Chapitre 1-2

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*Chapitre réécrit et corrigé*


— Je le ferai en sortant. Si c'est cela qui t'inquiétait, tu peux aller te recoucher, lui rétorquai-je un peu sèchement.

Puis je lui tournai le dos, histoire qu'elle comprenne que j'avais besoin d'un peu d'intimité et bien mieux à faire que de répondre à ses questions idiotes.

— Mais non, ce n'est pas pour ça que je suis venue, s'exclama-t-elle d'un air désolé. Mais je ne te voyais pas revenir alors...je me suis inquiétée, me répondit-elle en me regardant de ses grands yeux bleus débordant de sincérité.

Elle avait beau être convaincante, je n'y crûs pas une seconde. Je n'avais pas été si longue que ça. Cela ne devait pas faire cinq minutes que j'étais à l'intérieur. De plus, elle paraissait anxieuse et mal à l'aise, ce qui ne lui ressemblait pas du tout. Non, décidément quelque chose clochait ! Sans que j'arrive pour autant à déterminer ce que cela pouvait bien être.

— Ah...je n'avais pas eu l'impression d'être si longue que cela ? lui répondis-je innocemment tout en me dirigeant vers la porte. Excuse-moi de t'avoir réveillée...

— Tu ne m'as pas réveillée, je ne dormais plus, répondit-elle spontanément d'un ton qui lui ressemblait déjà plus, avant de s'interrompre brusquement comme si elle venait de me confier un secret d'état.

Je la regardai fixement quelques secondes, plus que surprise par sa réaction disproportionnée.

— Ce...ça ne m'était jamais arrivé avant, tenta-telle maladroitement de s'expliquer.

— Quoi ? De te réveiller en pleine nuit ?

— Oui...je crois. J'ai comme la sensation étrange d'avoir fait quelque chose d'interdit.

— C'est idiot, ça arrive à tout le monde de se réveiller la nuit, m'exclamai-je en prenant bien garde de ne pas parler trop fort.

Elle ne répondit pas et me fixa quelques secondes d'un air perdu avant de reprendre ses esprits et de me faire un petit signe nonchalant de la tête signifiant "oublies ce que j'ai dit". Puis elle rejeta ses cheveux en arrière d'un geste nerveux et s'avança dans ma direction, dans l'intention évidente de fuir la conversation. N'ayant pas plus envie qu'elle que celle-ci ne s'éternise et comme je lui bloquais l'accès à la porte, je me retournai afin de l'ouvrir.

— Et bien merci de t'être inquiétée pour moi. Mais vu que je vais bien, retournons nous coucher avant de nous attirer des ennuis, dis-je inutilement mais avec l'intention de meubler le silence gênant qui semblait peser entre nous comme un poids mort.

J'avais à peine entrebâillé la porte et jeté un petit coup d'œil, que celle menant du couloir principal au dortoir, s'ouvrit tout doucement à son tour. Je me figeai, la main sur la poignée. Qui pouvait bien venir dans notre dortoir en pleine nuit ? Je tendis instinctivement la main en direction de l'interrupteur et éteignis la lumière, nous plongeant instantanément dans une obscurité absolue, le temps que nos yeux s'accommodent à la faible lueur des veilleuses.

—Hey, mais qu'est-ce que...  

— Chuuuuut ! lui intimais-je le plus bas possible, tout en lui faisant frénétiquement signe de se taire.

Je m'accroupis pour être moins visible et regardai à nouveau le plus discrètement possible par la fente. Je ne savais pas pourquoi, mais je sentais au fond de moi, qu'il ne fallait pas que l'on nous voie. Je vis mes pires appréhensions confirmées, lorsque deux hommes intégralement habillés de noir et portant des sortes de masques également sombres ne laissant apparaître que leurs yeux, pénétrèrent silencieusement et avec mille précautions dans la pièce. Le premier sortit alors de l'une des poches de son pantalon une espèce de petit cylindre argenté qu'il posa par terre à ses pieds. Ils se reculèrent aussitôt d'un pas, alors qu'une légère fumée blanche se mit à s'échapper silencieusement du cylindre et à se répandre, telle une nappe de brouillard, au-dessus des lits de nos camarades.

Je ne pus que rester là, figée, une main sur ma bouche pour empêcher que les gémissements que je sentais monter du fond de ma gorge, ne sortent malgré moi et ne nous trahissent. Non mais que se passait-il ? Qui pouvaient bien être ces hommes ? Pourquoi étaient-ils là et surtout à quoi servait ce gaz qu'ils répandaient dans la pièce, me demandai-je sentant la panique commencer à supplanter l'hébétude. Tout cela n'avait aucun sens.

C'est alors qu'Elana, qui se trouvait à présent accroupie à côté de moi et dont j'avais totalement oublié la présence, me mis une main sur l'épaule me faisant violemment sursauter. Je n'émis heureusement pas un son et me contentai de lui jeter un regard, sans aucun doute paniqué, qui la fit taire efficacement, avant qu'elle n'ait le temps d'ouvrir la bouche comme elle en avait visiblement l'intention.

C'est bon. Elles ne risquent plus de se réveiller au mauvais moment, allons-y.

La voix qui nous parvint subitement de l'autre pièce, nous fit à nouveau sursauter et acheva de paniquer totalement Elana qui commença à trembler et à s'agiter. Voyant qu'elle faisait mine de se relever, je lui posai doucement mais fermement la main sur le bras, pour l'apaiser et l'inciter à rester calme et silencieuse. Les mots de l'homme m'avaient rassurée quant au sort de nos camarades et j'avais beau avoir toujours peur, je me sentais plus calme et lucide lorsque je repris mon observation.

Je les vis se diriger sans aucune hésitation et aussi silencieusement que des fantômes, vers le fond du dortoir où se trouvait mon lit. Ils étaient tellement concentrés sur leur objectif qu'ils ne remarquèrent même pas le lit vide d'Elana lorsque l'un d'entre eux passa à côté. Je sentis alors une sueur froide me couler dans le dos quand une puissante poussée d'adrénaline envahit mon corps, forçant mon instinct à prendre le dessus.

Quoi qu'il arrive il ne fallait pas qu'ils nous trouvent, c'était une certitude.  Je le sentais au fond de moi et si nous voulions avoir une chance de nous échapper, c'était maintenant ou jamais. Je me tournai donc vers Elana et la fixai droit dans les yeux, d'un air que j'espérais calme et assuré. 

— Ils se sont éloignés de la porte. Il faut que l'on tente notre chance maintenant, lui dis-je en chuchotant le plus bas possible et en lui tenant les mains, pour l'encourager et la rassurer à la fois.

— Mais qui... et pourquoi ? ânonna-t-elle d'une voix trop forte et trop aigüe, tout en me fixant de ses yeux paniqués.

— Chuuut... ! On s'en préoccupera plus tard. Pour l'instant il faut sortir de cette salle-de-bain avant qu'ils ne se rendent compte que je ne suis plus dans mon lit. Tu me suis ou pas ?

Elle me répondit par un hochement de tête réticent, mais c'était toujours mieux que rien.

— Très bien ! Il va falloir prendre une grande inspiration et retenir notre souffle tant que nous ne serons pas sorties de la pièce, d'accord ? (nouveau hochement de tête timide).

Je lançai un dernier coup d'œil et ne les ayant plus dans mon champ de vision, décidai de tenter le tout pour le tout et de me lancer. J'aspirai une grande goulée d'air, puis ouvris la porte et me faufilai dans la pièce à quatre pattes en rasant le mur de droite jusqu'au premier lit, sous lequel je me glissai pour attendre Elana. Elle n'avait heureusement pas hésité et me suivait de près, si bien que j'eus tout juste le temps de me pousser pour lui laisser de la place. Au moment où j'allais sortir de ma cachette pour me ruer vers la porte, j'entendis des jurons créatifs venir de l'autre bout de la pièce et des pas furieux se rapprocher dangereusement de nous.

Merde, elle n'est plus dans son lit ! Bordel...bouge il faut la trouver, elle ne doit pas être bien loin !

La panique m'envahit pour de bon, me forçant à vouloir respirer plus vite et plus fort...sauf que je ne pouvais pas. Si nous respirions ce gaz, nous allions nous endormir sous ce lit, où ils nous trouveraient à tous les coups. Elana se mit à me pousser frénétiquement quand elle entendit les pas se rapprocher de plus en plus. Je la vis, elle aussi, lutter contre la panique et le manque d'oxygène...et perdre la partie ! Elle ouvrit la bouche et se mit à respirer convulsivement. Au même moment, les hommes passèrent en trombe devant notre cachette et se ruèrent dans la salle de bain.

Je n'attendis pas plus longtemps, saisis la main d'Elana et la tirant derrière moi, sortis de sous le lit avant de me ruer, sans aucun souci de discrétion, vers la porte que j'ouvris dans la foulée.

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