Au creux de ton cou

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Je me rappelle de ce premier soir où je t'ai vu, où mes yeux ont rencontré les tiens ou plutôt où je me suis perdu dans ces derniers. Je me souviens comment je n'arrivais plus à me détacher d'eux, comme hypnotisé, ou égaré dans un labyrinthe à l'issu introuvable. Une prison dans laquelle j'étais condamné à purger une peine pour t'avoir regardé si intensément, si fort, si longtemps sans trop savoir pourquoi. Purgeant une peine non méritée, d'errance involontaire. Violemment entraîné dans le tréfonds de tes iris, comme ensorcelé, aimanté à eux. J'ai su que je ne pourrai plus me détacher d'eux, de toi, de ton âme à laquelle la mienne s'était déjà si vite attachée. De ton rire, de ton sourire qui m'ont fait sortir de cet état d'hypnose, m'ont ramené à la réalité, à une réalité qui paraissait maintenant si idéaliste, si fausse, merveilleuse dans laquelle seuls nos deux corps existaient. Où tu étais peut-être la seule à exister, à briller et moi qui contemplait. Me laissant brûler par la chaleur qui émanait de toi car j'observais de trop près. Je t'ai dès lors aimé trop fort, trop vite, si brutalement. J'avais les mains rougies de te toucher, le corps rougi par ton toucher, le cœur en feu quand tu parlais, si tu pleurais, quand tu criais trop fort ton mal être. Les yeux tristes et livides quand je voyais la peine t'habiter, découvrais ton cœur blafard recouvert d'ecchymoses. Mais, avide de ton amour, de la prison dorée qu'étaient tes yeux, comme les larmes qui s'y cachaient je suis resté à t'aimer niché au creux de ton cou.

Névroses.Where stories live. Discover now