Nous étions proches des coordonnées du malade mais aucun parc à proximité pour nos chevaux, nous les avons donc laissés dans une cour d'une maison abandonnée avec les portillons ouverts.
Nous sommes piles sur les coordonnées indiquées par Léo, en face se situe une maison de ville grande en hauteur. A première vue, il n'y a pas âme qui vive à l'intérieur et tout est extrêmement silencieux.
"-Sûr que c'est là ? On dirait qu'il n'y a personne.
-Certaine. Regarde le GPS, lui ai-je certifié en lui montrant l'appareil.
-Okay on fait quoi maintenant ?
-Rex passe devant, il flaire le danger quand il y en a et il nous aidera à trouver le malade plus rapidement. Je passe ensuite et toi tu fermes la marche et tu couvres nos arrières.
-Ca me va.
-Okay, c'est parti."
J'ai rajusté mon bonnet et mon cache-nez avant de commencer à marcher à pas de loup derrière Rex. Il a d'abord fait une inspection du rez-de-chaussée, avant de commencer à aller vers l'étage. Les premières pièces étaient des chambres et une salle de bain mais personne à l'intérieur. Je commence à croire qu'on s'est fait avoir.
"-Eh Alicia, l'endroit me dit quelque chose.
-Chut, ai-je coupé."
Rex s'est arrêté et a redressé ses oreilles vers la chambre du fond, la porte est entrouverte mais nous n'entendons rien. Nous avons prudemment, je sors la lame de mon couteau-suisse. Près de la porte, j'arrête Rex et observe par l'entrebâillement de la porte. A première vue, il y a un lit double avec quelqu'un sous la couette, immobile. J'attends de voir s'il y a du mouvement avant d'entrer mais rien. Toujours dans le plus grand des calmes, Rex s'approche du lit et renifle la personne, s'il grogne c'est que c'est un infecté et qu'il faut déguerpir au plus vite. Rex finit par aboyer pour nous dire qu'il est malade mais pas infecté. Je fais signe à Alex de rester en arrière tandis que je m'approche doucement vers le lit pour dégager le visage de la personne. Mon couteau-suisse est tendu vers l'avant en cas de riposte et d'un coup sec je tire la couette.
"Chris, s'est exclamé Alexandre. Qu'est-ce que tu fais ici ?"
Il s'agit effectivement de Christophe, mais il a l'air sacrément mal en point. il ouvre péniblement ses yeux fiévreux et arrive à articuler :
"-Alex ? C'est toi ?
-Oui mon vieux c'est moi, confirme-t-il en s'approchant. Mon Dieu, qu'est-ce qu'il t'est arrivé pour que tu sois comme ça ?
-J'avais trop soif et j'ai pu la première bouteille qui m'est tombé sous la main mais l'eau ne devait pas être bonne.
-Je confirme, ai-je répliqué sarcastiquement.
-Oh salut Alicia, m'a-t-il dit.
-Salut Chris.
-T'inquiètes mon vieux, on va te sortir de là, a ajouté Alexandre.
-Attends Alex, l'ai-je arrêté. Faut voir si nous pouvons le déplacer.
-Sinon quoi, a-t-il questionné.
-Sinon faut attendre l'armée. Me regarde pas comme ça je peux rien y faire. Pousse toi un peu s'il te plaît."
Je me suis approchée de Chris et j'ai posé ma main sur son front : il est brûlant de fièvre. Et quant à ses yeux, il reflète sa fièvre et son mauvais état.
"-Ca fait combien de temps que t'es comme ça, lui ai-je demandé.
-Une semaine peut-être.
-T'as pris des médocs pour faire baisser la fièvre.
-Non rien trouver.
-Tu te sens de faire un petit voyage jusqu'à chez nous.
-C'est loin ?
-Le village à côté de là où habitait Alexandre, donc oui c'est un peu loin.
-On partirait quand, a voulu savoir son meilleur ami.
-Le plus tôt possible. Il y a plus d'infectés dans les grandes villes que dans les campagnes.
-Je me sens de partir, a annoncé le malade.
-Parfait on décolle, ai-je déclaré.
-Quoi mais Alicia, il tient à peine debout !"
Soudain Rex a grogné et mon cœur s'est mis à battre à cent à l'heure. Des infectés sont pas loin.
"Alex, discute pas. Aide-moi à le porter."
Sans un mot, nous avons pris Chris sur nos épaules et l'avons aider à marcher. En bas de la maison j'ai sifflé et nos chevaux sont venus au petit trop. Rex grognait toujours et regardait dans une direction précise. J'ai retiré la chariot d'Amiro pour le placer sur Ange. Alexandre et moi avons ensuite placer Christophe dedans en le mettant dans un sac de couchage. J'ai pris un sac de couchage et j'ai fourré un peu à manger et à boire dedans avant de l'attacher dans mon dos à l'aide d'une corde que j'avais emporté par précaution. J'ai décroché le GPS de mon cou, ai mis les coordonnées de la maison et je l'ai mis autour du cou d'Alexandre.
"-Dedans j'ai mis les coordonnées de la maison, rentre directement et si tu es trop fatigué il y a une petite cabane sur le chemin.
-Attends et toi, tu vas faire comment pour rentrer ? Pourquoi tu restes pas avec nous ?
-Il y a des infectés pas loin, lui ai-je chuchoté. Je vais les éloigner de vous pour que vous rentriez un peu plus sereinement.
-J'ai pas envie de te perdre une seconde fois.
-Si je reste avec vous, on y passe tous. Ecoute, ai-je repris plus calmement. Rentre à la maison, va soigner Chris, je connais le chemin et je vais m'en sortir.
-Promets le.
-Je te le promets. Maintenant va et sois le plus discret possible."
Il est parti d'un hochement de tête en trottinant le plus discrètement vers la sortie de la ville. Quel horrible mensonge, je n'avais qu'une brève idée du chemin à emprunter mais il fallait éloigner les infectés. Je suis montée sur Amiro et j'ai commencé à le caresser et lui parler pour l'apaiser :
"Eh, ça va aller mon beau. Calme-toi, tout va bien se passer."
En réalité, j'essayais plus de me convaincre moi-même, je n'ai aucune idée de comment cela peut se passer ni de ce que je suis en train de faire. J'ai commencé à avancer dans la rue que fixe Rex en grognant depuis tout à l'heure. En me voyant avancer dans cette rue, mon chien se met à japper, il est inquiet et moi aussi.
J'avance le plus silencieusement possible dans la rue pavée. On dirait qu'il n'y a personne mais Rex a toujours l'air tendu. Sans le savoir, Amiro bouge un caillou de son sabot et attire l'attention d'un groupe d'infectés face à nous que je n'avais pas encore repéré. J'ai voulu faire demi-tour mais d'autres étaient aussi derrière nous. Nous étions encerclés. Ils se rapprochaient de plus en plus et Amiro paniquait au fur et à mesure de leur progression, mon cerveau réfléchissait à toute vitesse à un échappatoire possible. Ni une ni deux, j'ai dit à Rex de sauter sur Amiro, j'ai fait tourner mon cheval dans notre direction initial et lui ai crié de sauter au dessus du groupe d'infectés. Ce qui ne leur a pas plus parce-qu'ils se sont tous mis à nous courser. Je connais pas bien cette ville puisque je n'y vais que pour aller au lycée mais heureusement j'avais une idée de où j'étais. En tournant dans plusieurs rues, j'ai réussi à atterrir dans le centre-ville, une aubaine parce-que maintenant je savais parfaitement où j'étais. Beaucoup d'infectés sillonnaient le centre-ville mais ont tous immédiatement compris que nous étions des êtres sains, parfait pour leur déjeuner. J'ai continué à galoper jusqu'à la gare, je prenais le train pour venir et partir d'ici, je sais donc quelle voie prendre. Un rapide coup d'œil aux panneaux d'affichage me permet de savoir qu'il faut que j'emprunte la voie 4.
Ce sont principalement des graviers qui recouvrent les voies ferrées ce qui ne fait pas du bien à Amiro. Je l'ai encore fait avancer un peu avant de l'arrêter pour inspecter ses sabots. J'ai retrié le maximum de petits graviers pour le soulager et j'ai continué d'avancer à pied. Mon plan pour rentrer est simple : suivre les railles jusqu'à la gare d'Amicourt. Mais tout faire en une nuit m'est impossible, je me suis légèrement écartée des railles pour aller me nicher entre les buissons adjacents. j'ai déplié mon sac de couchage et j'ai mangé un peu avant de m'endormir. J'espère que les garçons n'ont pas eu d'ennuis.