Bleu Magnétique (EN PAUSE)

Chapitre 51

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         Le mois de juillet défilait à vive allure. J'avais revu Emmanuelle et logé pendant une semaine chez mes parents qui se faisaient un sang d'encre pour moi. Ils avaient perdu une fille. Il était hors de question que je leur inflige la peine d'en perdre une seconde. Passer du temps avec eux m'avait fait du bien. Pendant quelques jours, nous étions redevenus une famille. Même si cette famille se retrouvait tronquée sans ma sœur qui croupissait dans une cellule du Mont Cendré. Auprès de mes parents, l'Immortelle avait fait profil bas pour laisser place à l'humaine. Ce fut reposant d'oublier de façon éphémère que le poids d'une prophétie pesait sur mes épaules.

« Oxane. » La voix de Marin a résonné dans mon dos.

Terminant de papoter avec ma mère au téléphone, j'ai raccroché en lui promettant que tout allait bien entre nous. Elle culpabilisait, avec mon père, d'avoir dû m'interner de force. Je comprenais leur inquiétude. Comment leur en vouloir de m'avoir prise pour folle ? À leur place, je me serais trouvée démunie et j'aurais certainement agi de la même façon.

— Comment se portent tes parents ? s'est informé Marin en s'installant à mes côtés sur le canapé après avoir réglé le minuteur du four dans lequel cuisait un délicieux repas.

– Ils sont anxieux. Ils pensent que je leur en veux toujours et que c'est pour cette raison que je me suis éloignée sans donner trop de nouvelles ces derniers temps.

— La semaine que tu viens de passer chez eux ne les a pas rassurés ?

— Tu aurais été rassuré toi à leur place ? ai-je demandé à Marin qui a affiché une moue désolée.

— Ils ont cru à ton voyage en Écosse ?

— Oui. Mais ça ne les empêche pas de culpabiliser. Je n'aime pas les savoir tristes à cause de la situation. Quand notre mère biologique nous a laissées, ma sœur et moi, devant leur maison, ils auraient pu fermer les yeux et nous ignorer. À la place, ils se sont occupés de nous. Ils ont déménagé et changé de vie, ai-je déclaré émue.

— Tes parents sont de belles personnes.

J'ai acquiescé puis esquissé un sourire quand l'image de mes parents est apparue dans mon esprit.

— Tu penses qu'ils ont des doutes à propos de ma véritable nature ? ai-je interrogé Marin en m'allongeant sur le canapé.

Son absence de réponse était claire : mes parents se doutaient de quelque chose. Il aurait fallu être niais pour croire le contraire.

Le grand brun a posé mes jambes sur ses cuisses et a entrepris de me masser les pieds. Cherchant à me détendre, j'ai fermé les yeux et oublié ma condition l'espace de quelques minutes. J'aurais voulu que ce moment, fort agréable, s'éternise. Malheureusement, Marin s'est levé.

— Nous allons passer à table.

— Dans deux petites minutes, ai-je dit en me délassant sur le sofa tandis que le maître des lieux s'affairait en cuisine.

Cerbère m'a rejointe et c'est ensemble que nous nous sommes dirigés vers la salle à manger. Je me suis arrêtée ébahie devant la beauté de la table dressée par l'Archange qui ne portait qu'un pantalon d'intérieur qui lui tombait sur les hanches. Cette vision m'a plu et m'a emportée dans un monde de fantasmes. J'aimais l'idée que Marin puisse être un homme comme les autres. Qu'il ne soit qu'un anonyme parmi les anonymes qui n'ait aucune mission particulière sur cette terre.

Rapidement, le rêve s'est estompé et la réalité m'a rattrapée. Marin se trouvait bien devant moi, ultra sexy. Mais il n'était pas comme les autres et moi non plus.