Il y a très, très longtemps, sur les berges glacées de l'Oural, vivait Ivan-le-gringalet. Ivan était petit, maigrelet et pas bien costaud ; il était si fluet qu'on avait l'impression que le moindre coup de vent pouvait le faire s'envoler ! Mais ce n'était pas uniquement à cela qu'il devait son surnom : en plus d'être plus fragile qu'un fétu de paille, l'homme était assez candide. Naïf et facilement manipulable, il était la victime de nombreux farceurs et arnaqueurs. Les gens qu'il croisait se moquaient régulièrement de lui, si niais et si fragile ; pauvre Ivan-le-gringalet !
Dans le pays qu'Ivan habitait s'était établit un tsar descendant d'une célèbre lignée, Nicolas Alexeï Lienevsky. Cet empereur se flattait d'être de si noble extraction, et disait que son sang lui donnait un rang supérieur à toute autre personne. Hautain et arrogant, il aimait montrer sa supériorité en rabaissant les plus faibles ; c'est pourquoi il avait toujours à ses ordres un valet à qui il faisait exécuter les tâches les plus ingrates.
Le tsar entendit un jour parler d'Ivan-le-gringalet et fut désireux de l'avoir à ses ordres : employer cet homme si faible et chétif en tant que valet devait être amusant ! Sa décision fut vite prise, la tentation étant trop forte et l'occasion trop belle. L'empereur envoya donc chercher Ivan pour le ramener à son palais.
Ivan se reposait dans son isba quand les gardes vinrent le trouver.
« Ivan-le-Gringalet ! crièrent les gardes. Au nom de notre tsar, ouvre ta porte !
- que me veut-il ? demanda Ivan, surpris qu'un tsar souhaite le rencontrer. Ai-je commis quelque méfaits ?
- nullement. Répondirent les gardes. Il te demande à son service. »
Ivan, qui était victime de nombreuses méchanceté, doutait qu'un tsar ait envie de quelqu'un comme lui à son service, et comme il tardait à ouvrir la porte, les gardes l'enfoncèrent puis se saisirent de l'homme.
Arrivant plus tard au palais de Nicolas Alexeï Lienevsky, Ivan-le-Gringalet s'étonna que cela ne fût pas une blague : le tsar voulait réellement le rencontrer ! Ce dernier voyant Ivan pour la première fois, le trouva fidèle à sa description.
« Je te veux à mon service, Ivan-le-Gringalet. fit le tsar. Il me faut un nouveau valet et ce sera toi.
- sûrement pas ! » répliqua Ivan qui n'avait aucune envie de travailler pour ce tsar.
Mais on ne répond pas de cette façon à un homme de lignée, alors les gardes battirent l'homme à coups de bâtons. Une fois pour le punir de son irrévérence et une autre fois pour qu'il dise oui la prochaine fois que Nicolas Alexeï Lienevsky lui poserait la question.
« Tu vas dorénavant travailler à mon service. dit le tsar qui se réjouissait de maltraiter Ivan. Il te faudra te lever tôt et te coucher tard pour remplir tes tâches. Tu coucheras dans la remise au-dehors mais tu n'auras pas le droit de dormir tant que je ne serais pas pleinement satisfait de ton travail.
- sûrement pas ! redit Ivan sans réfléchir. Je préfère me reposer dans mon isba plutôt que d'habiter une remise et devoir sans cesse travailler ! »
Alors les gardes le prirent et le battirent à nouveau, deux fois pour son insolence et encore deux fois pour qu'il dise oui.
« Tu devras exécuter tous mes ordres et si je juge que ton ouvrage n'est pas convenable tu devras le refaire sans protester. continua le tsar. Si je te dis de faire quelque chose, tu le feras. Si je te dis de ne pas faire quelque chose, tu ne le feras pas. Si jamais tu me désobéis mes gardes te battront jusqu'à ce que tu jures de ne plus recommencer. Si j'ai envie de te faire battre, je te ferais battre et tu ne protesteras pas.
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Petites Histoires D'un Soir-contes, mythes et légendes
Short StoryDans ces univers multiples, parfois étranges, se côtoient la réalité et le surnaturel. On y trouve des mondes magiques, où foisonnent des créatures aussi merveilleuses que malveillantes ; des mondes où s'affrontent des pouvoirs et des volontés con...