Septième semaine

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La canicule s'est abattue sur le pays cette semaine. Mes parents sont quand même partis en vacances samedi en me confiant la maison. Le WI-FI est toujours sous contrôle mais j'ai récupéré mon téléphone.

J'ai eu droit à mille recommandations. Je dois les appeler tous les soirs de la ligne fixe, pour qu'ils soient sûrs de ma présence à la maison. Et Mme Tamaris, la vieille voisine toujours à sa fenêtre a été prévenue. Elle ne manquera pas de leur signaler toute sortie ou arrivée suspecte.

Les consignes sont strictes mais je ne suis pas mécontente de me retrouver toute seule. Le dimanche après-midi, je me suis empressée d'inviter Séverine à la maison lui raconter mes dernières aventures. Elle a adoré. Je le savais. Elle est même déçue qu'il ne se passe rien d'aussi palpitant à son stage. Même avec Gilles. Toujours aussi gentil et prévenant mais ça piétine. Je ne lui répète pas ce que m'a dit Clément. Après tout, Gilles peut avoir un pote homo sans l'être lui-même.

Dans le bus ce matin, il fait déjà chaud. Toutes les fenêtres sont ouvertes car la climatisation, ça ne marche jamais très bien. Je m'évente mollement sur mon siège, redoutant déjà le retour. Demain je m'habillerai plus léger.

Au travail, c'est encore plus calme que d'habitude. Il n'y a plus de chef cette semaine. Antoine et Lucien sont partis aussi, laissant Gérard et Amaury veiller sur le réseau. Il y a peu de boulot. Toutes les opérations de maintenance ont été reportées à la rentrée.

Simone assure le secrétariat de Patrice, qui est parti depuis deux semaines déjà. Elle passe son temps à décrocher le téléphone et dire que Patrice rappellera à son retour. Puis elle note scrupuleusement chaque appel. Mais il y en a peu, tout le pays est en vacances.

Sauf Charles et moi. Nous continuons sur notre lancée. Nous avons décidé de présenter au retour de Michaël un petit projet viable. Il ne pourra pas englober la totalité du périmètre prévu, mais Charles espère que la partie qu'on rajeunit sera préservée. J'ai fini par le mettre au courant du destin annoncé du site internet. J'ai eu peur que ça le décourage, mais au contraire, il n'en est que plus déterminé à montrer de quoi nous sommes capables.

Malheureusement, les dieux du stage sont contre moi. Le mardi après-midi, alors que nous passons en revue la page de présentation, Charles se lève brusquement pour illustrer une idée sur le tableau blanc. Il fait un faux mouvement et se bloque le dos. C'est tout tordu qu'il regagne en clopinant son fauteuil pendant que j'appelle Simone.

Nous voilà toutes les deux devant lui, l'air embêté.

— Ça va, Charles, tu arrives à bouger ?

Un signe de dénégation nous répond. Il est trop occupé à serrer les dents sous la douleur pour parler.

— Tu veux qu'on appelle une ambulance ?

Cette fois-ci, il approuve.

Simone appelle les urgences. En attendant leur arrivée, nous restons tous les trois silencieux. Mon projet est en train de tomber à l'eau. Vu l'état de mon maître de stage, il ne risque pas de revenir dès le lendemain. Simone n'en mène pas large non plus. Sans chef pour décider, elle ne sait pas ce qu'elle va faire de moi. Quant à Charles, il souffre beaucoup trop pour ce genre de considération.

Les urgentistes arrivent enfin et embarquent le blessé sur une civière sous le regard de la foule de curieux qui a émergé du bâtiment. Au premier rang, nous les quatre rescapés d'Ergolax. Cela me fait de la peine pour Charles, même s'il a l'air de souffrir un peu moins avec la piqûre que les secours lui ont administrée.

Les portes vont se refermer. Je lui fais un dernier signe de la main.

— Bon courage, Charles. Et soigne-toi bien.

Panique à l'informatique - TERMINEWaar verhalen tot leven komen. Ontdek het nu