Zayn me ramène chez moi aux alentours de minuit. En arrivant en bas, nous restons dans sa voiture quelques minutes, silencieux. Il prend la parole pour me souhaiter bonne chance pour le lendemain, mais normalement, je ne devrais pas en avoir besoin. Je vais juste revoir la famille de Louis. Et lui. Mais bon, il ne devrait rien se passer.
En passant la porte de mon appartement, je me rends compte que je n'ai pas ma voiture. Il est minuit, je ne peux pas appeler Louis ou Jay. Je ne peux pas non plus appeler Gemma ou Niall, je ne sais pas où ils sont ou s'ils sont occupés. Je sais que Jay et Louis pourraient m'emmener, mais je sais aussi que Gemma a besoin d'une voiture.
Je souffle en tombant sur mon lit. Finalement, j'envoie un message à Louis. Je sais que Jay n'hésiterait pas une seconde, mais je n'ai pas envie de la déranger.
From Harry : Salut Louis, désolé de te déranger maintenant, mais je voulais savoir, si tu n'es pas allé chez ta mère dès ce soir, si tu pouvais m'amener, demain midi. Gemma n'a plus de voiture et a récupéré la mienne. Bonne soirée.
Je n'ai pas le temps de me changer que mon portable vibre sur mes draps. Je finis tout de même de retirer mon jean avant de récupérer mon téléphone.
From Louis : Salut Harry, tu ne me déranges pas. Bien sûr, je savais que tu n'avais pas ta voiture, Gemma a appelé Niall ce matin pour le prévenir, il n'était pas encore parti de chez moi. Je passe te chercher vers midi, si ça te convient ? Je préviens ma mère que nous venons ensemble, je ne sais pas si elle t'a donné une heure. Bonne nuit, à demain.
From Harry : Merci. Oui, elle m'avait donné une heure, mais si je viens avec toi, je pense que l'heure sera pas trop importante. Bonne nuit, à demain.
Je lui envoie mon adresse dans un autre message.
C'est vrai qu'en plus de récupérer ma voiture, il faut que Gemma m'explique depuis quand elle est avec Niall. En me souvenant de la discussion que j'ai eu avec elle l'autre jour, elle prend soudain sens. Je ne comprenais pas pourquoi elle me demandait ce que je penserais si elle sortait avec quelqu'un que je connaissais... Je comprends mieux !
Je pose mon téléphone sur ma table de nuit et me tourne pour essayer de dormir.
¤
La sonnette de ma porte retentit. Je me dirige vers elle en regardant l'heure. Il est midi moins cinq. Tiens, il a pris l'habitude d'être en avance ? Il était toujours pile à l'heure, voire en retard, avant.
J'ouvre la porte et Louis apparaît devant moi.
- Salut !
- Salut. T'as changé ? En avance maintenant ?Il rit nerveusement avant de me dire que non, il est toujours en retard habituellement. Mais quand ça ne concerne pas que lui, il arrive à être plus ou moins à l'heure. J'acquiesce et lui propose d'entrer le temps que je finisse de me préparer. Oui, parce que moi, par contre, je suis en retard. Enfin, non. Je suis prêt, mais il faut que j'enfile mes chaussures, que j'attrape mon téléphone, mes clés et mon portefeuille... Enfin bref.
- Tu veux boire quelque chose pendant que j'arrive ?
- Non, c'est bon, merci. Oh, t'as un chat ?Effectivement, mon chat vient d'entrer dans le salon. En fait, il alterne entre chez moi et chez Gemma. Il est beaucoup plus souvent chez moi, mais il arrive que Gemma le prenne chez elle de temps en temps.
- Oui, il s'appelle Summer.
- Original pour un chat.
- Ou pas. J'avais juste aucune idée de nom.On rit tous les deux alors que je m'active enfin pour aller finir de me préparer. En revenant, chaussé, avec ma veste et mes affaires, je vois Louis sur mon canapé, mon chat couché sur son torse, moulinant sur son pull.
Je les regarde quelques secondes en souriant tendrement avant de me faire remarquer en me râclant la gorge. Louis tourne la tête vers moi et me sourit. Je m'approche et caresse un peu mon chat avant de demander à la personne sur mon canapé si nous partons. Il acquiesce, décroche les griffes de mon chat qui s'était accrochées dans son pull et se lève.
Le trajet se fait en silence, et quand nous arrivons devant la maison, je ne suis pas vraiment surpris de voir qu'ils n'ont pas déménagé depuis que nous étions au lycée.
Je pense que les filles nous entendent arriver puisqu'à peine sortis de la voiture, nous voyons les jumelles courir à travers le jardin pour rejoindre le portail. Je laisse Louis passer en premier, le suivant. Seulement, alors que je pensais que les filles diraient bonjour à leur frère d'abord, elles le contournent pour venir me sauter dans les bras. Je vois Félicité qui suivais les filles rester un peu en retrait.
Je ris doucement en serrant les jumelles contre moi. Elles ont bien grandi depuis la dernière fois que je les ai vu. Elles devaient avoir six ou sept ans ? Enfin, je dis ça, mais Félicité a aussi bien grandi, elle avait neuf ou dix ans quand je l'ai vu pour la dernière fois.
Quand Daisy et Phoebe me lâchent enfin, elles saluent leur frère en le traînant à l'intérieur. Je m'approche de Félicité, lui fait la bise et elle me prend aussi dans ses bras plus timidement. C'est vrai que j'ai passé beaucoup de temps chez Louis quand j'étais au lycée et que les filles étaient encore au primaire. Enfin, je dis ça, mais Charlotte aussi, elle était déjà au collège, mais elle est en études maintenant, je crois.
Quand Fizzie se détache de moi, nous entrons dans la maison, Johanna vient directement m'accueillir, les deux plus petits restent collés à ses jambes.
- Harry ! Je suis contente que tu sois là. Et je pense que je ne suis pas la seule ! Bon, j'ai pas encore finit de préparer le repas, Dan est dans le salon, tu connais le chemin ? Doris, Ernest, dites bonjour à Harry.
- Je suis content de te voir aussi, Jay. Comme tout le monde ! Vous m'avez toutes manqué ! Et bonjour, Doris, Ernest.
- T'es le monsieur des poneys ?Johanna et moi rions à cette appellation avant que j'acquiesce et me redresse. Je rejoins le salon où je découvre le mari de Johanna, et Louis qui est affalé à côté de Charlotte dans le canapé. En m'apercevant, Dan -je suppose ?-, s'approche de moi.
- Bonjour, je suis Dan, le mari de Johanna.
- Enchanté, Harry, un ami de Louis.
- Moi de même, j'ai cru comprendre que tu étais très important pour toute cette famille, je suis content d'enfin te rencontrer, j'ai entendu parler de toi !Je rougis légèrement, gêné, et échange une poignée de main avec l'homme qui se tient devant moi. Quand il me lâche, Lottie s'approche de moi pour me faire la bise. Elle me fait une rapide accolade mais se décroche de moi assez vite. Cependant, avant de se reculer, elle me chuchote que je n'ai pas intérêt à repartir comme je l'ai fait il y a six ans. Je la rassure en lui disant que je ne comptais pas le faire et elle me sourit.
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- Louis, viens mettre la table, s'il te plaît.
- J'arrive.
- Je vais t'aider.Je me lève et le suis dans la cuisine. Cela fait une heure que je suis là, nous avons parlé un bon moment et dans la même ambiance chaleureuse que celle dont j'avais le souvenir, j'ai appris un peu à connaître Dan, les filles Tomlinson m'ont toute parlé de leurs cours, de ce qu'elles faisaient à côté... Les jumelles m'ont demandé si je mettais encore du vernis, cette information a légèrement surpris leur beau-père qui n'a pas fait de réflexion. Je leur ai dit que ça m'arrive de temps en temps mais qu'avec mon travail, ça ne sert pas à grand chose.
Lorsque Jay m'a vu débarquer dans la cuisine, elle m'a souri en me disant que les vieilles habitudes ne se perdent pas, apparemment et je lui ai répondu d'un rire.
Le repas se passe dans la même ambiance détendue que l'apéritif, ça m'a fait bizarre de venir ici, maintenant. La dernière fois que je suis venu, j'avais dix-neuf ans, je crois.
En terminant le dessert, Louis regarde rapidement sa mère qui semble comprendre puisqu'elle hoche la tête sans qu'il n'ait besoin de dire un seul mot. Il me demande si je peux aller avec lui, donc j'acquiesce. Je demande s'il faut que je débarrasse, mais Johanna me dit que les filles vont s'en charger. Ces dernières râlent sous le rire de leur frère et le mien. Je me lève de table et le suis dans sa chambre. La déco n'a pas changé depuis la dernière fois que je suis venu.
Je m'assois sur son lit alors que lui tourne sa chaise de bureau vers le lit. Il s'y assoit et évite mon regard un long moment.
- Louis ? Tu peux me parler, tu sais ?
- Oui, je sais, mais... Mais je sais pas par où commencer...
- Dis-moi comme ça te vient.Il reste silencieux quelques instants et se lance enfin. Ou pas, d'ailleurs...
- Ça fait longtemps que t'es pas venu... C'est drôle de te revoir ici...
- Ouais... Pour moi aussi, ça fait bizarre...Finalement, il lève les yeux vers moi. J'y lis du doute, je comprends qu'il n'ose pas aborder le sujet qu'il veut. Il ferme les yeux quelques secondes avant de les rouvrir et je laisse les miens se perdre dans le bleu des siens.
- Bon, autant commencer par le commencement. Je sais que ça remonte à il y a huit ans, mais pourquoi as-tu rompu avec moi ?
D'accord, je ne m'attendais pas vraiment à cette question.
- Tu semblais stressé par notre couple, dès que nous étions dehors, tu n'osais rien, je ne pouvais même pas te frôler quand nous étions ailleurs que chez toi ou chez moi... J'avais l'impression que tu avais honte de moi, même si avec le recul, je me rends compte que tu avais juste peur, mais étant donné que je n'ai jamais eu de problème à me montrer comme je suis, je ne comprenais pas à l'époque et j'ai pensé que tu te sentirais mieux sans la pression que ça semblait être, de sortir avec moi. J'espérais aussi qu'on soit à nouveau aussi proche qu'à l'époque, mais ça... À part vendredi soir, ça n'était jamais revenu.
Je le vois encaisser. Il va avoir vingt-six ans à la fin de l'année, j'en ai eu vingt-cinq, je pense qu'il faut qu'on parle à coeur ouvert si on veut repartir sur de bonnes bases. Surtout qu'on a grandi maintenant. Je pense qu'on est capable de parler et de mettre les choses à plat comme on aurait dû le faire il y a des années, et surtout, je pense qu'il faut au moins qu'on parle de nous aujourd'hui.