Prologue

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Alma

Brooklyn, quinze heures dix.

L'être humain est superficiel, faible sous toutes les facettes et surtout très indécis.

Voilà maintenant une heure, cinquante-trois minutes et vingt secondes que je suis toujours aussi immobile devant mon armoire.

Je n'ai pas vraiment l'habitude d'assister à ce genre d'événement, mise à part une seule fois, celui de mon père, étant beaucoup plus jeune.

Il m'est impossible de me présenter avec des vêtements trop colorés, ni trop festifs.

À court d'options je jette mon dévolu sur une robe noire, après tout, c'est ce type de couleur qui est le plus convenable.

Mais je remarque qu'elle a un décolleté, non ce n'est pas approprié...Et puis merde, je mettrai une écharpe pour couvrir.

Arrivé sur les lieux, je suis entourée de plusieurs personnes dont j'ignore complètement l'existence.
Je n'ai même pas le temps de m'installer qu'une voix familière retentit à mes oreilles.

En jetant un coup d'œil à travers mon épaule, j'aperçois une femme m'approcher les yeux l'armoriants, oui cette dame, je connais son existence.

- ALMA C'EST UNE TRAGÉDIE ! Proclame-t-elle, les joues humidifiées dues aux larmes qu'elle a versé.

Je ne suis pas vraiment douée pour réconforter les gens, ni savoir quel comportement je dois adapter, surtout dans ses circonstances.

Je me contente de la prendre dans mes bras dans l'espoir de trouver les mots justes.

- Ça va aller, vous avez été la meilleure des mères pour Tyler, vous avez toujours tout sacrifié pour lui soyez fier de vous, lui dis-je.

Une fois qu'elle s'est trouvé une autre paire d'épaule, où déverser ses larmes, je repère une chaise au fond à l'écart, où je prends place.

Tous regroupés autour du cercueil de Tyler, les seuls sons qui raisonnent autour de moi sont des reniflements, des pleurs ou plutôt de fausses larmes.

Parce que je ne pense pas que toutes les personnes présentes fassent partie de sa famille ou bien même de ses amies...

J'aperçois la mère du défunt se lever pour se placer de l'autre côté du cercueil.
Elle prend une feuille dans ses mains, ça doit sans doute être l'éloge funèbre.

Elle commence difficilement à prendre la parole la voix tremblante, le souffle qui ne cesse de s'accélérer.

Son regard perdu entre le cercueil de son fils face à elle, et la feuille qu'elle tient entre les mains.                                        
Une fois avoir terminé son discours, elle s'apprêtait à regagner sa place quand elle décida de se rétracter.

Son regard se balade à travers la foule, comme si elle cherchait quelqu'un, jusqu'à ce que ses yeux s'arrête sur moi.

Seigneur, j'espère qu'elle ne va pas me demander de prendre la parole.

- Alma je t'en prie, tu peux venir.
Oh non.

Elle regagne sa place, tout en me cédant la sienne.
Je me lève en me dirigeant vers le cercueil d'un pas hésitant sans avoir aucune idée de ce que je vais bien pouvoir dire.

Je n'ai préparé aucun discours ! 
Bon je vais jouer sur l'improvisation. 

-Aujourd'hui, nous pleurons tous la perte tragique de Tyler en laissant un manque terrible derrière lui pour sa famille ses amies.

- Doté d'une grande générosité d'âme, et d'un grand cœur, nous continuerons à penser à lui et à le chérir jusqu'à notre dernier souffle disparue, mais jamais oublié.

Bon, c'est plutôt pas mal pour de l'improvisation même si ce n'était pas très long, c'était simple, court et efficace.

On juge un produit pour sa qualité et non sa quantité quoi que parfois la quantité compte également.

Je finis par regagner ma place en attendant la fin de la cérémonie.
Je jette un coup d'œil sur l'écran de mon téléphone il est seize heures.
Il serait temps de rentrer.

Je présente une dernière fois mes condoléances auprès de sa mère.

De retour chez moi, mes pensées me renvoient directement à la veille.

Au moment où l'on m'a informée que Tyler allait être enterré aujourd'hui, alors que je n'étais même pas au courant qu'il était mort.

L'avoir appris dans un mouvement de foule aussi rapidement, sans y être préparée, m'a glacé le sang.

Tyler et moi avons eu une relation dans le passé, mais c'était vraiment à court terme.
Nous étions simplement amis, puis on s'est demandé s'il n'y avait plus, mais ça a juste été un échec.

Cette relation était à sens unique généralement quand les sentiments sont partagés, on le sait ou plutôt, on le sent.

L'amour n'est qu'une illusion, que nous renvoient les films et les bouquins, dans la réalité les fins heureuses n'existe pas.

Et puis on se connaissait pas vraiment, ou plutôt, il ne me connaissait pas vraiment.

Durant notre très courte relation nous n'avions jamais dépassé le cap des maigres baiser, ce qui le frustrait énormément.

Je ne me sentais pas assez à l'aise pour me donner à une personne qui me mettait la pression, ça me repoussait plus qu'autre chose.

Et puis je n'ai que dix-neuf ans oui certes la majorité des filles ne sont plus vraiment vierges à cet âge-là, mais chacun va à son rythme, que ça en déplaise en certains.

Lorsque j'ai appris la nouvelle de sa mort, mes pensées se sont automatiquement dirigées vers sa mère.

Elle qui le chérit tant, elle le mettait sur un grand piédestal.

Elle avait tendance à dire qu'il allait devenir le futur président qu'il était voué à un grand avenir, malheureusement, on ne le sera jamais.

Depuis le début de cette journée, mon téléphone ne cesse de vibrer à longueur de temps, plusieurs messages de différentes personnes.

J'ai eu droit à plusieurs compliments aussi hypocrites les uns que les autres.

« Tyler comptait beaucoup pour nous ! »
« Nous l'aimons tous ! »
« On espère que tu vas bien ! »

Et j'en passe ! Les gens se rappellent de ton existence une fois six pieds sous terre.
Mais bon, on va dire que la mort sert de rappel pour certains.

La mort, qui me fauchera aussi, est probablement plus tôt que prévu.

Blood FragmentsWhere stories live. Discover now