scène d'adieu

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Défi de Danslalune123 : écrire une scène d'adieu déchirante entre deux personnes.

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J'ouvre les yeux. Le bruit de l'aiguille intermittente de l'horloge résonne dans toute ma chambre. Les simples rideaux filtrent une très faible lumière à travers les volets à moitié fermés. Par terre, j'aperçois une dizaine de mouchoirs jonchant le sol. Aussitôt, je me redresse de mon lit pour en attraper un nouveau. Je souffle dedans de toutes les forces qu'il me reste.

C'est ce matin que mon copain s'envole en train. Même s'il m'a fait ses adieux la veille, je compte bien le revoir une dernière fois.

Je tourne le visage vers l'horloge et, m'appercevant que 6h approche, je bondis hors de ma chambre et cours à la salle de bain. Un quart d'heure plus tard, je pousse la porte de la maison et m'engage dans l'allée. Mes pas s'accélèrent et je me mets à courir en direction de la gare. Je cours pour revoir une dernière fois l'homme que j'aime et je cours après le temps injuste qui passe sans jamais s'arrêter. Difficilement, je répète son prénom à voix haute entre plusieurs respirations.

— Andrew, Andrew, Andrew... Ne pars pas sans, pff, sans moi, pff, je t'en supplie !

Je répète en boucle son prénom comme une prière, encourageant mes poumons qui me demandent de m'arrêter. Le tic-tac assourdissant de l'horloge résonne encore dans ma tête : le temps file à toute allure.

Soudain, au tournant d'un virage, j'aperçois enfin la gare. Je jette un coup d'œil rapide à ma montre. Le train part dans 3 minutes.

J'accélère alors le pas, aussi rapide que mes jambes me le permette, et je m'enfonce dans le grands bâtiments.

Debout entre les passants affolés, devant un train à l'arrêt, un grand garçon aux cheveux brunis reste immobile. Il tente de respirer doucement, ses yeux gris fixant le vide.

— Mesdames et messieurs, votre attention s'il vous plaît. Le train en direction de xxx s'apprête à partir. Tous les voyageurs sont priés de-

Je saute dans les bras d'Andrew, le serrant de toutes mes forces. Il sursaute, puis, sans poser de questions, me sert la taille à son tour. Son corps imposant m'enveloppe, et je n'ai plus aucune envie qu'il parte. Déjà, des larmes chaudes coulent le long de mon visage, caressant mes pommettes brûlantes et plongeant dans mon coup.

— Je t'en s-supplie, dis-je entre deux sanglots, ne m'oublie p-pas. C'est la s-seule chose que je te d-demande.

En guise de réponse, ses bras exercent une pression plus forte dans mon dos. Un biiip strident retentit : les portes s'apprêtent à se refermer.

— Je viendrai t-te voir, je continue. Je te r-retrouverai, alors n-ne m'oublie pas.

Il s'écarte de cette étreinte et recule doucement vers le train. Une larme coule sur sa joue droite, son sourire sincère déborde de tristesse. Il s'avance à nouveau, tends sa main vers mon visage, soulève mon menton, et pose tendrement ses lèvres froides sur les miennes. Puis, il se penche davantage, et chuchote quelques mots au creux de mon oreilles.

— Je ne t'oublierai jamais. Je t'aime, et je t'aimerai toujours.

Alors, j'éclate en sanglot, ne parvenant même plus à enchaîner deux mots de plus. Le train l'avale tandis que mes jambes s'effondrent sous mon propre poids. Ma vision devient trouble, mon cœur éclate en miette. Le train démarre dans un sifflement, tandis que ma gorge émet un hurlement.

Je pleure, je cris et je maudis le temps, qui défile, injuste, continuellement.

Et dans ma tête, je n'entends plus que le bruit strident de l'horloge qui retentit, pendant que mon monde entier s'effondre, s'écroule et se démolit.

Je ferme les yeux.

Juѕтe deѕ мoтѕWhere stories live. Discover now