Chapitre 2 : Julian Dubois

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Montmartre et sa luminosité intéressante m'avaient plusieurs fois tendus les bras, mon objectif assidu et débutant le bombardant, pour tenter d'immortaliser la grandeur du monument majestueux. A certains moments, il m'arrivait de photographier une expression, un visage aux traits tirés par une émotion inconnue. Mais, chaque fois cela n'allais pas plus loin. Pas plus loin que cette basilique et ces quelques visages ébahis par la grandeur. Mais quelques semaines plus tard, je la vis : le déclic. Celui que chaque photographe a un jour, cette jeune fille qui avait à peu près mon âge m'inspirait et elle était ce qui me permettrait d'évoluer, j'en étais certain. Je l'aperçu au loin, sa chevelure rousse se balançant dans la brise matinale, ce matin-là, la luminosité était claire et orangée, reflétant de l'or sur ces boucles bien formées. C'est généralement l'heure de la journée ou j'aime le plus prendre des photos : l'heure dorée. Ce moment au début d'un lever de soleil ( ou d'un coucher ) où les rayons percent les nuages épais et matinaux. Je ne pus m'empêcher, devant ce qui évoquait tant pour moi, d'immortaliser son passage. D'habitude mon caractère réservé et timide m'empêchais d'aller parler à qui que ce soit d'inconnu. Mais je sentis que c'était une chance unique. Je m'avançais vers la belle inconnue, la dragonne de mon appareil autour de mon cou, j'étais bien décidé à lui parler et à lui demander d'être mon modèle, au moins pour quelques heures.
- Excuse-moi, commençais- je
Elle se retourna violemment en sursautant de surprise.
- Euhh... fit- elle l'air confus, oui ?
- Bonjour, en fait, je te trouvais inspirante pour prendre quelques photographies si cela ne te déranges pas, terminais-je avec un sourire qui se voulait accueillant et chaleureux.
- Je ne pense pas que je sois faite pour ça, répondit- elle en baissant la tête, sans doute intimidée par mon regard trop insistant.
- Tu vis par ici ? Je ne t'ai jamais croisée.
demandais en changeant de sujet afin de la mettre plus à l'aise.
- Je ne suis pas française, mais américaine, répondît-elle presque fièrement.
- Mais tu parles super bien français, tu n'as presque pas d'accent, c'est génial
- Oui, je suis en lycée section trilingue, italien et français, option mandarin enfin... J'étais...
- Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
Elle devint plus distante et me dit qu'elle avait à faire, elle partit sans se retourner. Je l'appelai, mais elle ne me répondît pas.
Je fut chamboulé et ébranlé par cette expérience. En effet, je savais que je ne rencontrais jamais d'autre modèle qui ne me corresponde aussi bien qu'elle.
On dit que le destin fait bien les choses, j'y croyais, sauf pour moi. Maintenant je sais qu'il commence a tourner et que grâce à cette apparition des choses vont changer. L'espoir renaît en moi, ce qui n'était pas arrivé depuis longtemps...

~~~~~

Je rentrais dans le métro exténué par la course pluvieuse que je venais d'effectuer. Le monde assaillit la rame et le stress environnant m'assaillit :
" Ma solitude me manque" pensais- je en soupirant profondément. La seule personne que j'avais envie de voir était la jeune fille rousse que j'avais croisé le matin même. Je ne connaissais même pas son nom... Elle avait l'air si inspirante. Je mis mes écouteurs pour oublier et camoufler les sons environnant et parasites qui me stressaient. Et puis zut, même s'il pleuvait, je rentrerais pied. Je descendis à la station d'après, qui se trouvait à 30 minutes de mon appartement. Les gens se bousculaient à la sortie de la rame, moi j'accélérai le pas pour sortir à l'air libre. Puis enfin, je respirais, les gouttes tombaient toutes autour de moi, gracieuses et fraîches. Je marchais, mes semelles mouillées claquant dans les flaques d'eau qui maculaient le bitume désormais glissant. Les gens m'exaspéraient, parfois. Toujours pressés d'arriver quelque part, leurs mouvements étaient brusques, leurs visages impassibles, leurs expressions impénétrables. Moi je prenais mon temps, pour tout ce que je faisait, quoi qu'il ce passe. On m'as toujours dit que j'étais
« déconnecté » du monde et de tout ce qu'il se passais autour de moi. Seules les photos et les livres comptaient. Je relevais la tête, serein et tranquille, le bruit de l'eau m'apaisant, les gouttes coulant lentement sur mon visage. Au loin, une tâche de couleur éclatante attira mon regard. Une tâche rousse. Je savais que c'était elle. Elle traînait une valise derrière elle, et plus je m'approchais, plus je vit que la pluie l'agaçait. Je sourit devant son expression renfrognée. Elle se tourna vers moi et me reconnu. Elle sourit à son tour, elle s'arrêta et essora son pull de laine verte complètement trempé. Ses cheveux, eux aussi, n'avaient pas échappé au déluge. Je lui pris sa valise et lui dit signe de me suivre, ce qu'elle fit.

~~~~~~

On arriva dans le hall de mon immeuble quelques minutes plus tard, frigorifiés par la pluie. Dehors, à travers les fenêtres, le ciel orageux grondait toujours. Un éclair nous fit sursauter tout les deux. J'ouvris ma boîte aux lettres, pris le courrier et me dirigea vers les étroits escaliers, elle sur mes talons. Je me saisis de mon trousseau de clés et déverrouille la porte lorsque l'on arrive au bon étage. La porte s'ouvre en grinçant, dévoilant mon modeste appartement, néanmoins propre et accueillant.
- C'est très joli ici, tu dois bien t'y plaire, dit- elle en souriant. Ses longs cheveux roux trempés goûtaient sur mon tapis bleu ciel.
- C'est le minimum pour vivre quoi, dis- distraitement en retirant ma veste et mon pull, me retrouvant avec un léger tee shirt blanc. Elle fit de même avec son pull vert ruisselant de la pluie fraîche.
- Euhh... Tu as une salle de bain ? Demanda t elle en rejetant une de ses mèches rousses derrière son oreille.
- Oui, bien sûr, suis moi, dis- je. J'emprunte le couloir a ma droite et arrive à une porte peinte en bleu ciel.
- C'est ici, je vais dans ma chambre, dit je en continuant de longer le couloir. Je me retourne d'un coup et ajoute :
- Euhh... tu as besoin de vêtements secs ? Lui demandais- je
- Tous mes vêtements sont dans ma valise, normalement, elle est étanche, ça devrait aller, merci, je vais chercher une tenue, murmura-t- elle en se dirigeant vers le salon. Je me dirige vers ma chambre, qui se trouve près de la salle de bain, y entre, referme la porte derrière moi. Je me saisis de la poignée de mon placard pour prendre un sweat blanc et un jogging noir. Je prends une serviette et m'essuies avant d'enfiler mes vêtements. Je sors de ma chambre, m'assoies sur le canapé et allumes la télévision. Tu entends le ruissellement de la douche s'arrêter et la porte de la salle de bain s'ouvrir peu après. La jeune fille rousse en sortit, vêtue de vêtements propres et secs.
- Ça va ? me dit-elle, en pressant une serviette sur sa chevelure rousse.
- Oui et toi ? Répondis- je absorbé par le programme télé.
- Oui très bien.
- Je me demandais, tu vas dormir où ce soir ?
- Je ne sais pas encore, je me débrouillerai comme d'habitude...
- Tu peux rester ici si tu veux, aussi longtemps que tu en aura envie, lui annonçais-je, très sérieux,
- Je ne voudrais pas te déranger, tu n'est pas obligée de...
- Ça me fait plaisir, la coupais-je en me levant pour aller à la cuisine.
- Tu as faim ? ajoutais- je
- Oui, acquiesça -t- elle en se levant.
On se retrouva tout les deux derrière les fourneaux, confectionnant le repas du soir. Une fois la préparation achevée, on s'assit devant la télé.
- Je ne sais toujours pas comment tu t'appelles, dis-je en la regardant dans les yeux.
- Je m'appelle Harper, Harper Smith.

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⏰ Last updated: Oct 06, 2022 ⏰

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