Chapitre 69 -Araceli-

511 65 29
                                    

Musique : The Richardson House par Mark Isham



Il me faut quelques secondes pour réaliser ce que Kale vient de dire. Je savais que revenir à ses côtés ne serait pas chose facile mais rien n'aurait pu me préparer à la haine qu'il déclenche en moi. Mon estomac se tord rien qu'en repensant à la manière dont il m'a touché tout à l'heure...

- Comme je l'ai dit tout à l'heure, il s'agit plutôt d'une garantie, poursuit-il avec nonchalance. Un moyen de m'assurer que l'agence respectera sa part du marché.

- Tu es ignoble...

Les mots m'échappent avant que je n'ai pu reprendre contenance. Ils m'éloignent du script mais c'est plus fort que moi. Je m'étonne encore de la froideur avec laquelle il parle de mêler des vies innocentes à ses plans sordides.

Kale lève les yeux au ciel, l'air mécontent.

- Cesse donc de te comporter comme si le sort de ces gens t'importait, rétorque-t-il. Ce qui compte vraiment, c'est que toi et moi nous en sortions.

Après l'accident que j'ai provoqué, une part de moi s'attendait à ce qu'il m'en veuille d'avoir mis sa vie en danger. Or mis à part le coup d'éclat durant lequel il a envoyé valser les plats, il me semble plutôt maître de lui. Kale n'est pas du genre à laisser le hasard décider de son existence. Sa confiance en lui-même n'est pas uniquement basée sur l'arrogance et c'est ce qui le rend aussi dangereux...

- Tu m'écoutes ? lance-t-il.

Je lève les yeux vers lui tout en essayant de cacher l'horreur qu'il m'inspire.

Je dois me montrer à la hauteur !

Ethan Miller a réussi à me convaincre de faire profil bas afin que l'agence ait une chance de neutraliser Kale pour de bon. Je lui ai promis d'essayer...

Je n'ai pas le choix : si je veux avoir une chance de deviner les intentions de ce monstre, je vais devoir réfléchir un peu plus comme lui.

- Oui, je réponds.

- Où étais-tu retenue ?

Pourquoi me pose-t-il soudainement cette question ? Compte-t-il y envoyer sur place ses hommes de mains pour corroborer mes propos ?

- Je n'en ai pas la moindre idée, je réponds. Après que j'ai accepté leur marché, il m'ont administré un sédatif. Et lorsque je me suis réveillée, je me trouvais dans une planque perdue au milieu de nulle part. J'y étais surveillée vingt-quatre heures sur vingt-quatre.

- Je vois...

J'ai dû apprendre par cœur cette réponse. Le directeur-adjoint de la CIA a insisté pour me faire répéter toutes sortes de scénarios... Bien qu'au début j'ai eu l'impression qu'il sous-estimait ma capacité à tromper la vigilance de Kale, cela me rassure à présent. Pour quelqu'un qui ne connait pas Kale comme moi je le connais, Ethan Miller a également à cœur d'en finir avec ce taré.

Kale n'accorde pas sa confiance à n'importe qui. Il m'arrive même de me demander s'il est capable de se fier à une autre personne que lui-même. Pour lui, tous ceux qui l'entourent son des pions potentiels.

Voilà pourquoi je lui renvoie son regard jusqu'à ce qu'il hoche la tête.

- Il y a encore quelque chose qui me chiffonne, dit-il après un bref silence.

Mon cœur s'accélère à nouveau.

Du calme... il ne peut pas lire tes pensées.

- Tu as passé un marché avec la CIA et pourtant ton corps porte des traces de lutte. Pendant que tu étais sous l'effet du sédatif qu'ils t'ont administré, mon médecin et moi-même t'avons examiné... Tu m'as dit être tombée mais comment expliques-tu les hématomes vraisemblablement laissés par une main sur ta nuque ? Tu avais également du sang et de la boue sous les ongles, sans parler de tes côtes. Alors je te le demande pour la dernière fois : qui t'a fait ça ?

EmpriseWhere stories live. Discover now