6

912 131 3
                                    

N- Si vous pouviez vivre jusqu'à 90 ans et garder soit l'esprit soit le corps d'un trentenaire pour les soixante dernières années de votre vie, que choisiriez-vous ?

H- Oh, c'est quoi cette question ?

N- Tu passes ton tour ?

H- Je sais pas, euh, je dirais que je préfère avoir le corps d'un trentenaire mais pas l'esprit. Je veux me laisser une chance de ne pas me rendre compte que j'arrive au bout de ma route.


Nina me regarda d'une drôle de façon, elle semblait avoir aimé ma réponse.


H- Et toi ? l'encourageai-je.

N- Je crois que je répondrais comme toi, mot pour mot.

H- Wouah, on est vraiment connectés tu trouves pas ? dis-je ironiquement.

N- Ou tu fais exprès pour essayer de me mettre dans ton lit !

H- Est-ce que ça marche ?


Nina regarda autour de nous en faisant une moue dubitative exagérée.


N- Eh bien, on est dans mon appartement, mon salon, mon canapé. Je dirais qu'on est loin du compte.

H- Mais la soirée n'est pas finie !

N- C'est vrai !


J'avais tellement envie de me lever de ce foutu canapé pour me pencher sur elle et l'embrasser encore. C'était un désir puissant, c'était fulgurant et nouveau. Mais je voulais l'écouter encore, je voulais en savoir plus sur elle. Et peut-être voir plus loin qu'une nuit, plus loin que ce soir ?


N- En fait, reprit-elle, peut-être que j'ai changé d'avis. Garder un esprit vif c'est bien aussi. Pouvoir être soi et lucide. Et pouvoir dire au-revoir aux gens qu'on aime. C'est probablement effrayant de se rendre compte qu'on va mourir. Mais si nous on s'en va, les gens qu'on aime restent. peut-être que quand notre temps est compté, il est temps de penser à ce qu'on laisse ?

H- Peut-être que tu peux dire ce que tu as à dire avant ça.

N- Oh ! Tu es de ceux qui disent tout ce qu'ils ressentent aux gens qu'ils aiment ? En temps réel ?

H- Exactement.

N- Tout le temps ?

H- Toujours.

N- Ce doit être épuisant d'être si parfait, je te plains !


Elle fronça les sourcils sur son regard moqueur. Il ne m'en fallait pas plus pour lancer les hostilités en lui balançant un des coussins de son canapé à la figure. Juste assez haut pour lui passer au dessus du visage mais assez bas pour endommager son chignon fragile.


N- Han ! expira-t-elle en me faisant les gros yeux.

H- Et alors, tu vas faire quoi ? dis-je en riant déjà.

N- Tu vas me le payer, peut-être pas tout de suite, peut-être pas ce soir, mais tu le paieras ! menaça-t-elle en me pointant du doigt.


J'avais hâte.

Parle moi de nousWhere stories live. Discover now