Chapitre 3

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     Tandis que Marin sortait pour rapprocher ma voiture de sa propriété, j'errais au rez-de-chaussée admirant les lieux décorés avec un goût certain. Passant du salon à la salle à manger, de la salle à manger au couloir, du couloir à un petit salon, je me demandais ce qui pouvait pousser un jeune homme aussi attirant à vivre reclus, loin de tout. Je n'ai pas tardé à obtenir ma réponse en tombant sur les feuilles volantes d'un manuscrit laissé à l'abandon sur un bureau proche de la bibliothèque murale.

Un homme de lettres féru de littérature et d'écriture.

La porte d'entrée a claqué. Quand j'ai relevé le nez, Marin retirait sa veste dans le salon.

— Faites comme chez vous surtout.

— Je suis désolée, je n'aurais pas dû prendre mes aises de la sorte, ai-je bafouillé.

— Ce n'était pas une réprimande.

M'approchant, je lui ai souri. Marin m'a tendu mon sac à main et a posé le reste de mes affaires, écharpe et bonnet, sur une chaise.

— J'ai pris l'initiative de remettre dans votre sac tous les objets déversés sur le siège passager avant.

J'ai ouvert le sac. En évidence, se trouvait la boîte vide de médicaments avalée plus tôt.

— Je vois que vous avez changé d'avis, a-t-il repris. Vous comptez rester ici.

— Oui, ai-je répondu en envoyant un message à Emmanuelle, ma meilleure amie, dans lequel je lui révélais le nom de mon hôte et l'endroit où je me trouvais pour assurer mes arrières au cas où.

Marin avait mis à ma disposition un tee-shirt, un pantalon de pyjama féminin ainsi que des pantoufles pour me promener dans la maison. Je n'avais pas l'impression d'être une intruse dans sa demeure ou une étrangère à ses yeux.

— Je ne veux pas déranger.

— Si la question est « existe-t-il une Mme Vinci ? » la réponse est non. N'ayez crainte, vous ne dérangerez personne. Je vis seul. Ce pyjama appartient à une amie qui vient de temps à autre me visiter.

J'ai rougi suite à l'ambiguïté de la phrase.

— Seul. Dans une aussi grande maison ? me suis-je permise de me renseigner.

— J'aime les vastes espaces et la tranquillité. Il était donc logique à mes yeux, d'emménager dans cette propriété entourée d'une nature par définition sauvage aussi sublime que mystérieuse.

— Vous n'avez pas peur ? C'est loin de tout.

Marin est reparti dans l'entrée placer son manteau sur un cintre qu'il a laissé sécher. Puis, il est revenu vers moi après avoir bifurqué dans la cuisine pour apporter une carafe d'eau et deux verres.

— Asseyez-vous, Oxane. Je vous en prie.

Je me serais damnée pour avoir des yeux identiques aux siens. Un mélange de nuances de dorée fichtrement efficace sur ses interlocuteurs. Qui pouvait bien réussir à lui dire non ?

— Je ne crains pas cet endroit. Le devrais-je ?

Sans répondre, je l'ai rejoint pour m'asseoir à ses côtés devant la cheminée aux flammes dansantes, s'entremêlant les unes aux autres pour au final ne plus former qu'une boule de feu.

J'ai fermé les yeux pour aussitôt les ouvrir, persuadée d'avoir aperçu une sphère enflammée devenue un feu banal et crépitant.

— Vous avez vu ?

— Vu quoi ? m'a interrogée Marin en nous servant à boire.

— Le feu.

— Oui, je le vois, a-t-il répondu avec décontraction.

Bleu Magnétique (EN PAUSE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant