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Cher Alex,

C'est le deuxième 25 décembre que je passe sans toi.

Je ne sais pas, je ne veux plus dire Noël, il commence à me répugner ce mot, tellement. Je voudrai que tu sois là, comme chaque année, avec moi, dehors sous une tente à une température glacial, emmitouflé dans nos trois couvertures, une blanche, une bleu, une rouge, a capté le réseau pour regarder un film sur l'ordinateur qui plante, en bouffant des bonbons, des chocolats et de la bûche. La musique de fond douce qui chante des chansons de Noël. Ça me manque tout ça. J'ai plus personne avec qui passer des fêtes aussi inoubliables. On était comme deux malheureux à gelé dans cette tente mais dieu, que c'était beau. Je comprenais enfin le sens du mot Noël.

Je me souviens.

Comment t'étais mature, à me faire la morale parce que je râlais sur moi, à quel point je détestais la personne que je suis, sur le fait de passer Noël dehors au lieu de la passer avec la famille. Tu m'expliquais les choses dans ton point de vue. C'était drôle, le petit froncement de sourcils que tu prenais, le mini sourire à la fin de ta petite remontrance. Je prenais plaisir parce que merde, on se comprenait tellement. C'était des disputes, de pleurs et surtout des joies chaque 25 décembre.

Deux ans.

Cette année aussi, je vais passer Noël sous cette tente rouge délavée, dans la neige, avec des couvertures. Je prendrai ton ordinateur qui plante, des bonbons, des chocolats et de la bûche. Je mettrai cette musique de Noël en fond, je prendrai nos vidéos, nos photos, tes textes et mes souvenirs. Je les ancrerai bien dans ma tête et je passerai la nuit à écrire et à regarder tout nos moments magiques sur cet ordinateur.

C'était toi qui m'avais incité à écrire. « Ça te libérerai, Seanne, je te promets. » Il a fallu que tu meurs pour que je puisse m'y mettre. Ça libère, c'est vrai, mais pas de tout. Pas de toi.

Assis sous les couvertures, une tasse de chocolat chaud - grâce au thermostat, tu vois, celui avec le bonhomme de neige fondu ? - dans les mains, avec notre petit sapin, on faisait le décompte. On attendait minuit, on attendait le 25 décembre pour se libérer de cette fête.

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JOYEUX NOËL !

On se brûlait la langue avec notre chocolat puis, on se prenait dans les bras. On criait quand même joyeux Noël.

Minuit un.

Les cadeaux.

Le dernier, je me rappelle. On avait rien acheté, on ne s'était même pas concerté. Un cadeau, offert avec le cœur, c'est ce qu'il y a de plus beau d'après toi. Je n'ai pas besoin d'argent pour prouver l'amour que je porte à ma Seanne adorée, ma sœur de cœur et la moitié de mon âme.

Cliché mais beau.

Un pull, troué, rouge, déformé, trop petit, effilé. Je m'en foutais en fait. C'était toi qui l'avait fait. J'étais contente, tu avais fait mon année.

Les gens me demandent pourquoi j'accorde tant d'importance à ce cadeau. Juste parce qu'il venait de toi. Tu l'avais fait, juste pour ça tu vois, cette seule raison me suffit.

Oh, attention Alex.

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JOYEUX NOËL.

Je suis quand même avec toi, au cimetière sous cette tente rouge délavée. Le coeur battant et au bord des larmes.

Promis, elle sera enterrée près de toutes les autres. Sur papier, sur ordi et sur un mur. Comme on en avait l'habitude.

Douce soirée là-haut, pense à moi tout de même.

Joyeux Noël Alex, mon âme le criera toute la nuit pour que tu puisses l'entendre d'où tu es.

Je t'aime.
Sarah-Jeanne.
Ps: je suis désolé de ne pas avoir relue, sincèrement désolé.»

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⏰ Last updated: Dec 25, 2014 ⏰

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Dear Santa...Where stories live. Discover now