Le colis

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Angleterre: 14h34:

Matt:

Je déteste prendre le bus.
C'est bruyant, pleins de personnes qui gesticulent. Des enfants qui te détruisent le dos en donnant des coups de pieds dans ton siège. L'air est dense, emplis de l'odeur de sueur des passagers.... beurk!

Aujourd'hui Edd est partit présenter ses dessins à un animateur professionel. J'ai décidé d'en profiter pour retourner à notre ancienne boîte postale et (j'espère) récupérer le colis que j'attend depuis un baille.

En effet, cela fait au moins un mois que je n'ai pas eu de nouvelle occasion pour m'y rendre (sans qu'Edd ne se doute de quoi que ce soit).

De toute façon, je n'ai pas d'autre choix, je dois l'avoir ce soir.

On est la veille  de Noël et demain toutes les postes seront closes.

Pour Edd.

Le bus s'arrête. Je descend et marche vers le bâtiment concerné.
Je regarde ma montre: 14h54.

Je passe les portes vitrées et avance jusqu'au comptoir.

Une femme d'âge moyen se tient devant son ordinateur. Elle a le regard blazé, elle n'a qu'une envie: terminer son taff et rentrer ou faire ses courses pour le repas de la veille.

Je râcle ma gorge comme les gens très importants (ouais, enfin dans les films du moins).

"Hum... excuser-moi. J'attend un colis très important. Il devrait être arrivé, depuis un moment je crois." Je signale.

"Vot' nom?" Me répond-t-elle sans lever les yeux de sa machine.

Je prend la pose d'une star avant de clamer haut et fort mon nom, parce que, il le faut bien quand on est aussi beau que moi.

Elle tape sur son clavier et déclare perplexe.

"Ben vot' colis il est partit. V'l'avez pas r'çut?"

J'écarquille les yeux.
Un alien d'une autre dimension est venu à dos de burritos voler mon cadeau.

La vieille me dévisage, accentuant les rides de son front, avant de me tendre un mouchoir. Je me rend alors compte que mes joues sont trempées de larmes.

"Fo pas s'mettre dans c't'état gamin. On peut suivre l'colis s'tu veux." Dit-elle.

"Oh! S'il-te-plaît mamie! J'ai vraiment de ton aide!"

"MAMIE?! J'ai l'air d'une MAMIE?!" Crit-elle.

"Ben... c'est qu'avec les rides... on aurait dit.... euh..."

"DEHORS!!!"

.......

Elle me jette hors du bâtiment comme on sortirait une poubelle qui schlingue.

"Et le colis?" Je demande.

Pour toute réponse, elle claque la porte vitrée si violement que le verre tremble.

Je ne comprend pas! Ce n'est pas de ma faute si elle n'a pas un visage parfait comme le mien!

Je dois trouver le paquet!
Je m'approche de la porte et colle mon fameux visage contre la vitre.
Elle est retournée à son bureau et me lance un regard noir. Je lui souris, essayant de me montrer aimable mais pour toute réponse elle me montre ses dents comme un chien prêt à mordre.

Je recule de deux pas en arrière sous le choc.

Je fais demi-tour. Je ne peux pas rentrer bredouille!!! Et je ne peux pas avoir le cadeau pour Edd! De plus je n'ai même pas assez d'argent pour reprendre le bus!! Et j'en ais pour deux bonnes heures de marche.

Je recommence à pleurer.
Il n'y a plus auccun espoir.
Edd ne pleurerait pas lui! Il trouverait un plan de secour. Il ferait une blague pour détendre l'atmosphère.
Mais moi, je ne suis pas lui.

J'ai le coeur lourd. Je voulais tellement être un bon petit copain et lui offrir un truc qui signifit quelque chose, comme une tablette graphique hors de prix pour laquelle j'ai dû vendre mes petits bibelots chéris.

Sniff sniff....

Je m'assois par terre. Je n'ai auccune raison de rentrer.
Pourquoi faire de toute façon? Montrer à Edd à quel point je suis une déception? Que je n'en vaut pas la peine? Qu'il me quitte parce que je suis lamentable?

Sous mes airs de top model je ne suis qu'une poule mouillée.
Je n'ai pas plus de valeurs que les camelottes que j'amasse.

Mon téléphone sonne, m'extirpant de mes pensées morbides. Il fais déjà nuit.

"A... allo?"

"Matt! T'es où bon sang!!!?" S'écrit Edd à travers le haut parleur de l'appareil.

Je reniffle avant de baffouiller le nom de la rue où je me trouve.

"Matt? Tu vas bien? Je viens te chercher tout de suite!"

Bravo!!! T'es le roi des égoïstes!

Les gens qui passent à côté s'écartent de dégoût.
Ils n'ont pas tord, je suis pire qu'un déchet... quelle honte!

Je suis si maladroit, stupide et égocentrique.
Edd, c'est un beau gosse. De temps en temps, au lieu de me regarder dans la mirroir, j'admire son visage jouflu et je me dit que j'ai plus que juste de la chance.

La première fois qu'il fait un portrait de moi, j'étais..... si.... fière de mon physique.
J'étais en seconde à ce moment là.

Flaaaaaashbaaaaaaack

"C'est encore long?"

"NE BOUGE PAS!" Me réprimende l'artiste "J'ai presque fini."

J'entend ses coups de crayons pendant que je pose.
Assis sur un banc un bouquin de cours posé sur mes jambes, j'ai mal au cou à force de pencher ma tête légèrement sur la gauche.

Je suis un peu agacé d'attendre sans bouger. On peut dire que je ne suis pas non plus le plus patient des êtres humains.

"C'est bon!" Déclare-t-il avec satisfaction quelque temps plutard.

Je me lève pour attraper le carnet qu'il me tend et observe le résultat.
J'en suis bouche-bé.

Alors oui je suis beau de base, mais Edd a accentué certains de mes trais comme mes taches de rousseurs et mes pommettes, ce qui rend le portrait plutôt incroyable.

"Alors?"

"Je.... je peux le garder?"

Mon ami souris et hoche la tête.

ÉPIC-sodes bonusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant