Texte #9

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   Hello tout le monde, petite apparition pour poster mon écrit d'appropriation sur l'œuvre intitulée Le jeu de l'Amour et du hasard, de Marivaux. J'ai écrit cela dans le cadre de ma préparation à l'oral du Bac de Français, car il s'agit de l'œuvre intégrale que je vais défendre. La consigne était la suivante : "à la manière de Marivaux, rédigez une scène de théâtre dans laquelle deux personnages ayant emprunté une identité qui n'est pas la leur, se jouent mutuellement la comédie".

***

CALLIOPE. - Mon brave Bazile, vous ignorez donc tout de la raison pour laquelle je me tiens encore ici, face à vous.

BAZILE. - Votre beau et doux chant me fait à l'oreille des effets d'autant plus extraordinaires que j'ignore en effet tout de cette raison... Eclairez-moi, que je la retrouve.

CALLIOPE. - Vous l'auriez perdue ?

BAZILE. - Evidemment ! Depuis longtemps, votre voix m'entraîne dans un lointain aux horizons inconnus... Elle m'entraîne si loin... que vous ne sauriez l'imaginer.

CALLIOPE.- Assez ! Bazile, je vous aime. Diantre, que dis-je ? Je vous admire, je vous adore, je vous idolâtre ! Mon amour est si puissant que j'en suis détruite. Votre absence m'est insupportable, d'autant plus qu'elle n'est pas légitime : un homme de votre classe ne devrait pas être ainsi débordé !

BAZILE.- Diable ! Que me chantez-vous là ? Chère Calliope, ne vous rendez-vous pas compte de l'absurdité de vos mots ? Vous vous risquez à un jeu dont vous maîtrisez à peine les règles ! Je ne suis pas celui que vous pensez.

CALLIOPE. - Laissez-moi vous assurer une chose : il s'agit là de votre perception toute particulière du jeu auquel je me soumets, et j'en maîtrise les règles plus que vous-même, très cher Bazile.

BAZILE. - Vous ignorez tout de moi... Vous ne pourrez guère m'aimer lorsque vous aurez eu connaissance de ce que je m'apprête à vous dire.

CALLIOPE. - Alors qu'est-ce donc ?

BAZILE.- Qu'est-ce donc quoi ?

CALLIOPE. - Les sentiments ? Ce jeu auquel nous nous prêtons mutuellement sans même parvenir à nous en convaincre l'un l'autre ? Qu'est-ce que l'amour, notre amour ? Qu'est-ce que la raison, notre raison ? Nous l'avons manifestement perdue et tout semble ici se faire opposition !

BAZILE.- Je ne vous suis pas.

CALLIOPE. - Je succombe ! Je meurs d'amour pour vous ! Ne voyez-vous pas que nous avançons main dans la main sur un même chemin. Est-ce donc si compliqué à comprendre ?

BAZILE.- Calliope, ce que vous éprouvez à mon égard ne peut donner lieu qu'à de formidables désagréments. Ma chère amie, je vous dois la vérité.

CALLIOPE. - Mais je la sais déjà !

BAZILE. - Vous ne le pouvez !

CALLIOPE. - Bien sûr que si.

BAZILE, tournant le dos.- Non, vous dis-je. Vous ne savez rien...

CALLIOPE. - Mascarade ! Je sais tout, Bazile. Et votre générosité vous perdra, tant vous vous efforcez d'empêcher la vérité de s'afficher sur votre visage, ce dans l'optique de ne pas heurter mes sentiments. Mais sachez enfin que mon amour pour vous demeure infini, qui que vous soyez, et que vos tentatives sont vaines.

BAZILE. - Fichtre Calliope, vous allez trop loin et pire encore : je vous y suis !

CALLIOPE. - La vérité, Bazile. Je le veux.

BAZILE. - Et moi donc ! Que savez-vous ?

CALLIOPE. - La vérité que vous-même vous savez.

BAZILE. - Diable, je n'en puis plus ! Je ne suis pas le maître de mon valet, mais bien le valet de mon maître...

CALLIOPE. - Ah ! je le savais !

BAZILE. - Comment ?!

CALLIOPE. - Je savais tout, et je vous l'avais dit ! Ne me croyiez-vous donc point capable de vous percer à jour ?

BAZILE. - Vous m'en voyez plus que secoué. Seulement, m'aimez-vous toujours ?

CALLIOPE. - Bien entendu ! D'autant plus que j'ai moi aussi à vous avouer quelque chose.

BAZILE. - Comment ?

CALLIOPE. - Vous m'avez comprise. Bazile, je ne suis pas non plus celle que vous croyez.

BAZILE. - Mais enfin, qui donc êtes-vous ?

CALLIOPE. - Ni plus ni moins que votre égale.

BAZILE. - Mais que dites-vous ? Je vous entends mais suis bien incapable de vous comprendre : mon âme ne le peut.

CALLIOPE. - Alors contentez-vous de me comprendre de l'exacte même manière que vous m'entendez ; je ne peux vous expliquer cette vérité autrement.

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⏰ Last updated: Jun 20, 2021 ⏰

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