Chapitre Douze

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Victoria
Quinze Septembre Deux-milles-quatorze


J’essaie d’avancer, mais c’est inutile de dire que tout cela est difficile à l’heure d’aujourd’hui. Bientôt un an que mon père est parti et pourtant, j’ai l’impression que l’enterrement a eu lieu hier matin.

Je produis le même rituel tous les jours, je me lèves, part courir, rentre au bout d’une heure et demie pour me préparer et enfile les plaques de mon père avant de sortir, en rentrant le soir après mon travail, je me mets en pyjama une fois ma douche prise, puis porte la veste de mon père.

Pour le week-end, je ne fais que de travailler, du matin au soir. Je n’hésite pas à faire des heures supplémentaires. Je ne supporte pas de me retrouver seule à la maison de papa.

Son odeur a totalement disparue à l’heure qu’il est, il ne me reste que le souvenir de ce que c’était, parfois, je me dis que si il était du genre à mettre un parfum, je l’aurais acheter exprès pour que son odeur perdure sur son vêtement, malheureusement, il n’était pas comme ça.

Comme un ras le bol, j’ai décidé de tout arrêter, du moins en ce qui concerne tout ce qui est médical, fini les séances de psy, fini les visites avec la diététicienne, je ne comptes désormais que sur moi-même dans tout ce qui tourne à ma santé. Si vraiment je suis malade, j’irais voir mon médecin traitant, en plus, je sais que je peux compter sur mes amis au besoin.

J’ai cru qu’à la première difficulté ils allaient tous me lâcher mais je suis soulagée que ce ne soit pas le cas, pour une fois, j’ai l’impression de compter pour d’autres personnes que mon père.

Après avoir fini mon année en Juin, je me suis rendu compte que je ne pourrais pas reprendre en Septembre.
Déjà parce que ça me fera un rappel constant que mon père n’est plus là et que, malgré tout, la terre continue de tourner, mais aussi parce que je n’ai plus les moyens de payer mes études, j’ai pu trouver un emploi dans la restauration en tant que serveuse et de temps en temps à la plonge, mais malheureusement, je ne gagnes pas des milles et des cents.

Je ne parles pas de l’enterrement, car ça a été pris par l’armée, mais des nombreuses factures liés à la maison, les crédits, sans parler de mon appartement sur le campus.
Cumulons tout ça et rapidement, ma tête se retrouve noyée sous des factures impayées.

C’est pour ça qu’aujourd’hui je me retrouve à déposer mon dernier carton dans une petite pièce chez Alexia. C’est un petit appartement, un style assez cosy, non loin de mon travail et de la fac pour ses études. Je me suis souvent demander comment elle fait pour payer ses études et un logement, surtout qu’elle n’a aucun parent, mais pour ne pas paraître envahissante, je préfère me taire.

- C’est gentil de ta part de m’héberger Alexia, surtout que tu n’étais pas obligée dis-je en posant mon dernier carton dans une petite chambre qui servait de débarras.
- Tu parles ! Ça me dérange pas du tout ! Par contre, je vais bosser donc m’attends pas !
- Bosser ? Dans quoi ?

Finalement, la curiosité m’a fait poser la question. C’est vrai que le soir, hormis travailler dans les bars avoisinants je ne sais pas ce qu’elle peut faire. Surtout en sachant qu’elle n’a pas raté une seule de nos soirées révisions ou même entre amis pour un travail.

En un clin d’œil, je vois ses joues rosir avant qu’elle ne s’assoit sur ce qui est devenue mon lit, d’un geste de la main, elle m’intime de faire de même.

Je me poses lourdement dessus, à quelques centimètres d’elle. Je ne sais pas pourquoi mais mon cœur bat de plus en plus rapidement et mes mains deviennent soudainement moites, je ne le sens pas du tout cette histoire, Alexia semble l’avoir compris car elle me prends doucement la main avant de se mettre à parler.

- Je fais le trottoir, oui avant que tu dises quoi que ce soit, je sais que c’est quelque chose de dégradant, mais c’est ainsi. Je travails à mon compte et je gagne assez bien ma vie.

Après ses mots, elle hausse doucement les épaules avant de se lever et partir en direction de sa chambre, d’un geste lent, je me permets de la suivre en lui demandant comment elle en est à faire ce métier.

Elle m’explique donc qu’elle travail pour son propre compte, en général, elle propose ses services dans les boites de nuits ou dans les bars, ainsi, elle a moins de risque de se faire arrêter pour racolage.

Suite à ses mots, elle s’habille d’une simple robe noire arrivant à mi-cuisse, ses cheveux blond boucler sans aucune attache, puis elle met ses talons avant de passer la porte, non sans m’envoyer un baiser volant avant de fermer la porte.

Cette situation à durer deux mois, seulement je voyais de moins en moins Alexia qui passait presque tous ses soirs dans les bars afin de pouvoir subvenir à nos besoins à toutes les deux. Seulement ce soir, tout allait changer.

Je suis posée sur mon lit, les plaques de mon père posées sur la table de nuit, une photo de mon père et moi encadré dans les mains, je caresses doucement le visage de mon père souriant, j’essaie de me trouver le courage nécessaire pour ce soir.

- Je suis désolée papa, pour ce soir, tu ne vas sûrement pas être fier de moi, mais je n’ai pas le choix… pardonne-moi.

Après avoir posé un baiser sur le cadre et l’avoir reposer, je me diriges, d’un pas hésitant, vers la chambre d’Alexia, après avoir frappé et être autorisée à entrer, je pousses un profond soupir avant de passer le pas de la porte.

Pour ce soir, elle porte un petit short en jeans de couleur noir ainsi qu’un t-shirt kaki avec un col en V qui met sa poitrine en valeur, lorsqu’elle se tourne vers moi, elle ne manque pas d’écarquiller les yeux avant de me poser une question.

- Vicky ? Qu’est-ce que tu fais dans cette tenue ?

C’est vrai que pour ce soir, j’ai décidé de mettre une petite robe de couleur écru, le col est en bateau mais avec une poitrine assez volumineuse, je n’ai pas besoin de mettre de décolleter, prise d’un élan de courage, je m’approche d’elle en la regardant droit dans les yeux.
- Je ne veux pas te laisser tout payer seule, je ne gagne pas énormément au restaurant alors…
- Tu veux te prostituer aussi ? Complète-t-elle en reposant sa brosse à cheveux.

Je me mets à acquiescer, mon courage partie en un rien de temps. Je n’ai pas remarquer qu’elle m’est rejoint hormis lorsqu’elle me prend dans ses bras.

- Pour ce soir tu restes avec moi, me chuchote-t-elle, je ne vais pas te laisser avec une meute de chien affamée, j’ai pas mal de client qui me demandait une double. Lorsque tu te sentiras prête, tu verras seule, mais quoi qu’il arrive, je ne t’abandonnerais pas.

Je me mets à la serrer légèrement plus fort dans mes bras, en signe de reconnaissance, je ne sais pas du tout comment je peux faire pour la remercier avec tout ce qu’elle fait pour moi.

Le fait qu’elle décide d’elle-même de ne pas me lâcher de la soirée me réconforte beaucoup. Après un léger repas, nous partons toutes les deux dans un bar qui n’est pas trop loin.

Alexia, connaissant le videur, me prend la main et entre après avoir posé un baiser sur la joue du gorille qui surveille les aller-venues, et ce, malgré les cris de protestations des personnes qui attendent à l’extérieur.

Mon cœur bat la chamade, j’appréhende énormément ce qu’il va se passer par la suite. Alexia, sentant ma nervosité, m’emmène vers le bar et me fait boire plus que de raison pour me détendre.

La suite, me rappel un peu la première fois avec Charly, deux semaines avant que Noémie soit enlevée. Nous étions hésitants, gaucher, c’était une soirée tendre et pleine d’amour, mais malheureusement pour la partie amour, ce ne fut pas le cas ce soir.

L’homme n’était pas brutal, au contraire même, il était assez doux dans ses gestes, surtout lorsque Alexia lui avoue mon manque d’expérience et qu’il s’agit d’un premier pas dans ce milieu.

J’aimerais dire que l’alcool m’a permis d’oublier une majeur partie de ce qu’il s’est passé, mais ce n’est pas le cas, je me souviens de tout, ses moindres gestes, paroles, soupirs.

Son corps contre le mien, ses mouvements de bassins et les moments où il nous changeait de position, me laissant de temps à autres le dessus, mais surtout, ce dont je ne pourrais jamais oublier, est son crie libérateur lorsqu’il finit par décharger dans son préservatif.

Lorsque nous sommes rentrées, je me suis empresser de prendre une douche, me frottant le corps avec le gant de toilette plus que de raison, j’avoue que pour la soirée, nous avons gagné ce que je récolte en une semaine, d’ici quelques temps, je pourrais reprendre ma vie.

Mais en attendant, il me faut juste être courageuse.

A la recherche d'une soeur Où les histoires vivent. Découvrez maintenant