Tous les lacs ne reflètent pas les étoiles

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J'entendais des voix déformées, qui semblaient me parvenir de très loin, comme si nous étions sous l'eau. Mes yeux étaient encore fermés, et une appréhension qui m'était peu commune m'étreignait. L'horrible blondinet qui m'escortait devina mon angoisse et se moqua de moi tout en me rassurant de manière très condescendante :

- Tu sais, me dit cet affreux, mon frère est plutôt gentil. Il n'est pas encore extrêment respecté mais cela ne saurait tarder... Ses patrons le laisse déjà gérer les finances. Le problème c'est qu'il est si demandé qu'il est continuellement en retard, comme là. finit-t-il avec suffisance.

Je bouillonai de rage et d'angoisse. J'étais toujours dans la Lune, au grand désarroi de mes multiples professeurs qui se plaignaient sans cesse de mon manque de concentration. En quelques occasions, au collège, cela m'avait causé des ennuis et certains des mes enseignants n'hésitait plus à me mettre des heures de retenue. Mes parents qui désespérait de ne jamais me voir revenir sans observation du genre : "Septembre ne se concentre pas, ses résultats se dégardent" ou encore "Votre fille n'est pas attentive au cours et cela lui porte préjudice". J'avais gardé cette détestable habitude de mon adolescence et qui, comme maintenant, venait de me jouer un énième mauvais tour.

J'en profitai pour détailler un peu mieux la pièce dans laquelle le blondinet m'avait conduite. Elle était obscure, éclairée par un malheureux néon qui grésillait. Un maelström de dossiers, feuilles volantes et des téléphones fixes qui sonnaient à tue-tête encombraient un bureau minuscule qui croulait sous ce bazar. Je remarquai aussi qu'un ordinateur hors de prix avec sa tour lumineuse trônait au dessus de ce fourtout, ce qui me paraissait un peu bizarre sur ce bureau. Le reste de la pièce était étonnamment vide, mis à part quelques moniteurs usagés qui traînaient par-ci par-là. Une question se posa alors :

"Pourquoi une telle porte ?"

Malgré toutes ces réflexions, la question m'intriguait réellement.

Le garçon, dont d'ailleurs je ne connaissais même pas le nom, tira une chaise qui avait échappé à mon inspection de sous le bureau et s'assis sans complexe, me laissant poireauter debout comme une idiote pendant qu'il souriait narquoisement.

Rompant mes réflexions, des coups feutrés frappés sur cette porte à l'apparence douteuse m'interrompirent alors qu'une réplique bien sentie allait sortir de ma bouche pour moucher ce minable et son air supérieur qui me mettait hors de moi. Heureusement d'ailleurs, je l'aurais regretté après coup. Il dut lire sur mon visage ma colère car son stupide sourire s'agrandit encore plus, tandis que je réprimai à grand peine ma rage (et mon envie d'étrangler cette andouille).

Je me retournai et quand la porte s'ouvrit, la silhouette qui se découpait dans l'encadrement était à contre-jour, ne me permettant évidemment pas l'infini plaisir de découvrir mon interlocuteur dont le blondinet m'avait vanté les mérites.

Elle s'avança et la première chose qui me fut dite était :

- Je te cherchais depuis longtemps. déclara le frère de l'autre affreux.

Je ne compris pas le sens de ces mots tout de suite, trop occupée à réfléchir à ma terrible vengeance envers le blondinet. Celui ci sauta sur l'occasion et s'exclama avec ardeur :

- Tu devrais répéter, grand frère, cette fille n'est pas une lumière. dit-il avec un peu trop d'enthousiasme.

- Mêle toi de tes affaires Antoine. lâcha son frère d'une voix glaciale. Je t'ai déjà dit encore et encore que tes commentaires idiots ne m'intéressent pas. Maintenant, va te balader dans la galerie, je suis en entretien.

Le garçon, humilié et vexé , nous passa devant non sans m'avoir bousculé au passsage et nous jeta un regard noir avant de fermer la porte, me laissa seule avec cet inconnu qui n'avait pas l'air commode.

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⏰ Last updated: Jan 27, 2018 ⏰

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