Quand les feuilles tombent

15 2 0
                                    

Comme d'habitude, Aurélie quittait son travail vers 20h. Pour un mois de septembre, elle se disait qu'il faisait sombre déjà par rapport aux autres jours. Elle revint chez elle 20 minutes plus tard car la circulation était mauvaise. Elle gara sa voiture devant chez elle, en descendit, prit la petite allée qui conduisait jusqu'à à sa maison. Elle ouvra la porte, rentra, la ferma, posa ses affaires.

Elle saisit des médicaments de son sac. Elle avala une boite. Deux. Trois. Elle fermât les yeux. Ses dernières pensées furent pour son petit frère Mickaël qui reprenait l'école demain et à qui elle avait promis de donner des cours de mathématiques pour qu'il rattrape son retard dans cette matière.

*********************************************************************************

Comme probablement des millions d'autres personnes ce jour-là, Mickaël se rendit à l'école pour une année de plus. Arrivé près du lycée à pied, il ne put s'empêcher d'esquisser un sourire quand il vit devant la grille d'entrée ses amis rassemblés autour du vélo de Claire. S'approchant d'eux, il s'aperçut qu'à quelques mètres une fille le fixait.

Il n'eut pas le temps de la regarder plus qu'il sentit son portable vibrer : il avait reçu un message de sa mère, Luna, qui lui demandait s'il avait des nouvelles de sa soeur, Aurélie, qui devait passer la voir hier. Mickaël lui répondit aussitôt négativement, s'empressa de suivre ses amis qui rentraient et n'y pensa plus.

Comme pour chaque rentrée le professeur principal délivrait à chacun un carnet de « correspondance » ou de « liaison » selon les années. Il faisait part aux futurs potentiels bacheliers leurs emplois du temps ce qui était souvent ponctué par des râlements ou des soupirs d'élèves.

Mickaël n'écoutait plus sa professeur, il regardait par la fenêtre la pluie qui tombait, puis se rendit compte que la fille qui l'avait fixait était dans sa classe et qu'elle le regardait toujours attentivement. Il évita de faire comme elle et détourna son regard vers un de ses amis, David qui était assis à côté de lui et lui dit :

- Regarde la fille là-bas. David s'exécuta.

- Pourquoi elle te fixe ? demanda t-il

- Toi aussi tu as remarqué, je ne sais pas... répondit Mickaël.

Malgré leurs chuchotements, le professeur comme tous les autres professeurs (à part les sourds..) avait une attention forte et les avait entendu, elle les fixa à son tour pour obtenir le silence, ce qu'ils fient. Mickaël repensa alors au message de sa mère. Sa soeur avait-elle rencontré un homme avec qui elle aurait passé la journée ? As-t-elle fait des heures supplémentaires pour comme on dit « gagner plus » ? Il savait qu'il n'aurait pas les réponses avant qu'il rentre chez lui et arrêta de se tourmenter avec ça.

- « Vous n'oublierez pas que cette année est très importante pour tous car elle présente un double enjeu » répétait sa professeur.

En fait, la réalité était pénible et il pensait déjà aux prochaines vacances : celles d'octobre.

La sonnerie retentit enfin, elle annonçait en quelque sorte la délivrance mais seulement jusqu'au lendemain pour ces élèves de terminale. Il était le dernier à sortir avec cette fille mystérieuse qui le regardait toujours. Son visage, ses cheveux noirs comme de l'encre de chine laissaient deviner une origine asiatique. Elle remettait son long manteau qui soulignait sa grandeur et sa minceur. De ce dernier, elle fit tomber un petit morceau de papier puis s'en alla. Le professeur ne le remarqua pas, elle effaça le tableau en disant que les derniers devaient se dépêcher alors qu'il n'y avait plus que Mickaël dans la salle à présent, qui ramassa le papier. Il se dépêcha de lui porter mais l'asiatique avalait les marches des trois étages quatre à quatre. Il courut presque en lui criant :

- Attends !

Presque tout le monde se retourna alors sauf elle qui accélérait encore et franchit la grille de sortie du lycée. Mickael savait qu'il ne pouvait pas aller plus loin car il fallait une carte pour rentrer de nouveau et il l'avait oublié chez lui. De plus, il avait promis à Claire, sa meilleure amie, de se retrouver à la même heure devant les casiers. Sur le papier qu'il ouvra par curiosité, il put lire 3noms dont le 1er qui était si bien barré qu'il ne put le lire. Pour les 2 autres noms il put déchiffrer, écrit d'une encre noir épaisse : Marc et Luna. Il sourit car ce dernier prénom était celui de sa mère qu'il aimait beaucoup malgré toutes leurs disputes. Finalement, il replia le papier, le mit dans sa poche en se disant qu'il le rendrait demain et alla rejoindre son amie, Claire.


Swimming PaulWhere stories live. Discover now