Les créateurs de monde - tome 1 Verthe

28.(RAE)

Voir le Général Massala franchir cette porte m'a siphonné l'esprit l'espace d'un instant. J'ai perdu tous mes moyens, figé comme un novice. En moins de deux secondes, je suis passé pour un crétin. Et Neela ? Parlons-en. Des nuits à parler ensemble et jamais je n'ai fais le lien entre son pouvoir et celui des amulettes élémentaires, le sacre des Arcans. Elle n'est pas une simple gardienne, non... elle est l'engeance de Céliane de Linecor et du très respectable Ménao Ralys Awan, le seigneur de guerres arcan qui a terrassé l'Alliance Rouge. Et pour couronner le tout, Filanis fait parti du clan de Massala. Par la voix des dragons, ça non plus je ne l'ai pas vu venir.

Cent ans et ces noms résonnent toujours d'une fierté apportée à son apogée. Avec mon frère Nael, nous avons servi sous les ordres du général. Sa combativité et son sens aigue des tactiques militaires nous a permis de gagner de nombreuses batailles. Redoutable, il s'élançait toujours le premier dans la mêlée donnant l'impulsion, l'agressivité nécessaire à tous les guerriers. Plus d'une fois, il a encaissé le coup qui aurait pu être fatale à un autre, cet homme est un modèle de justice et de courage. Les Arcans lui on confié le sacre de feu. L'une des quatre amulettes confectionnées par Céliane de Linecor.

Des cris et bavardages surexcités me sortent de ces pensées lointaines. Tous les griffons, bêtes ailées majestueuses, foncent aussi vite que possible en direction de la mer rejoindre le bateau de Massala.

En fin de compte, nous sommes tous sortis de cette prison. Mon seul regret est que je n'ai pas pu tenir la promesse de mettre fin à la vie de Krahor mais je présume que celui qui a mené Neela ici s'en chargera à ma place pour nous avoir permis de fuir. Comment s'appelle-t-il déjà ? Le traitre Elrohîr... Je ne suis pas prêt d'oublier ses actes, il payera pour ce qu'il a fait à Neela.

— Alors, « joli cœur », on rêvasse ?

— Ta gueule Balin !

— Mal dormi à ce que je vois ? Tu devrais mieux te tenir la demoiselle te regarde.

D'instinct, je me retourne. Elle feint de regarder ailleurs, ce qui a pour but de me faire sourire.

— Faudra que tu me racontes ce qui se passe entre vous ?

Je fronce les sourcils. Voilà une question qui mérite une réponse. Que dire ? Que je lui inspire méfiance ?

— T'es pire qu'une commère de village. T'as de la chance que je frappe pas les femmes.

— Très drôle. Tu tiens cette réplique de Gaarin ?

— Mais va chier à la fin !

Je suis sur les nerfs avec ce manque de sommeil, je n'ai plus de patience. Qu'il aille se faire dévorer par un cortale ! Mille ans de souffrance dans un estomac, rien de mieux pour se remettre les idées en place.

— Que de mots d'amour ! intervient Filanis.

Je le dévisage d'un air mauvais. Tiens... tiens... Je grogne et lève un doigt accusateur vers lui.

— Toi ! Mon pote, t'as des explications à me donner.

Il rit à gorge déployée comme si je venais de faire une blague mortelle.

— On a tous ces petits secrets l'ami ! finit-il par dire avec un clin d'œil. Tu devrais faire comme Dorga et lâcher prise.

Qu'est ce qu'il raconte cette andouille ? Intrigué, je jette un œil dans sa direction.

Woo !

Il n'a plus un seul tatouage animalier sur la peau et son guide n'en mène pas large, surtout que son serpent glisse entre ses cuisses. Je ne sais pas ce que Dorga lui raconte mais ça n'a pas l'air de le rassurer. Un sifflement aigue et nous abordons la descente, j'ai hâte de me barrer d'ici. Je vais pouvoir reprendre contact avec les miens.