Quelques heures plutôtDjibril Mbodji
Il était encore 6h du matin alors que j'étais toujours sur mon tapis de prière à cogiter encore et encore quand tout à coup,ma mère entre en furie dans ma chambre,la mine angoissée en me lançant :Djibril,va te préparer immédiatement,nous partons !
Alors que je la regardais sans comprendre,elle se dirige vers la fenêtre en tirant légèrement les rideaux pour épier à travers la fenêtre :Ils sont toujours là,c'est le monde fou qu'il y'a encore dans la maison qui les empêche d'agir depuis lors mais ils ne tarderont pas à le faire.Nous devons partir le plus rapidement possible avant qu'ils n'attaquent.Nous passerons par la porte de derrière.Ta tante Alia nous y attend avec sa voiture.Elle a accepté de nous amener à Dagana!
Au même moment,ma petite sœur Hawa nous rejoint ensommeillée en baillant et en se plissant les yeux. Maman a dû la réveiller.
Je me lève immédiatement en la rejoignant,contaminé par sa mine angoissée :Mais c'est qui ils ? Pourquoi devons nous fuir et qu'allons nous faire à Dagana ?
Pour toute réponse,elle se met à jeter des regards furtifs à la fenêtre ,ce qui m'oblige aussi à regarder.Sans grande surprise,je vois la limousine noire qui était garée à quelques pâtées de notre maison.Depuis le décès de mon père,elle est garée ici ,ma mère est bizarre ,angoissée et très agitée depuis et maintenant,j'ai la confirmation que c'est à cause de cette voiture .
N'ayant pas de réponse,je lui demande de nouveau :Maman,qu'est-ce qui se passe ? Tu vas m'expliquer ou non ? En plus,depuis ,tu voulais me parler ,qu'y a t'il ? Tu me fais peur là,qui sont ces gens et que nous veulent t'ils?
Mon cœur battait à tout rompre,tellement je redoutais le pire .
Maman me lance un regard apeuré :Je n'ai pas le temps de t'expliquer.Si nous partons avant que le soleil ne se lève ,nous serons déjà loin avant qu'ils ne remarquent notre absence.Nous profiterons des vas et viens de nos invités venus présenter leurs condoléances pour partir.Un contact de ton père m'a dit hier que le patriarcat est présentement à Dagana,c'est le seul à pouvoir assurer notre sécurité actuellement.
Mais elle parle de quoi ? Je ne comprenais absolument rien de ce qu'elle racontait.
Elle se tourne vers ma sœur puis vers moi :Allez vite préparer un petit sac et mettez y quelques affaires.Je vous attends dans la voiture de votre tante dans cinq minutes .Une fois en route,je vous expliquerai tout !
J'abdique en lui demandant néanmoins :D'accord,mais dis moi au moins,c'est qui ce patriarcat et pourquoi est-il le seul à pouvoir assurer notre sécurité !
Elle :Nous sommes en temps de guerre Djibril et seul lui peut assurer ta protection.Il a le devoir et l'obligation de te protéger car il est non seulement le patriarcat des trois grandes familles Touré,Ka et Cissé , mais il est également ton père ...ton véritable père .Seydina Issa Laye Touré et Aïssatou Ba sont tes véritables parents Djibril ! Et ton nom de famille est en réalité Touré et pas Mbodji !
Je recule deux pas en arrière en ricanant,choqué par cette révélation des plus farfelues.
Patriarcat ? Familles Ka,Cissé et Touré ?
Dagana ?
Seydina Issa Laye Touré ?
Aïssatou Ba?
Les beaux parents de Maya ?
Elle plaisante n'est-ce pas ?
Dites moi qu'elle plaisante,svp !Mais maman n'avait pas la tête à blaguer,elle me regardait très sérieusement pour me faire comprendre que l'heure n'était pas à la rigolade.Mon cœur a lâché un battement féroce alors que je me laissais choir sur le lit ,abattu et vidé de mes forces soudainement.
Je ne sais pas quelle information m'abattait le plus ,celle de savoir qu'en réalité, je ne suis pas le fils de mes parents et que toute ma vie durant ,ils m'avaient menti ou celle de découvrir l'identité de mes véritables parents,des personnes que je connaissais,j'ai même aidé à démasquer Aïssatou Ba dans son adultère avec Dany ,j'allais très souvent chez eux pour voir Maya,j'ai eu à les rencontrer une fois,j'ai eu à discuter avec eux et aujourd'hui,bam,ce sont mes véritables parents ?
Ce sont des foutaises et je refuse de le croire .Je me laisse choir sur le lit ,alors que dans ma tête un chaos destructeur prenait place ...
Sokhna Maïmouna Fall
Dans la cuisine, où je m'affairais avec une énergie joyeuse, Sophie me suivait pas à pas, perplexe face à mon comportement inhabituel ce matin. Khalil n'en revenait pas non plus lorsque je les ai tous les deux réveillés, leur demandant de prendre leur bain avant de descendre pour le petit-déjeuner que j'avais moi-même préparé après mon étrange rêve qui m'avait tiré du sommeil à l'aube. Khalil, qui s'était réveillé en pleine forme, était abasourdi par mon sourire radieux si tôt le matin. S'il s'est laissé convaincre d'aller se préparer sans trop de résistance, Sophie, quant à elle, ne m'a pas lâchée d'une semelle, me suivant dans toute la maison en pyjama, visiblement inquiète.
La réaction de Sadibou n'était pas différente. Quand j'ai frappé à leur porte vers 8h, il m'a à peine ouvert que je lui lançais gaiement : Allez, debout, le petit-déjeuner sera prêt dans 30 minutes. J'ai cuisiné vos plats préférés, alors dépêchez-vous !
Je m'apprêtais à partir quand il a plissé les yeux, m'a pris la main et m'a dévisagée avec insistance : Maya, tu vas bien ?
Je lui ai répondu, un sourire aux lèvres : En ce moment, oui. Mais si vous tardez, je reviendrai vous tirer du lit de force. Dis à ta folle de femme de se réveiller !
Sans un mot de plus, il a jeté un regard à Sophie, toujours derrière moi, qui a simplement haussé les épaules. Je ne leur ai pas laissé l'occasion de répliquer et suis redescendue à la cuisine, où deux des employées m'aidaient à tout préparer. Nous avions fait des beignets au Nutella, à la crème, et au fromage, des crêpes sucrées et salées, des croque-monsieur pour tous, des œufs brouillés aux herbes pour Sadibou, des granolas maison pour Oumou qu'elle prendrait avec du yaourt, et du riz au lait pour mon tendre époux, son péché mignon.
Je ne peux prétendre aller bien. Même après mon rêve avec ma mère. Pourtant, ce songe m'a ouvert les yeux sur bien des choses. Je dois me battre, continuer d'avancer, et surtout, ne pas montrer à mes proches que je souffre. C'est une bataille intime, un duel contre mes propres démons que je dois mener avec courage, comme maman me l'a demandé.
Cuisiner est ma thérapie . Quand je suis nerveuse, je cuisine. Quand je suis à fleur de peau, je cuisine. Quand l'angoisse me serre le cœur, je cuisine. Sophie le sait mieux que quiconque, c'est pourquoi elle ne me lâche pas d'une seconde. Elle guette chacun de mes gestes, prête à réagir au moindre signe.
Puis elle me dit en me voyant frémir mes beignets à l'huile :Je vois que t'as cuisiné des plats spécifiques pour chacun ,et moi alors ?
Je me tourne vers elle en lui souriant :Toi,tu manges tout Sophie ,t'as pas de plat préféré,je sais que tu goûtera à tout !
Elle prend une crêpe pour la énième fois .Depuis qu'elle est là ,sa bouche n'est pas au repos ,elle mange à tout .
Moi :Sophie ,mba do sour bala ndeki bi di paré (tu seras rassasiée avant que le petit déjeuner ne soit servi )
Elle sourit en rotant sa gêne :Yalla rekay bour (Allah est grand )
Au lieu d'être énervée ,j'éclate de rire :Loutakh gua sauwass Sophie ? eukine savoir vivre ,yar nala ba soneu,keur gnom El Professor bigua nara seuyi,gatia gama fa nara tekeu(Pourquoi es tu si sauvage Sophie? Aucun savoir vivre,pourtant,je t'ai bien éduqué mais rien.Tu risquerai de me foutre la honte chez El Professor)
Façon ,elle m'a contaminée avec son El Professor maintenant,même pour dire El Malick,c'est un problème pour moi.
Pour toute réponse,elle éclate de rire ,j'enchaîne :Ba paré demal gua sangou Sophie ,gniy tok si table bi ak ioe say nawler lagn,boulene ray ak khet.Soumala bayiwé ni Guay saraler bagna sangou ,khamnala (en plus va te laver ,ne t'assois pas à table comme nous nous tuant d'odeur .Si je te laisse comme ça ,tu risque de te pas te laver )