Chapitre 1

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Bo

-Je pense que c'était l'un de nos meilleur concert, dit Logan tout en riant.

-Ah...je ne sais pas. Souviens toi de Londres, Novembre 2016, au Brixton Acedemy ! - s'exclame Alexandre, avec son air de nostalgie.

-Oui tu as raison, rien qu'en y pensant, ça me donne des frissons ! Le public était déchaîné ! Lance Logan avec son sourire satisfait.

Nous continuons d'avancer vers la porte de sortie.

-C'est tellement dingue d'être ici ! Vous vous rendez compte les mecs ! Dis-je en souriant, tout en ouvrant la porte.

Nous sortons tous les quatre de la salle, satisfaits, en sueur, et toujours dans cette ambiance électrique du concert. L'air frais de la nuit, nous fait un bien fou. L'odeur de la mer me chatouille les narines. C'est tellement agréable d'avoir la plage à porté de vue. La lune reflète sur les légères vagues que le vent produit. Cet endroit est tout simplement magique, même en ce début de printemps. C'est presque irréel. Et dire, qu'il y a 2 ans, je n'y aurais jamais cru. L'espoir et le sentiment d'accomplissement m'envahissent en repensant au début de cette aventure incroyable, qu'est devenue ma vie.

Nous restons là, quelques instants, sans rien dire, profitant de ce calme rafraichissant. Nous finissons par nous asseoir sur les quelques chaises présentes à côté de la porte de sortie. Nathanaël en profite pour sortir son paquet de cigarette ainsi que son briquet de sa poche de jean, et fini par en allumer une, tout en proposant une à Logan. Nous continuons de discuter, en réfléchissant à la suite de la soirée. En gros : dans quel bar on va finir la soirée !

Logan et Nathanaël commencent à tirer des taffes sur leurs cigarettes. Ce qui me suffit pour m'éloigner un peu. Je déteste l'odeur de cette merde. Ca me donne un mal de crâne. Alexandre suit mes pas. Nous nous arrêtons à quelques mètres du rebord en béton qui permet d'accéder à la plage de sable. A peine une trentaine de personnes étaient dehors. Le public est encore à l'intérieur, ce qui nous permet de respirer un peu. Nous sommes tous les deux silencieux, mais il s'agit d'un silence reposant.

Cela va faire quatre mois que nous sommes en tournée. La fatigue commence à se faire sentir. Ce qui ne semble pas être le cas de Logan, que j'entends rire de sa propre blague. Nathanaël me regarde d'un air désespéré, ce qui me fait sourire. Logan est le plus petit d'entre nous, que ce soit en terme d'âge, que de taille : 21 ans, 1m79 et encore l'esprit d'un ado de 16 ans. Mais on ne peut pas lui en vouloir. Et à vrai dire, c'est bien ce qui fait son charme. En témoigne toutes les filles qui ont défilé pendant ces 4 derniers mois. Je me demande bien quelle sera celle de ce soir, pensais-je en esquissant un sourire en coin, tout en le regardant. Je me retourne pour faire face à la mer et la contempler. Je profite de ce moment de calme pour demander à Alexandre si tout va bien.

-Oui, pourquoi tu me demandes ça ? me répond-il en haussant les épaules.

-Ce matin à l'hôtel, j'ai entendu ta conversation au téléphone. Tu semblais, je ne sais pas, soucieux et énervé. Ca ne va pas très bien avec Alicia ? Demandais-je intrigué.

-Si si, ça va. Mais tu sais bien, la distance commence à peser un peu pour nous deux, avoue-il.

-Pourquoi tu ne lui demandes pas de te rejoindre pour le week-end ? Ca vous ferait du bien. Et ça lui ferait découvrir ton monde ! Dis-je avec entrain.

-Oui, peut-être lance-t-il sans trop de conviction dans la voix. Je rejoins Nath et Logan, tu viens ? demande-t-il, semblant vouloir éviter le sujet, tout en marchant vers eux.

-Je vous rejoins plus tard. Le même bar qu'hier ? demandais-je plus fort en souriant.

Logan qui parlait avec Nath, se tourne et crie « Yeaaah Baby » tout en donnant des coups de bassin en avant, sans doute le souvenir de son coup d'hier soir au bar ; ce qui me fait sourire et en même temps m'exaspérer. Son cri à fait se retourner les quelques peu des personnes présentes dehors avec nous.

Je me retourne pour faire face à la mer, en même temps que ces trois là disparaissent dans les rues de Cannes. Etre ici en France, me fait du bien. Je m'approche du rebord en béton pour pouvoir m'y poser. Tout en marchant, je contemple cette place et la vue. J'observe les gens, rentrant de soirée, ou pour certains commençant la soirée. On entend les gloussements d'un groupe de filles au loin, sûrement déjà ivres. Des gens passent, discutent, rient. Deux garçons avec une bouteille de vodka, titubent et s'éloignent, tout en parlent de leur dernière baise. Plus loin, une autre personne est aussi sur ce rebord, droite, regardant la mer. Je n'aperçois que sa silhouette : petite, ne portant qu'une simple robe par ce froid, ainsi que des baskets, et les cheveux attachés en queue de cheval. Je ne vois que son profil : féminin, et ne semblant plus faire attention au monde qui l'entoure, le visage vide. Je n'arrive pas à distinguer correctement les traits de son visage. Je continue alors à l'observer quelques secondes, intrigué. Je finis par retourner mon attention sur la mer. Je reste assis là, plongé dans mes pensées, et les souvenirs de ces derniers mois. Lorsque je reviens à moi, je m'aperçois qu'elle a disparu. Je décide alors de rejoindre les gars. Mais lorsque je commence à me lever, je l'aperçois de dos, marchant sur le sable, ses baskets dans la main droite. Elle s'arrête quelques instants, lâche ses baskets sur le sable, puis continue de marcher droit devant elle, sans s'arrêter. Elle finit par atteindre l'eau. Elle ne semble pas se soucier de la fraicheur de l'eau, elle continue d'avancer. L'eau atteint maintenant ses cuisses. Sa robe commence à prendre également l'eau. Elle ne semble pas s'en rendre compte. Je commence alors à me diriger vers la plage, tout en continuant de la fixer. Son corps semble se détendre au fur et à mesure qu'elle entre dans l'eau. Comme si la tension redescendait. Mais elle continue quand même d'avancer. L'eau arrive maintenant à sa taille. Elle s'arrête encore une fois et se met soudainement à regarder le ciel étoilé, qui est magnifique pour ce début de printemps. Elle défait alors ses cheveux, désormais légèrement ondulés, et effleurent l'eau. Elle reprend et avance plus vite cette fois-ci, tout en regardant devant elle. Je commence à marcher de plus en plus vite vers elle, me demandant ce qu'elle fait, à quoi pense-t-elle ? L'eau arrive à hauteur de son cou. Quelques secondes plus tard, sa tête disparait sous l'eau. Je commence à me rapprocher de plus en plus vite. Je ne la vois plus, elle ne remonte pas à la surface. Pris de panique, je commence à regarder partout. Sans m'en rendre compte, je me suis mis à courir, et à plonger dans l'eau, dans sa direction. Elle avait du marcher que quelques mètres, elle ne devait pas être loin. Au bout, de ce qui me semble durer une éternité, la peur commence à me submerger. L'eau m'arrive aux épaules, je n'y vois rien, seule la lune m'éclaire. Je n'ai jamais ressenti une telle détresse, une telle peur, même s'il s'agit d'une parfaite inconnue, l'inquiétude, cette détresse est là et ne fait que s'amplifier. Je me décide d'aller encore un peu plus loin, désemparé, quand ma jambe percute quelque chose, quelqu'un.

SubmersionWhere stories live. Discover now