et bien évidemment, je tiens à m'excuser pour avoir pris littéralement 5 mois pour sortir un chapitre, c'est complètement absurde.
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Faisons bloc face au virus !
— — — — —Publication : 24 octobre 2020