Livye s'avance vers la porte grillagée.
— Ne fais pas un pas de plus et ne touche pas la porte, la préviens Yun-Caï. À notre contact, les barreaux délivrent un arc d'électricité puissant qui nous repousse.
— J'en ai marre d'être enfermée ici ! J'ai besoin de boire de l'élixir et je veux rentrer chez moi !
Aliwer se lève et rejoint ma meilleure amie, qui fait les cents pas.
— Calme toi, Livye. Ils ne pourront pas nous retenir indéfiniment. Aaron voudra bientôt nous voir.
— Et comment tu sais ça ? demande t-elle.
— Je lis dans les pensées. C'est ma faculté. Et c'est ce qu'il a décidé tout à l'heure quand on a parlé. Comme toi, qui peux voir les auras sur les immortels.
Elle hoche la tête pour indiquer qu'elle a compris et va s'asseoir lourdement sur le lit.
— Franchement, je me suis jamais senti aussi mal..., je marmonne.
Ma vision se trouble et mes tremblements sont de plus en plus incontrôlables. J'ai des spasmes, comme si j'avais très froid. Je me sens faible et j'ai envie de dormir.
Yun-Caï pose une serviette froide sur ma tête et me couvre un peu mieux.
Le regard d'Aliwer croise le mien. J'y lis toute son inquiétude.
Il s'approche et me prend la main. Elle est toute grise, comme prête à se casser.
— Ne t'inquiète pas. Ça va aller. Tu devrais dormir un peu. Tu n'as pas pris d'élixir depuis longtemps et toutes ces révélations ont sappées ton énergie.
— Je n'ai pas envie... J'ai besoin de le voir, de comprendre...
— Mais comprendre ne te servira à rien, si tu n'es plus là, me rappelle Yun-Caï, avec douceur. Aliwer à raison.
Et en quelques secondes, je ferme les yeux et plonge dans un sommeil agité.
****
— Il va bien finir par nous laisser partir. Il faut bien que je rentre chez moi ! Et qu'est-ce que je vais dire à ma mère ? Il doit être au moins deux heures du matin !
— Je sais, je réponds en serrant les poings. Mais ils nous utilise pour quelque chose de bien précis. Et si on veut partir, il va falloir être plus malin que lui.
Myla bouge dans son sommeil. Elle grommelle quelque chose.
Yun-Caï ferme les yeux et se concentre. Avec quelques flashs discrets, une copie conforme de Myla apparaît devant nous, comme si elle était en forme.
— Je pense que j'ai un plan, annonce-t-elle en se tournant vers nous.
— Je t'en prie. Nous t'écoutons, je répond sérieusement.
— Grâce à mon don d'illusion, je peux faire apparaître une Myla, copie conforme de la vraie, comme à présent. Aaron la verra et la prendra pour sa fille. Il sera forcément occupé à lui parler. De son côté, Lyvie pourra nous indiquer les auras de chacunes des personnes dans la pièce. Éternels ou humains, la différence sera facile à trouver pour nous. Le tout c'est que Lyvie reste discrète. Si Aaron découvre qu'elle a ce don, il cherchera à l'enroler dans son armée. Un nouveau-né immortel, voit son don multiplié par dix, donc Lyvie y arrivera très facilement. Et pendant qu'ils sont occupés à discuter, toi Aliwer, tu utilisera ta faculté à te téléporter et tu prendra la vraie Myla avec toi. Vous vous enfuierez.
Je réfléchis un moment. L'idée n'est pas bête. Avec un peu d'organisation on peut y arriver.
— Je suis stressée, mais prête à le faire, annonce Livye. Mais qu'est-ce qu'on fait de la vraie Myla ?
— Elle va rester allongée, ici. Je ferai apparaître un voile pour la dissimulée en attendant qu'Aliwer ne vienne la chercher.
***
Heureusement, vers trois heures du matin, une esclave humaine nous apporte de l'élixir.
Elle est seule et ouvre la porte avec une grosse clé.
— Elle est fatiguée, je l'aperçois à son aura bleu nuit tachetée de gris.
J'ai tout à coup une idée, alors qu'elle ferme la porte derrière elle.
Livye, qui est allongée sur le lit, se réveille d'un coup. Myla quant elle, ne bouge pas et continue de dormir.
Yun-Caï qui se lavait les mains, se tourne vers l'humaine brune au cheveux frisés.
Les filles. J'ai un plan.
Au son de ma voix dans leur esprit, elle changent d'expression mais ne se tournent pas vers moi.
Balance, ordonne l'amie de Myla d'une voix pressée.
On laisse tomber le plan de la dissimulation. Prise d'otage.
Directement, leurs yeux se posent sur l'humaine qui pose quatre fioles d'élixirs sur une petite table.
— Merci, je glisse à l'humaine pour donner le change.
Je lis dans sa tête, sa crainte, le visage de son "aspirant" en colère qu'elle soit en retard, sa prochaine punition.
— Je vais lui donner de l'élixir, annonce Livye en s'approchant de Myla.
L'humaine prend ses clés pour ouvrir la porte. Quand elle est dos à nous, je lance un regard à Yun-Caï.
Maintenant !
Elle fait apparaître un mur de brique devant la porte de la cellule en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire.
Surprise, la jeune femme se recule.
— Comment tu t'appelles ? je demande en me matérialisant derrière elle.
— Ju... June, articule-t-elle effrayée.
— OK, June. Si tu nous écoutes bien, je te promets de te faire sortir de là. Tu ne seras pas puni et ton aspirant ne te retrouveras pas, je dis gentiment.
Son aura devenu marron se teinte de vert foncé, signe de son soulagement.
Je ferme les yeux et fait apparaître un Berreta 92, déjà chargé.
— Yun-Caï, prends l'arme et attrape la fille. Livye, quant à toi, tu vas porter Myla et tu nous préviendra si on croise un humain ou un éternel. Comme l'a dit Yun-Caï, tu ne devrais avoir aucune difficulté.