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Coline n'en revient pas. Est-ce une blague ? Selim vient d'arriver avec sa bande de potes. Dont Isidore. Depuis quand sont-ils potes ?

Avec ses béquilles, elle essaye de se déplacer sans se casser la figure pour leur faire la bise.

— Bourrée ? interroge Selim en remarquant le visage rouge anus de la blonde.

— Que de quelques verres, rassure Coline en sachant pertinemment que son teint cramoisi est plutôt dû au fait qu'elle parle à Selim, hors du lycée.

Sa soirée bat son plein. Les gens dansent, les contre-soirées se défont rapidement et tout le monde complimente l'appartement de Co'. Elle indique aux gars de poser leurs affaires dans la baignoire et de ne surtout pas entrer dans les deux chambres où elle a scotché de grandes croix. La chambre et le bureau de sa mère sont des espaces interdits.

— Arrête de le fixer, t'es graaaaaave cramée, remarque une voix.

Co' se retourne d'un coup pour surprendre la présence non désirée d'Isidore. Elle soupire bruyamment. Elle l'avait presque oublié.

— On t'a invité ?

Les garçons se dirigent vers la terrasse, où tout le monde s'est mis à fumer. Seul Isidore reste à ses côtés. Co' soupire, un peu moins à l'aise à l'idée de devoir traverser cette marée humaine pour atteindre Selim.

— J'ai gardé un œil sur Angèle la dernière fois ! rappelle le blond en se rendant compte qu'il allait sûrement se faire jeter de la soirée.

— T'as de la chance que je suis de bonne humeur ce soir, marmonne Coline en levant les yeux au ciel.

Seulement, le blond la colle.

— Pourquoi tu me détestes ? Si c'est à cause de la chute, je me suis excusé, rappelle-t-il.

Le trouduc' est insupportable.

— « Désolé, j'étais foncedé ». Grave bonnes excuses, wow.

Son côté cynique ressort.

— Je peux te poser une question ?

Qu'est-ce qu'il est agaçant, putain.

— Ça te dit qu'on fasse la paix contre quelques coups de pouce pour que tu pécho Selim ?

Comment ?

Coline reste bouche bée. Depuis quand est-il au courant ? Oh... Maintenant qu'elle y repense, elle n'a pas pris en compte sa première remarque sur le fait qu'elle fixait abominablement Selim. Elle doit faire avec. C'est juste Isidore de toute façon.

— Deal. Mais tu caftes rien.

Il sourit, fier de lui.

Pendant ce temps, Coline observe Angèle papoter avec les gens, au centre de l'attention. Comment fait-elle pour attirer les foules de monde ? Si seulement elle avait ces capacités, elle aussi. Ne pas avoir de charisme, ça craint.

Les invités ne viennent pas pour Coline, mais Angèle. L'idée dépite un peu la blonde qui se rend compte qu'elle n'a aucune importance, même chez elle, à sa propre soirée.

— Là, si tu veux, je peux faire en sorte que vous vous retrouviez seul quelque part dans une pièce de chez toi. Je suis le pro pour jouer le cupidon des soirées, assure Isidore.

C'est la première fois qu'elle discute vraiment avec lui, et c'est vrai qu'il a l'air bien plus malin d'un coup.

— Prouve-le moi, réplique-t-elle en s'écartant un peu de lui pour montrer la cuisine, spot où elle aimerait bien apprendre à connaître Selim.

— Tu vas être choquée par mon efficacité, affirme-t-il en sortant des filtres de sa poche.

Coline patiente et se dirige vers la cuisine. Surprise, Selim apparaît deux minutes plus tard, il a l'air de s'amuser.

— Hey... débute-t-elle déboussolée.

— Isidore m'a dit que t'avais besoin de moi en cuisine, je suis là, dit-il en souriant.

La blonde devient muette.

— J'arrive pas à ouvrir le... pot de cornichons, montre-t-elle en ouvrant une étagère.

— Tu veux bouffer des cornichons ? interroge-t-il surpris.

Coline est embarrassée par son excuse. Seulement, c'est à elle de jouer. Isidore a fait le job en amenant son crush là où elle voulait. À elle de se démerder.

— C'est pour Isidore, il voulait des cornichons, assure-t-elle.

Le brun lui sourit et Coline fond. Elle observe les petites fossettes qui font qu'elle a envie d'apprendre à le connaître. Elle aimerait faire l'effort de parler, mais ne sait pas quoi dire quand il finit par ouvrir le pot.

Selim la regarde. Coline a du mal à retenir son souffle et baisse les yeux pour fuir son regard. Elle laisse ses béquilles sur le côté, pour se tenir à cloche pied.

— T'es jolie ce soir, souffle Selim, d'un air sincère.

Les mots la font rougir.

— Je....

— T'es jolie tout le temps, hein, mais quand même ce soir, je sais pas, t'as l'air... encore plus... ravissante. Ça se dit ?

Elle rit, bêtement, comme une nana qui glousserait après avoir entendu un compliment. Elle aimerait cacher son visage rouge tant ce que dit Selim la flatte. Est-il sincère ?

Coline aimerait lui dire qu'il est beau, mais elle n'ose pas. Ça sonnerait bizarre dans sa bouche. Alors, elle se tait et observe Selim se retourner. Il montre Isidore sur le balcon en train de fumer le joint qu'il vient de rouler.

— On lui donne ses cornichons ?

Coline acquiesce et le suit, même avec ses béquilles. Elle entend son cœur battre la chamade. Et pour une fois, ça lui fait du bien de se sentir vivante et un minimum actrice de son existence.

OupsWhere stories live. Discover now