King Angelo

Chapitre 1

Tome 1 : King Angelo
Tome 2 : Prince Emilio
Tome 3 : Prince Demetrio

**

Vivant dans une petite contrée, non loin de Kaydos, Flora ne s'imaginait pas du tout que son avenir allait être autant bouleversé. Pourtant, il n'a fallu qu'un seul regard pour que son avenir soit tout tracé.

Un seul regard.

**

— Arrête de faire cette tête ! Tu lui dois bien ça ! s'exclama-t-il, en fronçant les sourcils.

— Non, il en est hors de question ! répliquai-je, en ramassant mes bouquets de fleurs qui étaient tombés à terre.

— Ne me parle pas comme ça, Flora ! Je t'ai élevé pendant tout ce temps, tu me dois bien ça ! hurla mon oncle, avant que sa main ne s'abatte violemment sur ma joue.

Encore une fois.

Je le fixais, le sang bouillonnant dans mes veines. Mais je ne pouvais pas le contrer. Ce n'était pas possible. Cet homme qui depuis vingt-quatre ans me fournissait un toit et un travail, n'admettait aucun affront contre sa personne. Enfin, surtout celui de sa nièce.

Si je m'opposais à lui, la mélodie repartait toujours de la même manière. Ce regard glacial, ses sourcils froncés, ses muscles tendus... Cette mélodie revenait encore et encore ; les coups se répétaient. Les bleus s'enchaînaient.

Une main posée sur ma joue encore chaude, je ne cessais de dévisager l'homme qui me servait d'oncle. Une conduite erratique, qui plaisait malheureusement à certaines femmes. Mais surtout à quelqu'un en particulier : la sorcière des hauts bois.

Mon oncle avait à présent croisé les bras, le regard menaçant et dur, prêt à ne pas lâcher l'affaire. Après avoir laissé un silence planer, avec pour seul bruit les feuilles virevoltant au grès du vent, il reprit la parole :

— Ne fais pas l'idiote, Flora ! Tu iras là-bas ! Ton opinion ne m'importe peu. La duchesse t'attendra dans deux jours à dix-huit heures. Ne me déçois pas, oh non, ne me déçois pas !

Il se retourna ensuite, avant que sa silhouette ne disparaisse dans les bois. J'étais maudite. Pourquoi moi ?

« Tu es la plus qualifiée pour la remplacer. Possédant une beauté naturelle, des yeux d'une couleur claire d'où se reflète le ciel, tu seras parfaite pour jouer ce rôle. »

Mais qui avait envie de la remplacer ? Elle, cette femme complètement tordue d'esprit. À cause d'un malentendu qui rendait cette dame sois disante malade, je me devais donc de prendre sa place pour me rendre au bal organisé par le roi d'Italie. Je n'avais pas envie de m'inviter à ce genre de fête ; je me voyais déjà dans la grande salle, illuminée par les multitudes de lustres en or, pour seul amusement qui serait de compter le nombre de sourires faux envoyés par la gente féminine. Rien que cela me faisait déjà fulminer de l'intérieur.

Hélas, j'étais obligée d'aller à cette petite fête. Me faire passer pour la duchesse, tout en grâce et en beauté. Un sourire faux aux lèvres, une robe de quinze mètres de long. Voilà ce qui m'attendait. Une superbe soirée, en compagnie de grandes personnes. Le principal intéressé étant le roi, bien évidemment...

Roberto Chieso, ancien roi d'Italie, est décédé d'une maladie orpheline. Avec sa femme, Giulia Chieso, décédée elle aussi, ils ont mis au monde trois garçons désormais tous devenus de grands hommes.

Demetrio, seulement âgé de dix-neuf ans.
Emilio, âgé de vingt-deux ans.

Et celui dont nous n'avions guère vu apparaître en vrai : Angelo, qui passera bientôt le cap des trente ans.

Trois hommes, aussi beaux les uns que les autres à ce qu'on dit. Je n'ai qu'une idée brève des deux plus jeunes, grâce à une image que j'avais vue sur un magazine, mais quant à l'aîné de cette famille royale, Angelo Chieso, je ne vois pas vraiment son visage. Il avait pris les rênes de l'empire italien et de ce que j'ai entendu, il s'en sortait très bien. Homme plutôt discret, la presse s'intéressait d'autant plus à lui. C'était d'ailleurs à cause de cela que le nouveau roi avait décidé d'organiser un grand bal, là où il rencontrerait plusieurs personnes de haut rang.

Et voilà où j'entrais dans l'histoire... Dans notre petite contrée, se situant près de Kaydos, se trouvait une duchesse. Chaque jours qui passait me faisait davantage questionner sur cette femme. Pourtant odieuse et loin d'être la plus intelligente, mon oncle en était complément tombé amoureux. Amour interdit à la base, une exception avait bien eu lieu. Même si cette sorcière était mariée, cela ne l'empêchait guère de côtoyer mon oncle. Relation interdite pour une issue terrible si cela venait à s'apprendre.

Cette femme avait donc reçu un courriel il y a peu de temps, disant qu'elle était conviée à ce fameux bal. Ayant immédiatement refusée car ne voulant pas se mêler à eux, elle avait trouvé un nouveau moyen pour faire acte de présence sans être vraiment là.

Moi.
Flora Hedson.

La nièce de son cher amant, baignant encore dans la jeunesse, comme elle avait dit. Cela était très simple pour elle. Je devais prendre sa place, me rendre là-bas pour faire bonne figure. Je ne pouvais pas refuser. Je recevrai les foudres de mon oncle, mais aussi celle de la vieille sorcière. J'étais donc contrainte de me rendre à ce fameux bal. La robe et les accessoires me seront fournis ; je devais arriver au château à vingt heures tapantes et n'y rester que quelques heures. Me présenter au roi, faire bonne impression. Aussi simple qu'un jeu d'enfant, m'avaient-ils dit.

Oui.
Aussi simple qu'un jeu d'enfant...