Ben Katagena

Qu'est-ce qui t'inspire ?

La vie m'inspire. Les gueules endormies à Paris-Saint-Lazare, tous les matins. Les oiseaux - les pigeons laids surtout. Les yeux d'une inconnue qui te croise dans la rue et qui te sourit, sans raison. Comme ça. Les filles avant tout en fait.
La vieille qui se pète un Ricard solo à l'ouverture du Café de la Poste et les potes à contrario qui redessinent le monde après quelques canettes de 1664. La vieille, elle redessine plus rien, elle. Elle attend la fin.

Deux auteurs qui t'on vraiment marqué ?

Bukowski et Prévert, pour des raisons totalement contraires. J'aime la douceur de Prévert et la brutalité de Buko. J'essaye d'être un peu des deux. Ça, c'est l'essence de mon travail. Ma quête. C'est ça l'écriture. S'inspirer des autres et tenter de marier les styles. Buko est un putain d'alcoolique, tu ressens la saleté du mec jusque dans ses textes. Dans ses « Contes de la folie ordinaire », t'as juste envie de vomir. Mais c'est beau. Bukowski.
Prévert, c'est autre chose. C'est l'artiste délicat. Celui qui écrit comme on parle à une écolière. Y'a des images et des couleurs, tu peux les voir et les sentir. « Les enfants du Paradis », là le mec était à son apogée. Tu peux ne pas aimer, c'est vieux maintenant. On a changé la définition de l'amour, depuis. Mais putain... Prévert s'amuse avec les mots comme un chat avec un mulot.

Et la musique ?

Si j'écris c'est pour composer, pour chanter mes textes. Par ailleurs, y'a un mec que je n'aime pas citer mais qui m'a transmis cette passion, le texte chanté. Mon pseudo, Katagena, c'est un hommage. Ce gars là c'est le Brel des temps modernes.
J'écris toujours en musique. C'est important. L'écriture c'est rien d'autre qu'une partition. L'autre doit pouvoir lire ton texte en y inventant innocemment sa propre mélodie.

Un mot pour finir ?

Il paraît qu'on ne vit qu'une fois. Alors dans le doute, vivez vos passions. On ne sait jamais...

(Interview réalisée dans le cadre d'un projet artistique - 8/03/2017)