chapitre 3

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Je suis rentrée chez moi après avoir récupéré mes affaires. Je viens de relire les dossiers mais je me suis arrêtée pour une pause goûter, mon ventre criait famine. Je suis en train de découper une pomme en morceaux, que je mélange avec du yaourt, quand je crois entendre toquer à ma porte.

Je me fige. Personne ne vient jamais ici, tout simplement parce que personne n'a l'adresse. Je recommence à passer mon couteau entre les quartiers de pommes, pensant que je deviens paranoïaque.

Quelques secondes plus tard, le bruit se répète, plus fermement. Cette fois c'est sûr, quelqu'un est à ma porte.

Mon adrénaline commence à monter tandis que je m'essuie les mains en vitesse et fonce dans ma chambre attraper mon revolver. Le revolver du « au cas-où ».

Je regarde à travers le judas, mais celui-ci est sale – je ne le nettoie pas puisqu'il n'est pas censé être utile. Je n'arrive qu'à distinguer une silhouette d'une carrure imposante. Je m'apprête à entre-ouvrir la porte quand j'entends un homme parler à voix basse à travers :

« Vic, ouvre moi, je sais que tu es là, c'est très important. »

Entendre mon prénom pour la première fois depuis des mois et des mois me laisse bouche bée. Je reconnais cette voix, bien sûr. La voix d'une personne que je ne pensais jamais revoir de ma vie.

Je m'empresse de poser mon arme sur le comptoir et ouvre la porte en grand. Un colosse à la peau ébène me fait face. Je cligne des yeux plusieurs fois et me retiens de me pincer pour me convaincre que je ne suis pas en train de rêver. J'ouvre la bouche pour parler mais aucun son n'en sort. A la place, le colosse ouvre grand ses bras et m'étreint chaleureusement. Oh mon dieu, que ça fait longtemps !

Je mets ensuite quelques secondes à retrouver mes esprits et l'invite à entrer, en vérifiant avant de fermer la porte que personne ne l'a suivi.

Nous nous asseyons sur les chaises hautes de ma cuisine et en voyant son air préoccupé, mes neurones connectent enfin. Si Matt est là ce soir, c'est qu'il se passe quelque chose. Quelque chose de grave.

Je m'apprête à lui demander ce qui l'amène mais il prend la parole le premier, en se levant de sa chaise, trop agité pour rester assis :

« J'aurais vraiment aimé te revoir dans d'autres circonstances, crois moi. Je suis ici pour t'avertir Vic. On est en danger. Blake et Iris sont morts.

- ...Quoi ?! Cette nouvelle me laisse sous le choc et c'est le seul mot que je peux prononcer pour le moment. Anéantie, je contemple Matt qui fait les cents pas entre ma cuisine et mon salon.

-Officiellement, accident de voiture pour Blake il y a un mois et demi et incendie pour Iris il y a trois semaines. Je vous ai toujours gardés à l'œil depuis la mission ***, tu sais. Quand j'ai appris pour Blake, je ne me suis pas méfié, mais quand, trois semaines plus tard, je constate que la maison d'Iris a brûlé... Ça faisait trop. Alors j'ai creusé. Ça n'a pas été simple, nos amis ont couvert leurs traces et ont fait de leur mieux pour disparaître, nous l'avons tous fait... Matt se rend compte que sa formulation est maladroite en me voyant pâlir, alors il ajoute :

Enfin, « disparaître », au figuré. Je suis désolé, je m'embrouille. Toujours est-il que j'ai découvert que les freins de Blake avaient été trafiqués, je t'épargne mon enquête, et que l'incendie pour Iris était d'origine criminelle. Je ne crois pas aux coïncidences Vic, nous sommes en danger. Dès que je suis arrivé à ces conclusions, j'ai cherché ton adresse, encore et encore mais tu restais introuvable. Malgré tout, j'ai quand même réussi, alors ces mecs là le pourront aussi, c'est sûr. C'est eux, Vic, c'est sûr. »

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