Part 4

291K 12.9K 217
                                    

Tonton Farah… Il était entrepreneur et avait 3 épouses. Tata était la 3ème et la seconde était aux états unis. C’était le genre d’homme très charismatique qui ne passait pas inaperçu : grand, costaud, teint clair et cheveux poivre sel. Mais jamais même dans mes pires cauchemars je n’aurai imaginé qu’il serait capable de faire ca. J’étais choquée et j’avais peur. Il était apparemment au courant de ma relation avec Malik et me prenait surement pour une marie couche toi la. C’était le ciel qui me tombait sur la tête. Toute la nuit mon cerveau a fonctionné. Que devais-je faire. Mon Dieu si maman Fanta apprend ca comment va-t-elle réagir. Ca serait mettre en péril son ménage alors qu’elle semblait tellement épanouie. Non je n’osais pas faire ca. J’avais l’impression que les parties de mon corps qu’il avait touché étaient en feu. Je voulais me laver mais je n’osais pas sortir de la chambre de peur de le croiser à nouveau.
C’est donc la tête lourde que le lendemain je descendais lentement les escaliers pour aller en cours. Je voulais me faufiler sans rencontrer personne mais malheureusement je croisai tonton Farah au salon en train de lire le journal. Mon cœur battait très fort. J’avais même peur de m’évanouir tellement je me sentais mal. Heureusement maman était dans la cuisine et elle me demanda joyeusement si j’étais d’attaque pour la reprise. J’étais soulagée de la trouver ici et je me contentais de sourire et à ce moment tonton Farah me salua
- bonjour Diouldé. Ah donc la fête est finie ?
Je le regardais comme un extra terrestre et aucun son ne sortaient de ma bouche. Il continua à épiloguer sur la difficulté de reprendre les activités après des congés et j’en profitais pour partir. Avais-je rêvé ? Il avait fait comme si de rien n’était. J’étais complètement perturbée. Comme d’habitude, Moha remarqua que je n’étais pas dans mon assiette et comme d’habitude je lui assurai que tout allai bien. Même à la pause, la bonne humeur de Coumba n’arriva pas à me dérider. Elle me parla de Demba et de Babacar . Elle parlait rapidement, ne respirait même pas, n’attendait pas qu’on réponde. A un moment Moha qui en avait surtout marre que Coumba essaie de me caser, me glissa :
- Elle est complètement timbrée cette fille…
Coumba avait entendu mais comme elle était lancée sur une idée, elle débita rapidement pour terminer sa phrase, puis se tourna vers lui pour lui répondre.
- yaw mécontent nga…tu es complètement aigri…tu es vilain, noir, pauvre et par-dessus tout tu me manque de respect. Je suis de bonne humeur aujourd’hui mais sinon tu saurais de quel bois je me chauffe…
Et elle lui en a encore sorti des vertes et des pas mures. En temps normal, leurs petites disputes me faisaient rire mais aujourd’hui, je me mis tout d’un coup à pleurer. On était assis au niveau du jardin qui faisait face à l’école sur un banc à l’écart des autres (je crois qu’il n’existe plus ce jardin). Ils étaient ébahis et ont vite oublié leur dispute pour se pencher sur moi. Je ne pouvais m’arrêter. Je pleurais l’absence de Malik, mon amour pour lui, le comportement de tonton Farah, les pressions de mon père…à ce moment je sentais comme tout le poids du monde sur mes épaules et je me sentais vide. Moha courut m’amener de l’eau et Coumba essayait de me calmer. Au bout de quelques minutes ca allais mieux. Mes 2 amis étaient en face de moi et affichaient des mines toute tristes. J’essayais de sourire mais je n’y arrivais pas. Mes larmes continuaient à couler.
-Diouldé parle nous commença Moha. Si c’est à propos de ton mariage avec ton cousin, je t’en supplie ne te fais pas de soucis. On n’acceptera jamais que tu sois donné en mariage par force
- il a raison, on ira déposer une plainte si c’est nécessaire. Ou sinon, on laisse tout tomber et on s’enfuit. On est intelligente on s’en sortira rajouta Coumba
Elle recut un regard incendiaire de Moha mais ne le calcula même pas. Ils émirent pleins d’autres hypothèses pour échapper au mariage et je les écoutais en silence tout en me demandant comment leur dire tout ce qui m’arrive. Je leur avais caché beaucoup trop de choses et depuis trop longtemps pour d’un coup leur parler de Malik et aussi de tonton Farah. Et puis pour tonton Farah, je ne voulais en aucun cas qu’une autre personne que moi soit au courant. Si ca arrivait aux oreilles de maman, je ne pouvais imaginer ce qui se passerait. Je ne suis pas sure qu’elle me croira et qu’elle était prête à mettre en péril son ménage pour moi. En même temps, il était dangereux de continuer à cohabiter avec lui dans la même maison et je ne savais toujours pas quoi faire. Coumba continuait à parler et à un moment je les pris dans mes bras. Je m’étais calmé.
- qu’est ce que je ferais sans vous. Désolé mais ce mariage commence à me stresser et puis vous deux aussi vous passez votre temps à vous disputer. C’est la première fois que je vous vois vous entendre sur une chose. Je crois que je vais me mettre à pleurer tous les jours.
Tout le monde se mit à rire et moha en profita pour encore taquiner Coumba.
- Je suis sur que c’est à cause de ton gars la qu’elle pleure.
-hiii le gars la si tu l’avais vu. Un vrai gentleman. Et si beau en plus…
Il continuait à se charrier mais j’avais encore le cœur lourd.
Heureusement les jours suivants, il n’était pas de tour et maman préparait son voyage. Il est venu la veille de son départ et c’est moi qui lui ai ouvert la porte. Il m’a juste lancé un bonjour avant de me demander si maman était rentrée. Mon cœur battait très fort et je lui répondis que non. Il ma juste regardé et est rentrée. J’étais encore bêtement à l’entrée des minutes après et c’est la bonne qui vint me dire qu’il demandait après moi. Il était au salon et me demanda juste de lui servir un café. J’y allais mais je tremblais tellement qu’au moment de poser le plat, il faillit s’écraser. Il leva simplement la tête et me demanda si tout allait bien. Je ne répondis rien. Il faisait comme si de rien n’était. Comme s’il n’avait rien fait. Je le regardais en cherchant à comprendre mais il ne laissait rien paraitre. Finalement je partis et à ce moment le téléphone sonna. L’appareil était juste à coté de lui mais il me demanda de répondre. J’étais comme hypnotisée. J’avais vraiment peur de lui. Je décrochais et c’était le Dr Rassoul
-Allo, bonjour, je désire parler à mademoiselle Diouldé SVP
J’étais tenté de lui dire qu’elle n’était pas la surtout que tonton Farah me fixait avec un regard bizarre.
-c’est moi dis je doucement
- haa.. Salut jolie demoiselle. Tu n’es pas gentille, tu ne m’as même pas rappelé pour me souhaiter la bonne année.
Je ne voulais m’éterniser dans la même pièce que tonton Farah et je dus lui dire que j’étais occupé et qu’il n’avait qu’à me rappeler. Au ton de sa voix je sentais qu’il était surpris que je lui parle comme ca mais j’étais plus préoccupé par ce monsieur en face de moi qui me fixait comme un lion fixe sa proie. Finalement je raccrochais rapidement et eut honte un moment. C’était vraiment irrespectueux de ma part mais je n’avais pas le choix. Je comptais m’enfuir quand il m’appela à nouveau. J’ai fait celle qui n’avait rien entendu et j’ai couru me réfugier dans ma chambre que j’ai fermée à double tour. Je ne descendis que quand maman m’appela pour certaines de ses commissions.
Elle devait rester 2 mois car elle avait prévu d’aller voir Rama au Canada avant son retour. Heureusement que tonton Farah ne viendrait plus et cette perspective me plut au plus haut point. Cependant je devais donc rester avec tata Sophie dans cette maison pendant tout ce temps. Heureusement que la nouvelle bonne Marie était super gentille et très ouverte. Donc quand je finissais mes devoirs, je la retrouvais devant la porte avec le gardien et on discutait. Je soupçonnais une relation entre ces deux la, mais elle a toujours dit qu’il n’y avait rien.
Les appels de Malik se faisaient rares et quand je l’appelais, il me disait que c’est son travail qui lui prenait tout son temps et toute son énergie. Mais toujours, il m’assurait de son amour. Un jour je pris la peine de lui demander s’il avait rompu avec sa copine.
-bien sur que j’ai rompu avec elle ma chérie. C’est maintenant de l’histoire ancienne et puis avec mon travail je ne peux même plus entretenir une relation. Sauf bien sur avec toi car tu occupe toutes mes pensée
- tu le jure lui demandais je rassurée et surtout très heureuse de savoir que je comptais autant pour lui
- Tu ne me crois pas ? il faut me faire confiance. Je n’aime que toi, je ne me bats que pour toi ma chérie. Dès que ma situation se stabilise, j’en parlerais à ma mère et on officialisera tout ca.
Je sautillais sur place tellement j’étais heureuse d’entendre ca. Mon cœur allait exploser de joie et à ce moment il me manquait vraiment. Il ¨me demanda de ne pas m’inquiéter s’il n’appelait pas car il était trop pris. Je promis et raccrochais la tête dans les nuages
J’attendais avec impatience ses appels et s’il ne le faisait pas je grignotais sur mon argent de poche pour aller au télécentre, quitte à marcher pendant des jours pour aller en cours.
Le jour de mon anniversaire arriva et je reçus de la part de Coumba un joli collier et Moha m’offrit un parfum. J’étais très contente ce jour surtout qu’avant de partir j’ai reçu un coup de fil de Malik. Il m’avait chanté un joyeux anniversaire tellement faux que les murs de la maison en tremblèrent. Puis, il avait renouvelé son amour pour moi et je lui assurais que je n’aimais que lui et qu’il me manquait terriblement. C’était vraiment un magnifique anniversaire. Le clou, Babacar, le copain de Coumba nous avait invités à diner et on devait aller dans un restaurant en ville. Le soir, j’avisai tata Sophie, et Coumba était venu me prendre, toute en beauté. Moi aussi, ce jour la j’avais enlevé mes tresses et mes cheveux défrisés étaient sagement attaché, plus un léger maquillage, je me trouvais pas mal du tout. Babacar, nous amena finalement dans un restau très cool et la soirée était vraiment magnifique. Un peu plus tard, Demba nous avait rejoins et je dois avouer qu’il n’était pas mal du tout en plus d’être bien habillé. Il sortait du boulot car il travaillait dans une institution bancaire en ville et il nous dit qu’il était vraiment débordé. Il me souhaita un joyeux anniversaire et me fit pleins de compliments au point de me gêner. Ah cette foutue timidité. Coumba s’était transformé en vrai griotte chantant mes louanges tout ca dans sa démarche de maquerot. Demba se contentait de sourire mais ne disait rien. Il me lançait de petits regards furtivement et parfois nos yeux se croisaient et je me dépêchais de me détourner le cœur battant. Qu’est ce qu’il avait de beaux yeux. J’avais envie de lui crier d’arrêter car je ne cherchais personne et que mon cœur était pris. Mais bon, essayer de faire entendre raison à Coumba, c’était peine perdu. Je la laissais faire. A un moment, Babacar et Coumba se levèrent d’un coup et prirent congé. Moi aussi je voulais aller avec eux, mais Demba me prit la main et me demanda de rester un peu car il n’avait pas fini de manger et voulais que je lui tienne compagnie. Je ne voulais pas et je suppliais Coumba du regard mais la traitresse a fait celle qui n’avait rien vu et parti avec de grands geste pas discrets du tout. Finalement je m’assis et à la tête que je faisais, il a éclaté de rire en me demandant si sa compagnie était tellement difficile que je ne voulais pas rester avec lui. je lui assurait que non, mais que je ne voulais pas rentrer tard. Il me promit de me raccompagner dès qu’il finit de manger.
Demba continuait à m’observer et ne disait rien. Moi aussi je ne disais rien, me contentant de le regarder. Il était vraiment craquant avec ses yeux marrons foncé, ses sourcils très bien dessinés et ses lèvres toutes roses. Je me dis qu’il allait surement essayer de me draguer et je le trouvai tellement charmant que je ne demandais comment repousser savamment ses avances. Au lieu de ca, il commença à me parler de sa vie. Il m’expliqua qu’il était trop fatigué ces temps ci et qu’il voulait prendre des congés. Il avait fait ses études en France, mais avait préféré rentrer avec son père au pays mais parfois il le regrettait. A chaque partie de sa vie avec la blague qui va avec. Il était très drôle surtout quand il s’agissait de se moquer de ses compatriotes alpular ou des arabes de sa cité en France. J’entrais dans son jeu et rapidement on se retrouva à discuter comme de vieux amis. Je rigolais à m’en tenir les cotes. A un moment, il regarda sa montre et me dit qu’il était 23h passé. Je sursautais et lui demandais de me ramener rapidement. J’eu honte un moment de m’être laissé aller comme ca avec lui. Il me déposa jusqu'à la maison, et dans la voiture m’avoua qu’il sortait rarement et me remerciait pour la soirée qu’il venait de passer tout en me promettant de m’offrir un cadeau. Je le remerciais aussi et entra dans la maison. Il était presque minuit et tata Sophie était au salon.
Dès que je rentrais elle commença à crier que ce n’étais pas normal que je rentre aussi tard. Elle me fit des histoires comme pas possible et moi, sachant que j’avais aussi un peu exagérée, je ne répondis rien et allait me coucher. Le lendemain, j’allais lui présenter des excuses en lui expliquant qu’on n’a pas vu le temps passé. Comme je m’y attendais elle me fit la tête pendant des jours mais comme d'habitude je n'en fit pas cas.
Un dimanche, alors que je faisais le linge, je vis arriver ma mère. Ça ne présageait rien de bon et j’imaginais le pire concernant mon mariage avec Ibrahima. Elle me dit que ça faisait longtemps qu’elle n’avait plus de mes nouvelles. Finalement elle m’annonça qu’elle allait se rendre en guinée avec mon père car comme son état de santé ne s’améliorait pas, ses frères voulaient aller lui faire des bains au pays. Cette nouvelle me soulagea et si ce n’était la mine triste que j’essayais d’afficher, je sauterais au plafond. Elle me dit qu’elle irait avec lui et ne reviendrait pas de sitôt. Je lui demandais ou est ce qu’ils en étaient avec les projets de mariage
- hii Diouldé, me fit elle. Il faut être en bonne santé pour penser à ca. Ton père y tient mais comme il ne va as bien, on va d’abord aller se soigner. Je sais que ca te soulage mais il faut vraiment y songer. Ton père a raison, il est temps que tu te marie et surtout que tu sache d’où tu viens. J’ai l’impression que tu es en train de renier tes origines ma fille et ca n’espère pas que je te soutienne sur cette voie. Je veux que tu réussisses dans ta vie mais pas au détriment de valeur et de principes
Ma mère parlait en m’indexant sur un ton ferme. A un moment, je l’interrompis. J’avais le cœur gros
-maman, certes j’ai eu une éducation différente de la tienne mais ca n’en fait pas de moi une mauvaise fille. Étudier ne veut pas dire que j’ai renié ma culture. Si j’avais renié ma culture, je ne porterai pas actuellement une marque gravée dans ma chair et qui ne s’effacera jamais. Je vous respecte beaucoup et je ne vois pas ce que j’ai fait de grave pour que toi et mon père pensiez que je suis sur un mauvais chemin. Quoi ? Dites moi ce que j’ai fait de mal à part être parti à l’école ?
- tu refuse d’épouser ton cousin alors que c’est la meilleure chose qui puisse t’arriver répondit elle au bout de quelques secondes. on ne veut que ton bien
- mais si je l’épouse quel est alors le sens de m’avoir laissé étudier. Je suis sure que tu n’as pas fait tout ca pour que je me retrouve dans un ménage sans source de revenus. Dans ce cas, il ne fallait pas me laisser espérer que je pouvais avoir mieux.
- tu vois tu es indiscipliné, tu te crois supérieure aux autres. Me cria-t-elle.
- je ne t’ai pas manqué de respect, dis je le cœur lourd et sentant les larmes pointer, ni à toi ni à mon père. Maintenant, je ne veux pas me marier avec mon cousin. Je préfèrerai terminer mes études, trouver un travail et subvenir à vos besoins. Tu ne crois pas que ça me fend le cœur de te voit vendre des arachides et de la salade jusque tard le soir. Si je pouvais tu arrêterais tout cela et tu resterais à la maison. Ce n’est pas une vie et j'aspire à t'offrir plus, terminai je en pleurant.
- je ne te demande rien. Tout ce que je veux c’est que tu respecte le souhait de ton père. Je ne suis pas venu pour polémiquer avec toi. Je rentre. Au retour de ta tante, tu l’aviseras de notre voyage et viens rendre visite à ton père avant le départ.
Je promis de le faire. Cette petite discussion rendit triste ma journée et en même temps me soulagea un peu. Je n’aurai plus cette pression de mariage sur les épaules pendant un temps.
L’après midi même, comme promis Demba m’apporta un délicieux gâteau à la maison. C’était la première fois que je le voyais en plein jour et habillé de manière décontracté. Il semblait plus beau et mon cœur s’accéléra quand je le vis. Marie lui avait ouvert et il patientait tranquillement dans la cour. Heureusement que tata Sophie n’était pas à la maison, mais je n’osais pas lui dire d’entrer. On a juste un peu discuté à l’entrée et voyant que je n’étais pas disposé à le faire entrer, il a pris congé. Je le remerciais et il sorti en me faisant un petit geste. Je m’habillais et alla directement amener le gâteau à Coumba. Elle cria de joie et nous voyaient déjà nous marier le même jour ; elle avec son Babacar et moi avec Demba. Quand je vous dis que c’est une éternelle optimiste. Je lui répondis qu’entre nous c’est juste une amitié car je le trouvais vraiment sympathique mais sans plus. Elle a failli s’évanouir en disant qu’avec un homme comme Demba, on ne pense pas à de l’amitié. Que je devais vraiment être folle. Je préférais ne pas trop polémiquer avec elle car de toute façon elle n’écoutait pas. Moi j’aimais mon Malik et ca personne ne pouvait le changer.

Diouldé : itinéraire d'une vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant