Assise sur mon lit, je contemple avec contentement les boîtes vides des plats à emporter que jai engloutis posées sur la couette. Encore une fois, je suis incapable de savoir ce que jai mangé, mais c'était vraiment bon. Si Jake avait été là, j'aurais pu lui demander, mais il est dans sa chambre. Il était préférable qu'on mange chacun de notre côté, sinon la fourchette en plastique aurait fini dans son il. Pourquoi sommes-nous incapables de communiquer normalement comme deux adultes responsables ?
Chacune de nos discussions se solde par une dispute. Un instant nous somme beaucoup plus proches qu'on devrait, et l' instant d'après on se déteste. Je n'arrive pas à comprendre ce que je ressens, j'aimerai que tout soit plus simple entre nous, et pourtant j'ai l'impression que c'est impossible. Si seulement on pouvait réussir à communiquer normalement ça serait déjà une grande avancée.
J'allume la télé de la chambre avec l'espoir de me changer les idées et de penser à autre chose qu'à Jake. Malheureusement, je n'ai pas accès au câble malgré la suite luxueuse dont je dispose et je n'ai que les chaines locales. Évidemment, pour enfoncer le clou, elles sont toutes en russe !
J'appuie mon pouce avec frénésie sur le bouton à la recherche de quelque chose de potable : mon choix se porte sur un film de Hitchcock. La jeune Marion roule vers son avenir, une somme colossale dans son coffre avec la ferme intention de vivre des jours meilleurs. Mais alors quelle arrive à hôtel et que la conversation entre elle et le gérant Norman débute, je réalise qu'encore une fois les dialogues sont en russe. Jai beau avoir vu le film à nombreuses reprises, ne rien comprendre des dialogues m'ennuie au plus haut point. Je décide daller prendre une douche et de laisser la télé allumée pour combler le vide intersidéral de ma chambre. Même si je n'ai jamais eu besoin de laide de personne pour mener ma vie, cette solitude me trouble. Ne parler à personne, n'entendre aucun bruit m'angoisse, et, même si je suis incapable de comprendre le russe, le fait d'entendre des voix me fait du bien.
(Tu pourrais tout aussi bien aller voir Jake pour ne pas être seule.)
Même pas en rêve ! Hors de question que je me rabaisse à encore essayer d'arrondir les angles. Il prend la mouche pour rien et il risquerait encore de comprendre de travers ma démarche. Je me déshabille rapidement et file dans la salle de bain grandiose dont les murs et le sol sont couvert de marbre banc. L'eau brûlante coule sur ma peau comme une pluie torrentielle. Je lève le visage vers le pommeau de douche en tentant de faire le point sur cette journée riche en rebondissements. La découverte de cette facture est une chose, les disputes continuelles avec Jake en sont une autre, qui me perturbent beaucoup plus quelles ne le devraient. Je décide de penser à autre chose et me concentre sur le bien-être que l'eau chaude sur mon corps me procure. Après avoir probablement vidé le ballon d'eau chaude de la chambre, je sors de la douche et enroule une serviette autour de ma taille.
Scène secrète :
Pile au moment où j'arrive dans la chambre, la mythique scène de la douche passe à la télé. Scène dans la quelle Marion est en train de se laver et où le Norman débarque un couteau à la main pour la poignarder. Jai beau connaître cette scène par cœur, la voir et l'entendre hurler provoque toujours chez moi un tressaillement incontrôlé. Ce n'est pas de la peur, juste un réflexe. J'aurai tout de même dû baisser un peu le son, mes voisins ne sont pas obligé e profiter des cris de l'actrice. Manquerait plus que Jake tente de dormir, il risquerait de croire que j'ai fait exprès de mettre la télé trop forte pour le déranger. Au moment où je prends la télécommande pour baisser le son ; la porte communicante entre ma chambre et celle de Jake s'ouvre à la volée.
Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.
Le verrou a littéralement explosé sous le choc de l'entrée fracassante de Jake qui se fige en me voyant. Par réflexe, je m'agrippe à ma serviette que j'ai autour de moi, pour ne pas me retrouver en tenue de d'Eve. Je réalise alors qu'il s'est inquiété pour moi à cause du cri de Marion Crane, l'héroïne de "Psychose" !
Je reporte mon attention sur Jake et remarque qu'il est torse nu et ne porte qu'un bas de jogging kaki. Jake à son tour me détaille des pieds jusqu'à à la racine des cheveux. Grandir un frère a au moins eu l'avantages de ne pas me rendre pudique. Il a débarqué nombre de fois à l'improviste dans la salle de bain, et je ne compte plus les pause pipi en pleine nature lors de nos virées en forêt. Du coup, si Jake est complètement déstabilisé de me voir presque nue, moi je ne le suis pas le moins du monde. Sauf quand mon regard s'attarde un peut trop sur son torse si bien ciselé. Il est dessiné qu'on dirait qu'il a été sculpté dans la roche. Un mannequin ne serait pas aussi bien taillé, il est juste terriblement torride !
Jake : je suis désolé, Sally, jai agi impulsivement et j'ai cru que quelque chose vous était arrivé
Jake opine, esquisse un semblant de sourire et fait le tour de la pièce. Il ouvre la porte de la salle de bain, puis vérifie les fenêtres.
(Décidément son rôle de gardien vire presque à la paranoïa !)
Je m'installe sur mon lit en prenant soin de ne pas faire tomber ma serviette et le regarde évoluer dans ma chambre. Son pantalon de jogging qui tombe sur ses hanches est un véritable spectacle à lui tout seul. Son torse musclé digne de ceux qu'on admire sur le grand écran a de quoi faire fantasmer
(Mince, fais gaffe, tu risquerais de baver !)
Jake : Je vais appeler l'accueil pour qu'ils viennent réparer la porte.
Sally : je tenais à m'excuser pour tout ta l'heur Jake, je ne voulais pas me montrer impolie.
Jake qui observe l'extérieur pas la baie vitrée balaye mes excuses de la main. Quand il se retourne, son regard se plante dans le mien et m'électrise sur place. Une vague de chaleur se propage en moi et déclenche par la même occasion un long frisson qui court le long de mon épine dorsale.
Jake : Merci, Sally. Je retourne dans ma chambre, j'ai besoin dune petite sieste pour être en forme. Vous feriez bien de reprendre des forces vous aussi.
Bien que je sois déçu qu'il parte déjà, je me dis qu'il n'a pas tort et qu'il est préférable qu'il quitte ma chambre. Je n'ai jamais ressenti une telle attirance pour un homme, pas même pour Ashton. Être l'un près de l'autre quasi nu n'étais sans doute pas la meilleure idée.
Tout à coup, Jake marche dans ma direction. Qu'est-ce qu'il lui prend ?
Il n'y a pas beaucoup de distance entre nous, et pourtant j'ai l'impression qu'à chacun de ses pas mon cœur bat plus vite. C'est comme s'il battait en écho avec sa propre cadence. Alors qu'il s'arrête devant moi, je suis forcée de lever le visage pour ne pas me retrouver à son torse musclé. J'ai les mains moites, je déglutis avec difficulté, et l'espace d'un instant j'ai l'impression qu'il va m'embrasser. J'en ressens l'envie, c'est comme un besoin primaire, une pulsion que je dois assouvir. Je ne sais pas de quoi sera fait demain, et peut-être que nous ne devrions pas, mais parfois il faut vivre et ne pas réfléchir. Mais alors que je pose le pour et le contre, Jake s'accroupit.
Jake : Vous avez fait tomber la télécommande.
Jake me tend la télécommande, et sa main est comme une caresse lorsqu'il la dépose aux creux des mienne.
Jake : Essayez tout de même de vous reposer, Sally. À plus tard.
Sa voix est chaude et douce, je n'y décède plus ni énervement ni hostilité. Et je suis si chamboulée que je ne sais comment réagir.
