Chapitre 20 - L'Enfer de la guerre

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Avril 1941

« Ma douce Élise,

Pardonne mon manque de nouvelles, je n'ai pas souvent trouvé le temps de m'assoir pour te répondre ô combien j'aurais aimé le faire. Ici c'est un peu la folie. Comme tu le sais depuis ma dernière lettre, les choses sont mouvementées et pas un jour ne passe sans que je ne me retrouve à prier pour un miracle. Un miracle m'accordant un jour de plus. Parce que c'est tout ce que je demande dorénavant : un seul et unique jour de plus. En trois mois, les choses se sont bousculées et les décisions difficiles s'accumulent, mais que veux-tu ? On ne peut qu'y faire face avec le peu de courage et de détermination qu'il nous reste. Ce n'est pas grand-chose, certes, mais c'est ce qui fait que chaque matin, nous nous levons.

Je ne vais pas pouvoir rester longtemps Élise, je vais partir. Peut-être ne le sais-tu pas, mais ils ont continués leur avancée. Ils s'enfoncent toujours un peu plus ici et là, autour de nous. Ils plantent leurs griffes dans la chair de petits pays et c'est à nous maintenant, d'y aller. A nous de partir. Je ne pourrais te dire où je vais, à vrai dire je n'y tiens pas, car là où je vais, là où je m'apprête à m'envoler, il y a de fortes chances que ce soit pire que l'Enfer lui-même.

Parce que là-bas, c'est la guerre.

Il y a la guerre crachant des flammes, des morts et de l'atrocité.

Il y a la guerre qui nous encercle et nous condamne toujours un peu plus et j'ai peur. Peur pour toi Élise. J'ai peur qu'un beau jour, j'apprenne qu'ils soient à ta porte. J'ai peur d'apprendre que malgré tous nos efforts, tous mes efforts, tout ça soit en vain. Je me bats pour toi Élise, tu le sais. Pour toi et pour l'espoir de te revoir.

Je ne sais pas si j'aurais une nouvelle fois l'occasion de t'écrire. Chaque fois que je nous sais partant pour le front, j'ai cette énorme boule au ventre. J'ai peur. Je suis encore et toujours ce petit garçon autour de tous ces hommes qui eux, partent sans crainte. J'aimerais tellement être comme eux. Je les envie.

Alexandre, lui, en rit encore. Je ne sais pas comment il fait. Certains gars disent qu'il est fou et qu'il a certainement des troubles mentaux, mais je ne pense pas que ce soit vrai. Je le connais. Alexandre est un garçon intelligent et malin. Il se sort toujours des pires situations. Il s'en sortira lui. Je l'ai chargé d'une mission au cas où, je pense que tu sais de quoi je parle...Je ne veux pas y penser, mais je m'y suis toujours préparé, car je sais.

Je sais que mes jours sont comptés.

Élise, je m'en vais. Encore une fois je pars à la guerre. »

Cher ThomasWhere stories live. Discover now