Marcus et Ali

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Lorsqu'il parut, je fus saisi d'étonnement. D'abord, parce que je ne m'attendais pas à le voir ici. Ensuite, parce que l'homme qui se présenta à moi n'avait rien de commun avec celui que je côtoyais depuis des mois. Un instant, je cru a un mirage. C'était pourtant bien Marcus. À mesure qu'il approchait d'un pas calme et assuré, je fus saisi par ce charme énigmatique et intimidant qu'on parfois certains hommes bruns aux yeux clairs. Se pouvait-il vraiment qu'il s'agisse du même homme ? Sans un mot, d'une main ferme et rassurante, il m'entraina parmi les danseur. Sous l'emprise de son regard pénétrant, où se mêlait tout à la fois triste douceur et sévérité, je me laissais guider sans plus de volonté qu'une poupée de chiffon. Quand la musique cessa, il me raccompagna au buffet et me fit servir une tasse de punch. J'en bus immédiatement une gorgée. Lorsque je relevais la tête, il avait disparu. J'étais désorientée, au bord du malaise. L'alcool du punch n'arrangea rien, il fallait que je me repose quelques instants. Heureusement, j'étais ici chez moi. La bibliothèque étant toute proche, je m'y réfugiais. Il y faisait sombre et froid. Seules quelques braises jetaient leurs derniers feux. Je compris que je n'étais pas seule lorsque j'entendis la porte se refermer. Je fis volte-face et cru m'évanouir. Il était adossé à la porte, tête baissée. Quelques minutes s'écoulèrent avant qu'il ne traverse la pièce et se saisisse d'un candélabre disposé sur le piano. Alors qu'il en allumait les bougies, la pièce s'éclaira peu à peu d'une douce lumière.

Face à moi, il s'immobilisa quelques instant. Je soutins son regard sans ciller. L'un comme l'autre, c'est intérieurement que nous mesurions les conséquences de cet intense tête à tête. Le temps avait suspendu son court. Nous pouvions encore renoncer, être raisonnable. L'avons-nous sérieusement envisager ne serait-ce qu'un instant ? Pas une seule seconde. Je réalisais qu'en ces lieux, théâtre de nos affrontements répétés, ce qui s'apprêtait à se passer allait changer irrémédiablement la donne. Aussi houleuses qu'est pu être nos relations jusqu'à présent, la véhémence de nos colères passées n'avait d'égal que le désir animal que nous avions l'un de l'autre en cet instant. Il n'y eu pourtant aucune précipitation. Appuyée à la bibliothèque, je le regardais avancé lentement vers moi. Un frisson parcourant mon corps, je tressaillit lorsqu'il m'enveloppa de ses bras. Sa tête enfouie dans mon cou, je soupirais de contentement.

Lorsque nos regards se croisèrent à nouveau, ses pupilles étaient dilatés, le vert de ses yeux brillait d'un éclat particulier. Sa respiration était haletante. Une main posée sur son torse, je pouvais sentir son cœur battre la chamade. Dans un tendre répit, il appuya son front contre le mien avant d'y déposer un baiser étonnement chaste. Il ne se contrôlerait bientôt plus et moi non plus. La transe dans laquelle nous nous trouvions pouvait difficilement être plus attirante, excitante. Enfin, nos lèvres se joignirent. Sa langue s'empara de la mienne avec avidité. Son corps élancé se raidit contre le miens, ses mains parcourant mon dos ma gorge, ma nuque. Je sentais qu'il cherchait désespérément le contact avec ma peau. Le corset, les épaisseurs de tissu de ma robe le frustraient. Sa peau a lui en revanche, je pus m'en délecter. Extirpant sa chemise de son pantalon, je la dégrafais. Je caressais avec frénésie son torse, ses flancs, son dos. Avec Marcus, nous appartenions à la même époque. Avec lui, je pouvais subitement redevenir moi-même. Je n'avais plus besoin de déguiser mes attitudes. Je glissais mes mains le long de ses reins, pénétrait son pantalon et caressait ses fesses. Je m'aventurais entre ses jambes et caressais sa verge en érection. Il se cambra légèrement et frémit de plaisir.

Nous savions tous deux que les circonstances ne nous permettaient pas de déranger l'ordonnance de ma tenue et de ma coiffure sans prendre le risque de m'exposer à de dangereux commérages. Mes invités étaient suffisamment nombreux pour ne pas s'être encore rendu compte de mon absence. Après avoir suspendu son court, en plus de nous faire cruellement défaut, le temps jouait désormais contre nous. Accentuant l'étroitesse de notre étreinte, bassin contre bassin, j'initiais un mouvement de va et vient. Je compris qu'il allait jouir lorsqu'il s'arque bouta au dessus de moi en se tenant aux montant de la bibliothèque. Les muscles de ses bras se bandèrent puissamment. Rejetant la tête en arrière, il laissa échappé un râle. Avant qu'il ne s'écroule vaincu à mes pieds, je fis mienne l'intensité jubilatoire de son plaisir.

FlamboiementsWhere stories live. Discover now