Chapitre 12

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La première journée de cours commence par un rassemblement dans la cour d'honneur. Je m'y rends avec Jérémie d'un pas pressé, car nous ne sommes pas en avance. Entre deux halètements, mon colocataire me raconte ses vacances comme si de rien était et ne me pose pas de question sur ce qui s'est passé au sommet de la tour Eiffel. Je vois bien qu'il en meurt d'envie, mais il se retient, ce que j'apprécie.

Oh, et si vous vous posez la question, je porte mon bon vieil uniforme à la veste verte. Personne ne m'a d'ailleurs proposé d'en prendre une jaune (enfin or). Ni bicolore, comme l'avait suggéré Maman, ce qui aurait tout de même été un peu bizarre. J'attire suffisamment l'attention comme cela. 

Nous ralentissons un peu le pas en arrivant à l'endroit où tous les élèves du lycée sont rassemblés dans un grand brouhaha. Toutes les personnes qui posent les yeux sur moi me regardent de travers ou chuchotent entre elles de façon hostile. Morgane me dirait que je suis paranoïaque, mais je peux vous assurer que je ne suis pas en train de me faire des idées ! Les louves sont les plus féroces de toutes, probablement parce qu'elles me reprochent de m'être accaparé un loup pour moi tout seul.

M. Marlin apparaît soudain, entouré de quelques professeurs. Je ne peux pas m'empêcher de gigoter nerveusement en le voyant, maintenant que je sais qu'il est mon géniteur. De son côté, le proviseur reste parfaitement neutre, comme s'il ignorait que deux de ses rejetons se cachent au milieu des élèves.

Les yeux d'Auguste passent plusieurs fois du proviseur à ma personne. Je suppose qu'il est à la recherche de ressemblances physiques. Quant à Morgane, non loin de là, elle pince les lèvres d'une façon qui ressemble beaucoup à Grand-mère.

Et moi, je fais mine de ne rien remarquer et regarde M. Marlin qui s'avance pour prendre la parole.

— Je vous souhaite un bon retour à l'Institut pour ce début de second trimestre, commence-t-il dès qu'il a obtenu le silence. J'espère que les vacances de Noël vous ont permis de vous reposer pour prendre des forces pour cette suite d'année scolaire qui s'annonce riche.

Personne ne réagit. Depuis quand les vacances de Noël sont-elles censées être reposantes ? On commence d'abord par être obligé de se réunir en famille avec toute une armée de cousines et de tantes. Puis on recommence quelques jours plus tard à devoir veiller jusqu'à minuit, juste parce que le calendrier va changer d'un chiffre. Quand trouve-t-on le temps pour prendre des forces ?

— Je souhaitais pour commencer évoquer avec vous des événements récents qui sembleraient risquer de mettre en péril le secret de notre existence.

À ce moment-là, tout le monde se tourne vers moi sans se gêner le moins du monde. Je me raidis. Tous ces gens pourraient au moins faire semblant d'être discrets !

— Sachez que ces événements sont sous le contrôle du Grand Conseil et que tout devrait revenir à la normale d'ici peu. Par mesure de sécurité, je vous demande cependant tout de même de ne pas porter votre uniforme dans la rue lors de vos sorties du week-end hors de l'Institut, ni même seulement de mentionner que vous êtes élèves ici. Faites-vous donc passer pour des lycéens tout ce qu'il y a de plus ordinaires. Oh, et la sortie principale est momentanément condamnée. 

— Et peut-on utiliser les réseaux sociaux ? demande une voix traînante juste à côté de moi.

C'est celle d'Hector. Il s'est approché sans que je le remarque. Sa question, bien sûr, n'a que pour but d'attirer à nouveau des regards haineux en ma direction. Alors que ce n'est même pas moi qui ai posté cette vidéo sur TikTok ! Je n'avais même pas de compte jusqu'à il y a peu.

— Vous pouvez, à condition de ne rien poster de compromettant, répond le proviseur. N'entrez surtout dans aucun débat au sujet de l'existence ou non des créatures surnaturelles.

Le lycée des Surnaturels (tome 2)Where stories live. Discover now