Huitième semaine (3/3)

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Simone est venue me dire que Patrice avait prévenu mes parents de mon retard, suite à un gros surcroît de travail. Mais il s'était engagé à me ramener jusqu'à chez moi lui-même dès que nous en aurions fini. Bien entendu, j'aurai une compensation sous forme d'un congé exceptionnel. Il faudra que je lui demande quelle histoire plausible servir à mes parents pour qu'ils me croient.

Un peu après son passage, ce sont mes autres collègues qui sont venus me dire au revoir. Sonia m'a souhaité bon courage. Clément s'est contenté de me serrer brièvement la main. Pour un phobique des contacts, c'est déjà pas mal. Fabien n'a rien dit, mais au moins il est passé. Je n'ai pas vu Louise, et cela m'a très bien été comme ça.

Pour Simone, Pascal et moi, pas de départ prévu, nous devons rester jusqu'à la fin. Ils sont tributaires de ma capacité à résoudre cette affaire. Et celle-ci piétine. Le savoir m'insuffle un peu d'énergie supplémentaire et je reprends avec courage la négociation.

Je sens que derrière sa cloison, Gérard aussi est fatigué. Je ne sais pas pourquoi il s'acharne ainsi. A mesure que les heures passent, Patrice est prêt à céder à beaucoup de ses exigences pour sauver son précieux contrat.

Vers 20h, nous faisons une pause. La gentille Simone nous apporte des pizzas. Entorse flagrante au règlement mais c'est un cas de force majeure. Patrice s'impatiente devant la lenteur de nos progrès, mais le médiateur le rassure. Je me débrouille très bien. Cela ne devrait plus être long.

A ce stade, nous en sommes presque à plaisanter sur chaque mesure proposée par Patrice, nous moquant de son avarice ou de sa crédulité. Si la situation n'était pas aussi tendue, j'y prendrais probablement beaucoup de plaisir.

Enfin vers 22h, nous sommes presque d'accord. Je soupçonne Gérard d'avoir fait traîner les choses juste pour enquiquiner le directeur. Car il ne demande pas grand chose au final. Je suis soulagée d'en voir enfin la fin.

Soudain Gérard me demande.

— Candice, renvois celui qui te souffle toutes les réponses. Je voudrais te parler seul à seule.

Ainsi donc la présence de Pascal est si évidente.

— Gérard, je...

— Pas la peine de me la faire, je sais qu'il y a quelqu'un. Jamais Patrice ne te laisserait agir seule.

Puis élevant la voix.

— Partez maintenant. Laissez-moi finaliser notre accord seul avec Candice.

Je hausse les épaules ne sachant que faire. Mais à ma grande surprise Pascal obtempère. Il crie en direction du mur.

— C'est bon, je m'en vais.

Il me glisse quelques dernières recommandations à voix basse et s'éloigne, me laissant seule dans le couloir. Après quelques instants, Gérard reprend.

— Alors Candice, tu es seule maintenant ?

— Oui

— Je te fais confiance.

Dans le silence de la nuit, nous n'avons plus besoin de parler fort. Les sons glissent tous seuls sous la porte. Gérard reprend après quelques instants.

— Je suis désolé. Tu as fourni beaucoup d'efforts mais je ne peux pas accepter ce que me propose Patrice. Tu me comprends, avec sa mentalité corrompue, il ne mérite pas ce contrat.

J'ai envie de pleurer. Toutes ces heures pour rien. Mais Gérard reprend.

— Tu vas porter mes exigences et rentrer chez toi comme si de rien n'était.

Panique à l'informatique - TERMINEWhere stories live. Discover now