« Mon meilleur mensonge, est de te faire croire que je te déteste »

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"Sans même lancer un dernier regard à Palette, ma magie s'activa. Me téléportant là où était réellement ma place. Le noir profond du Void devint gris avant de prendre de sombres couleurs qui, étrangement, me firent frissonner de déplaisir. J'étais bon pour tout réapprendre. Retombant dans une étrange demeure, je ne fus pas étonné de me retrouver cavité nasale à cavité nasale avec Rea... Reaper, des univers Fells, ceux que je n'aurais jamais dû quitter. Et pourtant ceux dans lesquels je n'étais jamais venu. La Faucheuse en face de moi m'adressa un sourire narquois, et pourtant. J'avais vécu trop longtemps avec des gens bien trop honnête pour ne pas voir la pitié qu'il avait à mon égard. Ce qui m'arracha un grognement désespéré alors que je détournais le regard. C'était une chose que je n'acceptais de personne, la pitié. Même celle de mon... de Palette, m'était tout bonnement insupportable.
- Et maintenant? Hasardais-je avec méfiance.
- Maintenant il va falloir aller voir tes parents. C'est... Obligatoire, Palette.
Grognant à l'entente de ce nom, je ne pus m'empêcher de le fusiller du regard.
- De un, c'est Colonna. De deux, je me passe de tes obligations vieux serpent. Feulais-je, peu enclin à voir la réaction de l'Error de cet univers face à ma présence.
- Petit chat, tu n'as pas le choix. Il faudra que tu le fasse un jour ou l'autre. Rétorqua le Dieu de la Mort, semblant au minimum comprendre mon abstention.
- Au plus tard alors!
Enfonçant mes mains dans mes poches, je ne pus m'empêcher de trembler. J'en avais déjà marre d'être ici. Balayant la pièce du regard, mes pupilles roulèrent dans mes orbites, il y avait trop de noir et de rouge. J'en venais presque à regretter les couleurs pastels de cet abruti de Palette. J'allais en faire le commentaire quand le craquement du plancher me fit sursauter et me retourner en une fraction de seconde, main levée et prête à frapper. Face à Goth... Un Goth à la cape noire, bien loin de ressembler au bibliothécaire que j'avais toujours connu... Sa seule pupille rouge s'écarquilla face à ma réaction, et son mouvement de recul m'offrit une certaine satisfaction.
- Quelle rencontre fracassante... Siffla le père de ce dernier, moqueur.
- P-Pardon! Je... voulais juste savoir avec qui Père pouvait bien parler... S'excusa le squelette me faisant face en se cachant derrière son écharpe. En détournant le regard.
- Goth...
Ma voix n'avait été qu'un murmure, lui faisant pencher le crâne sur le côté tandis que j'abaissais mon bras, inconsciemment incapable de lui faire le moindre mal. Secouant la tête, mon esprit redevint clair et limpide en quelques secondes avant que je ne l'ignore simplement.
- Tu es? Hasarda-t-il, bien trop polit à mon goût.
- Palette. C'est Palette.
- CO-LO-NNA! Colonna. Pas Palette. Abruti de serpent. Sifflais-je à l'attention de Reaper, qui ricana, tandis que son fils haussait les épaules."

Un faible soupir glissa entre mes dents tandis que j'essayais de me débarrasser de mes souvenirs, tout en m'essuyant les mains distraitement sur ma chemise. La tâchant de sang une nouvelle fois sans même y faire attention. Cela devait bien faire six mois que j'étais revenu chez "moi". Dans la sphère Fell tout en regrettant amèrement d'avoir quitté la sphère Originelle. J'allais m'éloigner quand le monstre à mes pieds remua encore, légèrement dans la tentative de me faire tomber. En vain puisqu'au final, il partit en poussière après un coup de pied en pleine mâchoire. Regardant autour de moi, je ne pus que soupirer de lassitude. Chaque jour était identique. Insulter, frapper, tuer... Pousser Goth à bout, le taquiner, le faire rire, l'énerver... Manger sommairement et dormir au moins souvent possible. Son caractère bipolaire me faisant hésiter sur quel comportement adopter avec lui, bien que la plupart du temps, il s'occupait de mes besoins de soins. Sans oublier de me rappeler ô combien je devrais faire attention et me faire discret, au risque de ne pas faire long feu. Observant l'être à mes pieds, mes dents s'étirèrent en une grimace lasse et dégoûtée alors que je faisais volte-face. Ma réalité était différente de la leur, et tuer n'était pas réellement dans mes habitudes. Ce qui faisait qu'en trois mois, j'en étais à six assassinats, non voulu. M'éloignant lentement et comme si de rien était, je me mis à fredonner comme à mon habitude, marchant sans réel but. Au bout d'une dizaine de minutes de marche, ce fut la sonnerie de mon téléphone qui me fit m'arrêter. Jetant un coup d'orbite à ce dernier, mes dents laissèrent passer un faible soupir alors que je décrochais.
- Je t'écoutes. Soufflais-je d'un ton doux.
- Où es-tu? Ça va faire une heure que je t'attends.
- J'arrive, j'arrive. J'ai rencontré quelques "amis" sur le chemin. Fredonnais-je doucement en me remettant en marche, me repérant rapidement pour trouver l'itinéraire le plus rapide en direction du lieu que l'on utilisait pour se retrouver.
- J'en conclu que... Je t'attends, bouges-toi, j'ai pas que ça à faire.
Et sur ces douces paroles, il raccrocha sans plus de cérémonie, m'arrachant un éclat de rire avant que je ne décide de me téléporter, apparaissant devant lui en le faisant sursauter.

D'humeur moqueuse, je ne pu m'empêcher de lui accorder un léger sourire narquois.
- Eh bien... Je ne savais pas que j'étais aussi effrayant.
- Arrêtes de dire n'importe quoi. T'as vu ton état? Sérieux... Tu peux pas, juste une fois dans ta vie, arriver normalement? Grogna-t-il sans que je ne lui prête réellement attention.
Me laissant glisser contre le mur, je pouvais parfaitement sentir le poids de son regard alors que mes dents s'étirèrent en une grimace de douleur non dissimulée. Maintenant que j'étais un peu plus calme, je prenais conscience du fait que mes côtes étaient fêlées, ce qui semblait être le cas pour mon tibia aussi. Et comme si cela ne suffisait pas, je pus sentir l'ombre de Goth me surplomber quelques secondes après, me faisant grogner de négation.
- Ne t'approche pas de trop près!
Il s'arrêta comme demandé, sans pour autant s'éloigner. Au contraire même, il finit par s'agenouiller à ma hauteur, plantant son unique pupille dans les miennes.
- Tu t'es encore battu... Souffla-t-il, d'un air presque triste.
- En quoi est-ce que cela te regarde, Goth?
- En beaucoup plus que ce que tu le penses Pal... Colonna. Articula-t-il en silence.
Cela lui arrivait encore quelques fois de s'emmêler entre les deux noms, son serpent de père s'amusant à m'appeler "Palette" à tout bout de champ. Grognant faiblement, je ne fis que détourner le regard, peu enclin à lui laisser voir que j'étais actuellement en train de souffrir.
- Je... Ouais, il a encore fallut que j'en frappe quelques uns. Soupirais-je, trop honnête avec lui. J'ai pas fait assez attention, mes côtes ont prises.
Un faible soupir de lassitude échappa au squelette encapuchonné alors qu'il se rapprochait lentement, ignorant mon grognement alors que sa magie s'activait. Pas du genre à soigner, il se tentait souvent à le faire de temps en temps quand cela me concernait, et pour rien au monde je n'aurai accepté d'avouer qu'il me faisait un bien fou dans ce genre de cas.
- Tu ne fera donc jamais attention? Hasarda-t-il, sur le ton de la conversation tout en se concentrant sur mes côtes.
- Je sais faire attention, j'ai juste pas l'habitude de me laisser insulter.
- Non... Ce que je veux dire, c'est que tu es partis en lui, leur? accordant le droit de vivre, tu prends des risques Col'. Soupira-t-il, sans la moindre conviction de me faire changer de comportement pour autant.

Préférant ne rien répondre, je pris juste le temps de m'installer un peu plus à mon aise contre le mur en appréciant la sensation de sa magie en train de m'envelopper. Fermant les orbites, un faible soupir de bien-être glissa entre mes dents alors que ma main glissait le long de son bras jusqu'à son épaule et finalement sa nuque. Et sans le laisser finir ce qu'il était entrain de faire, j'eus cette envie folle de l'attirer contre moi et de l'embrasser, le figeant sur place. Happant sa langue de la mienne, j'eus l'intime plaisir de voir ses pommettes se colorer d'une légère teinte violette, jusqu'à ce qu'il ne s'écarte, sans se dégager de mes bras pour autant.
- Mais qu'est-ce qu'il t'as prit?! siffla-t-il, plus choqué que furieux.
- Une envie, tu connais?
- En pleine rue?! T'es complètement con ma parole! Le ton de sa voix me fit éclater de rire.
- Goth... On vient ici parce qu'il n'y a personne.
- Je m'en tape! Souffla-t-il à l'étouffer.
- Hmm...
Pour toute réponse, mes dents retrouvèrent les siennes sans douceur aucune alors que d'une main j'atteignais sa colonne vertébrale et la descendait d'une griffure, le faisant se cambrer presque contre son gré en le retenant contre moi. Par vengeance, je pouvais sentir ses mains se resserrer sur mes côtes à moitié réparées et d'un certain point de vue, je m'en moquais clairement. Goth était le seul à connaître la réelle faiblesse que j'avais, ainsi que mon réel passé. C'était d'ailleurs le seul qui, par conséquent, avait le droit de m'approcher de certaines manières. Sans prendre en compte le fait qu'il pouvait s'énerver ou même me faire mal, mes bras glissèrent autour de sa taille pour lui bloquer toute fuite. Comme je m'y attendais, il prit le temps de se débattre une dizaine de secondes avant de m'assassiner du regard et de se laisser faire. C'était ce que appréciait le plus, il m'accordait des pauses dans la brutalité de cet univers. "Je vais encore le payer cher ce coup-là..." Sifflotais-je mentalement en le sentant se détendre enfin. Mais pour l'heure, ce qui m'importait réellement était la petite bulle extrêmement fragile qu'il nous était facile de nous créer.

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